Extraits

Le dernier, lui, avait une bite à la place du cerveau. Sa seule grosse préoccupation semblait être de savoir si j'étais vaginale ou clitoridienne. Je lui ai dit que, côté astrologique, j'étais poisson ascendant verseau, mais que côté cul, je n'étais pas encore vraiment fixée sur mon sort. Et de faire comprendre à cette tête de gland que le jour où je me déciderais, ce ne serait certaine-ment pas à lui que je ferais appel pour vérifier de quel côté viendrait mon orgasme.

La chouquette est à la pâtisserie ce que le minimalisme est à la peinture !

... C'est que l’habit doit faire le moine et peu importe ce que cache la soutane...

... Un client rassuré sera toujours plus généreux qu’un client perturbé...

... J'avance par petites touches. Il ne se passe plus une seule journée sans que j’écrive. Ne pas le faire serait comme de ne pas avoir vécu cette journée...

Alors s'il y a une leçon que j'ai bien apprise en près de vingt-huit ans de présence sur cette Terre, c'est que l'habit doit faire le moine et peu importe ce que cache la soutane.

Yvon pouvait rester de longues minutes sans dire un mot, tout entier accaparé par ses lectures. Ses silences étaient pleins. Guylain pouvait s'y glisser comme dans un bain tiède.

[...] "C'est dans les cicatrices des gueules cassées que l'on peut lire les guerres, Julie, pas dans les photos des généraux engoncés dans leurs uniformes amidonnés et tout repassés de frais", m'a dit un jour ma tante tandis que toutes deux briquions les carreaux à grands coups de peau de chamois pour leur rendre leur lustre d'antan. [...]

"J'ai découvert qu'il existait sur cette planète un être qui avait le pouvoir de faire paraître les couleurs plus vives, les choses moins graves, l'hiver moins rude, l'insupportable plus supportable, le beau plus beau, le laid moins laid, bref, de me rendre l'existence plus belle."

"Il a fallu me rendre rapidement à l'évidence que les gens n'attendent en général qu'une seule chose de vous : que vous leur renvoyiez l'image de ce qu'ils veulent que vous soyez."

Du lundi au vendredi, Guylain s'abrutit de travail. A l'approche du salon du livre de Paris, le flot de camions s'intensifiait considérablement. La rentrée littéraire de septembre et la période faste des prix avaient vécu depuis longtemps. Il fallait à présent faire place nette, vider les étals de tous les invendus. Les nouveaux venus poussaient les plus vieux vers la sortie, aidés en cela par la lame du bulldozer. Du matin au soir, ils devaient araser encore et encore cette putain de montagne qui ne cessait de s'élever sur le sol de l'usine. Les bacs se remplissaient à la cadence d'un toutes les vingt minutes. Ils ne prenaient même plus le temps de débrayer la Zerstor pour procéder au remplacement des cuves.

C'est mon heure à moi, cette heure passée devant ma petite table de camping à relire et à recopier les écrits de la veille sur mon ordinateur avant l'arrivée des clients. J'aime cette idée qu'ils ont mûri pendant la nuits, ces écrits, comme une pâte à pain que l'on a laissé lever et que l'on retrouve au petit matin bien gonflée et odorante. Et en cet instant, le cliquetis des touches du clavier azerty est à mes oreilles la plus belle des musiques.