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à la consultation de Rasmi, j'observe Robert à l'écoute des malades. Je lis sur son visage les stigmates de ma propre fatigue. Pourtant, il tient le coup.
Je n'ai qu'à en faire autant.
Afficher en entier"Mon corps est décharné, mon visage, mes mains et mes poignets sont noirs, tout le reste est blême, chaque fibre musculaire est visible comme sur un écorché de cire."
Afficher en entier- Une anecdote pour te dire la générosité des gens. Tous les jours, ils nous portaient le pain. Plus on avançait, plus ce pain devenait dégueulasse. À la fin, il y avait plus de terre que de pain.
Un jour, nous, maladroits, on dit au boulanger qu'on n'en veut plus, qu'on va le jeter. Et lui, un peu penaud, nous demande de ne pas le jeter, de le lui rendre.
L'après-midi, on a appris que depuis un mois, personne alentour ne mangeait plus de pain. Toutes les familles avaient raclé leur fond de huche pour que Sylvie et moi, on continue d'en avoir.
Afficher en entier- J'ai remis de l'argent au commandant pour faire fonctionner l'école. Par gratitude, pour montrer qu'il prend ça au sérieux, il nous a organisé cette séance. Mais en fait, l'école ne fonctionne pas.
- Ah non ?
- Non. On est en septembre, c'est les récoltes. Les enfants sont au champs. [...] Et ce qui est terrible, c'est que de plus en plus, leurs modèles uniques sont des adolescents qui ne savent faire que la guerre et qui s'en vantent. Pas d'alternative. Personne pour expliquer que savoir des choses, ça vaut mieux que de s'étriper. [...] Je ne sais pas combien de temps durera cette guerre, mais je sais que plus elle dure, plus elle déracine, ratiboise et mutile d'enfants et plus ce sera difficile d'en sortir.
Afficher en entierLe lendemain, les Moudj' nous amènent Amrullah sur un brancard. Amrullah, seize ans, qui a le bas du visage arraché par un éclat d'obus.
Il est semi-comateux et ça vaut mieux pour lui. Sa plaie est effroyable. Elle pétrifie tout le monde, sauf les médecins. Ils accomplissent déjà les premiers gestes pour le soigner.
[...]
Les médecins ont-ils confiance de pouvoir réparer un tel désastre ? Cette confiance, en tout cas, ils nous l'inspirent. Contre toute vraisemblance, en dépit de la poussière, de l'exiguïté, du dénuement, on croit en eux.
L'opération s'est prolongée jusque tard dans la nuit. Je l'ai longuement photographiée, en m'efforçant qu'on m'oublie. À l'heure qu'il est, sans l'intervention des médecins, Amrullah serait peut-être déjà mort. Il ne l'est pas. Il repose.
Je vais en faire autant. Notre chambre paraît plus vaste que d'ordinaire, car Régis et Evelyne veillent Amrullah. Je ne peux pas leur répéter chaque jour que je les admire, ils seraient les premiers à me foutre en boîte. Mais c'est quand même sacrément fort, ce qu'ils font.
Alors, m'étant assuré du sommeil des autres et de l'impossibilité d'où ils sont de m'entendre, je dis à voix haute :
- Bravo.
Afficher en entierEn dépit de la rudesse du voyage, mais aussi grâce à elle, je suis déjà très amoureux de l'Afghanistan, très attaché.
Afficher en entierDes villageois nous offrent des pêches et je me précipite dessus, mû par un besoin forcené de vitamines. J'en bouffe au moins trente. Elles sont délicieuses.
Le résultat ne se fait pas attendre. À la vallée suivante, je suis pris d'une chiasse monumentale. Commentaire de Robert :
- Après la vallée des pêches, la vallée de la confiture.
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