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Monsieur Orgon :
"Dans ce monde, il faut être un peu trop bon pour l'être assez."
Afficher en entierLisette:
"Un mari porte un masque avec le monde et une grimace avec sa femme."
Afficher en entierArlequin :
"Avant notre connaissance, votre dot valait mieux que vous, à présent vous valez mieux que votre dot."
Afficher en entierSILVIA. Tu ne sais pas ce que tu dis ; dans le mariage, on a plus souvent affaire à l’homme raisonnable qu’à l’aimable homme ; en un mot, je ne lui demande qu’un bon caractère, et cela est plus difficile à trouver qu’on ne pense. On loue beaucoup le sien, mais qui est-ce qui a vécu avec lui ? Les hommes ne se contrefont-ils pas, surtout quand ils ont de l’esprit ? n’en ai-je pas vu, moi, qui paraissaient, avec leurs amis, les meilleures gens du monde ? C’est la douceur, la raison, l’enjouement même, il n’y a pas jusqu’à leur physionomie qui ne soit garante de toutes les bonnes qualités qu’on leur trouve. Monsieur un tel a l’air d’un galant homme, d’un homme bien raisonnable, disait-on tous les jours d’Ergaste : Aussi l’est-il, répondait-on ; je l’ai répondu moi-même ; sa physionomie ne vous ment pas d’un mot. Oui, fiez-vous-y à cette physionomie si douce, si prévenante, qui disparaît un quart d’heure après pour faire place à un visage sombre, brutal, farouche, qui devient l’effroi de toute une maison. Ergaste s’est marié ; sa femme, ses enfants, son domestique ne lui connaissent encore que ce visage-là, pendant qu’il promène partout ailleurs cette physionomie si aimable que nous lui voyons, et qui n’est qu’un masque qu’il prend au sortir de chez lui.
LISETTE. Quel fantasque avec ses deux visages !
SILVIA. N’est-on pas content de Léandre quand on le voit ? Eh bien, chez lui, c’est un homme qui ne dit mot, qui ne rit ni ne gronde ; c’est une âme glacée, solitaire, inaccessible ; sa femme ne la connaît point, n’a point de commerce avec elle, elle n’est mariée qu’avec une figure qui sort d’un cabinet, qui vient à table, et qui fait expirer de langueur, de froid et d’ennui, tout ce qui l’environne. N’est-ce pas là un mari bien amusant ?
LISETTE. Je gèle au récit que vous m’en faites ; mais Tersandre, par exemple ?
SILVIA. Oui, Tersandre ! Il venait l’autre jour de s’emporter contre sa femme ; j’arrive, on m’annonce, je vois un homme qui vient à moi les bras ouverts, d’un air serein, dégagé, vous auriez dit qu’il sortait de la conversation la plus badine ; sa bouche et ses yeux riaient encore. Le fourbe ! Voilà ce que c’est que les hommes. Qui est-ce qui croit que sa femme est à plaindre avec lui ? Je la trouvai toute abattue, le teint plombé, avec des yeux qui venaient de pleurer, je la trouvai comme je serai peut-être, voilà mon portrait à venir ; je vais du moins risquer d’en être une copie. Elle me fait pitié. Lisette ; si j’allais te faire pitié aussi : cela est terrible, qu’en dis-tu ? Songe à ce que c’est qu’un mari.
Afficher en entierMARIO. Je ne saurais empêcher qu'il ne t'aime, belle Lisette; mais je ne veux pas qu'il te le dise.
SILVIA. Il ne me le dit plus; il ne fait que répéter.
Afficher en entierLisette :
"Le soldat de l'antichambre de Monsieur vaut bien la coiffeuse de Madame."
Afficher en entierDorante: Tu te fais tort de dire je veux, belle Lisette, tu n'as pas besoin d'ordonner pour être servie.
Mario: Mons Bourguignon, vous avez pillé cette galanterie-là quelque part.
Dorante : Vous avez raison, Monsieur, c'est dans ses yeux que je l'ai prise.
Afficher en entierSILVIA
Mais encore une fois, de quoi vous mêlez-vous, pourquoi répondre de mes sentiments ?
LISETTE
C'est que j'ai cru que dans cette occasion-ci, vos sentiments ressembleraient à ceux de tout le monde ; Monsieur votre père me demande si vous êtes bien aise qu'il vous marie, si vous en avez quelque joie ; moi je lui réponds qu'oui ; cela va tout de suite ; et il n'y a peut-être que vous de fille au monde, pour qui ce oui-là ne soit pas vrai, le non n'est pas naturel.
SILVIA
Le non n'est pas naturel ; quelle sotte naïveté ! Le mariage aurait donc de grands charmes pour vous ?
LISETTE
Eh bien, c'est encore oui, par exemple.
SILVIA
Taisez-vous, allez répondre vos impertinences ailleurs, et sachez que ce n'est pas à vous à juger de mon coeur par le vôtre.
Afficher en entierTouche là Arlequin ; je suis prise pour dupe : le soldat d'antichambre de Monsieur vaut bien la coiffeuse de Madame.
Afficher en entierJe regarde pourtant votre amour comme un présent du ciel.
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