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MARIANNE. – Comment s’appelle ce lait merveilleux ?
OCTAVE. – L’indifférence. Vous ne pouvez aimer ni haïr, et vous êtes comme les roses du Bengale, Marianne, sans épines et sans parfum.
MARIANNE. – Bien dit. Aviez-vous préparé d’avance cette comparaison ? Si vous ne brûlez pas le brouillon de vos harangues, donnez-le-moi, de grâce, que je les apprenne à ma perruche.
Afficher en entierOctave : Quand on lit un livre, il n’y a pas de raison pour ne pas lire tous les autres.
Afficher en entierCŒLIO- « Le souffle de ma vie est à Marianne ; elle peut d'un mot de ses lèvres l'anéantir ou l'embraser. Vivre pour une autre me serait plus difficile que de mourir pour elle ; ou je réussirai, ou je me tuerai »
Afficher en entier"Qui pourrait dire : ceci est gai ou triste ? La réalité n'est qu'une ombre. Appelle imagination ou folie ce qui la divinise."
Afficher en entierCŒLIO- « Pourquoi donc suis-je ainsi ? N'est-ce pas une vieille maxime parmi les libertins, que toutes les femmes se ressemblent ? Pourquoi donc y a-t-il si peu d'amours qui se ressemblent ? En vérité, je ne saurais aimer cette femme comme toi, Octave, tu l'aimerais, ou comme j'en aimerais une autre. Qu'est-ce donc pourtant que tout cela ? Deux yeux bleus, deux lèvres vermeilles, une robe blanche et deux blanches mains. Pourquoi ce qui te rendrait joyeux et empressé, ce qui t'attirerait, toi, comme l'aiguille aimantée attire le fer, me rend-il triste et immobile ? Qui pourrait dire : ceci est gai ou triste ? La réalité n'est qu'une ombre. Appelle imagination ou folie ce qui la divinise. - Alors la folie est la beauté elle-même. Chaque homme marche enveloppé d'un réseau transparent qui le couvre de la tête aux pieds : il croit voir des bois et des fleuves, des visages divins, et l'universelle nature se teint sous ses regards des nuances infinies du tissu magique. »
Afficher en entierCŒLIO- « Que tu es heureux d'être fou !
OCTAVE- Que tu es fou de ne pas être heureux ! Dis-moi un peu, toi, qu'est-ce qui te manque ?
CŒLIO- Il me manque le repos, la douce insouciance qui fait de la vie un miroir où tous les objets se peignent un instant et sur lequel tout glisse. Une dette pour moi est un remords. L'amour, dont vous autres faîtes un passe-temps, trouble ma vie entière. Ô mon ami, tu ignoreras toujours ce que c'est qu'aimer comme moi ! »
Afficher en entierCŒLIO- « Malheur à celui qui, au milieu de la jeunesse, s'abandonne à un amour sans espoir ! Malheur à celui qui se livre à une douce rêverie, avant de savoir où sa chimère le mène, et s'il peut être payé de retour ! Mollement couché dans une barque, il s'éloigne peu à peu de la rive ; il aperçoit au loin des plaines enchantées, de vertes prairies et le mirage léger de son Eldorado. Les vents l'entraînent en silence, et quand la réalité le réveille, il est aussi loin du but où il aspire que du rivage qu'il a quitté ; il ne peut plus ni poursuivre sa route ni revenir sur ses pas. »
Afficher en entierCOELIO. - Combien de temps cela durera-t-il ? Huit jours hors de chez toi ! Tu te tueras, Octave.
OCTAVE. - Jamais de ma propre main, mon ami, jamais; j'aimerais mieux mourir que d'attenter à mes jours.
Afficher en entierTIBIA. - Fi ! votre femme n'a pas d'amants. - C'est comme si vous disiez que j'ai des maîtresses.
CLAUDIO. - Pourquoi n'en aurais-tu pas, Tibia ? Tu es fort laid, mais tu as beaucoup d'esprit.
TIBIA. - J'en conviens, j'en conviens.
Afficher en entierOctave, seul. - Il me semble que voilà Coelio qui s'avance de ce côté. Coelio ! Coelio ! A qui diable en a-t-il ? (Entre Coelio). Sais-tu, mon cher ami, le beau tour que nous joue ta princesse ? Elle a tout dit à son mari.
Coelio. - Comment le sais-tu ?
Octave. - Par la meilleure de toutes les voies possibles. Je quitte à l'instant Claudio. Marianne nous fera fermer la porte au nez, si nous nous avisons de l'importuner davantage.
Coelio. - Tu l'as vue tout à l'heure ; que t'avait-elle dit ?
Octave. - Rien qui pût me faire pressentir cette douce nouvelle ; rien d'agréable cependant. Tiens, Coelio, renonce à cette femme. Holà ! Un second verre !
Coelio. - Pour qui ?
Octave. - Pour toi, Marianne est une bégueule : je ne sais trop ce qu'elle m'a dit ce matin, je suis resté comme une brute sans pouvoir lui répondre. Allons ! n'y pense plus, voilà qui est convenu et que le ciel m'écrase si je lui adresse jamais la parole ! Du courage, Coelio, n'y pense plus.
Coelio. - Adieu, mon cher ami.
Octave. - Où vas-tu ?
Coelio. - J'ai affaire en ville ce soir.
Octave. - Tu as l'air d'aller te noyer. Voyons, Coelio, à quoi penses-tu ? Il y a d'autres Marianne sous le ciel. Soupons ensemble, et moquons-nous de cette Marianne-là.
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