Extraits

— Caïn ! Je ne sais pas quoi faire !

— Arrête-la !

Arrête-la, arrête-la… Il en avait de bonnes ! Je devais peser soixante kilos tout mouillé, contre une bête de deux mètres de haut et d’au moins cent vingt kilos !

Avec quoi voulait-il que je l’arrête au juste !? Mon sens de l’humour ?!

Ren, Messager des Dieux, uni à un inconnu nymphomane et pas commode, magicien débutant, pyromane à ses heures.

Y avait pas à dire...ça faisait une sacrée carte de visite.

— Bonjour à toi, enfant terrible et béni.

Bon sang ! Je détestais cette femme !

— Falaën, je suis à poil.

— Par les Lunes, humain, tu n’as pas de poils et c’est heureux.

— C’est une expression pour dire que je suis nu…

— Ça, je l’avais remarqué. Bon, pouvons-nous parler ?

— Je suis une fine lame, j’ai des connaissances en matière des Bêtes que tu n’as probablement pas, quant à ma compagnie, elle va te devenir indispensable, mon garçon !

Indispensable ? Certainement pas ! Ce type m’avait tout l’air d’être une vraie pipelette ! Il allait me taper sur les nerfs. Cela dit avec un peu de chance, il se ferait bouffer par le premier lycae venu.

— Pourquoi voudrais-tu m’accompagner et mettre ton épée à mon service ?

— Premièrement, tu as fait pousser un arbre sous mes yeux. Un humain doué de magie, on n’avait jamais vu ça ici ! Deuxièmement, t’accompagner me permettra de vivre une nouvelle aventure trépidante !

Il éteignit ce qu’il restait du feu d’un coup de botte, écrasant les braises sous le cuir de sa semelle.

— Troisièmement, les Dieux m’ont mis sur ton chemin, mon garçon. Il n’y a pas de hasard en ce monde, ton ton histoire le prouve, tout est affaire de destin. Tu étais donc destiné à me rencontrer !

— Cruel destin…

Il ne tint pas compte de ma remarque et s’avança vers son sac, se préparant au départ comme si je l’avais autorisé à nous suivre. Je me tournai vers Caïn qui semblait n’avoir aucun intérêt pour la situation.

— Qu’est-ce que tu en penses ?

— Qu’avec un peu de chance, il se fera dévorer rapidement.

Je souris, songeant que l’ancêtre et moi étions bien sur la même longueur d’onde.

— Devrions-nous essayer de le semer ?

— Non, ce bougre est peut-être inconscient, mais il pourrait nous être utile.

— Vraiment ?

(Point de vue de Ryhad)

— Je suis si content que tu aies trouvé un homme digne de toi… Quoique celui-ci soit plus un enfant terrible.

— Il est bien plus que cela, Kiyran, bien plus que cela.

— Sait-il à quel point tu es épris de lui ?

— Je pense que mes actes ne lui permettent pas d’en douter.

— Mais le lui as-tu dit ?

[...]

— Je te fais le serment que jamais Ren n’aura à douter de mes sentiments et de mon attachement pour lui, Kiyran.

(Point de vue de Ryhad)

Je refermai doucement la porte de la chambre, laissant Ren à un sommeil bien mérité. Il en avait bien trop vu pour son âge, bien trop éprouvé, mais à présent, il était en sécurité. Le voir s’endormir dans mon lit, recouvert de mes draps et portant mes couleurs m’avait fait bander… Et je bandais encore à l’idée de le retrouver quand la fête serait terminée. Le pauvre petit ne tenait pas l’alcool et le voir bâiller à la réception à s’en décrocher la mâchoire comme un enfant m’avait rappelé à quel point il était jeune. Néanmoins, il s’était montré aussi digne que possible durant la soirée. Presque à l’image d’Eïen et ça, ça me rendait fier.

— Je ne suis pas venu t’embêter…

— Alors quoi ?

Il baissa les yeux et je crus qu’il cherchait une réponse adéquate, mais en fait… Il était gêné.

— Je n’aime pas que tu disparaisses de ma vue.

— Oh, je t’en prie, Norhan, j’ai des gardes tout autour et ton frère est avec moi… Je vois mal ce qui pourrait m’arriver. En plus, moi, je sais nager.

Oui, c’était mesquin, et alors ? Je ne savais plus quoi faire pour garder mes distances avec ce lycae. Il m’attirait et, bon dieu, c’était difficile de le repousser. J’avais peur qu’en passant encore un peu plus de temps seul avec lui… je n’en vienne à l’apprécier beaucoup trop.

— Qui sait… J’ai peut-être peur que tu ne l’apprécies plus que moi.

Il m’indiqua son frère d’un signe de tête. J’adorais Cade et pas seulement parce que c’était un petit louveteau adorable. Le pauvre n’avait pas eu la vie facile, privé de son père durant presque cent ans. Norhan m’avait expliqué que son jeune frère ne se transformait pas, passant tout son temps sous sa forme animale. Il n’en restait pas moins un petit garçon joueur et plein de vie.

— Aucune chance, il a bavé sur mes chaussures.

Le louveteau se mit aussitôt à geindre et je me penchai pour ébouriffer sa fourrure.

— C’est rien. De toute façon, elles me faisaient mal aux pieds.

— Tu as changé d’avis durant la nuit ?

Une main lourde et chaude se posa sur la mienne et ce ne fut qu’à ce moment-là que je réalisai que mes doigts dessinaient de petits ronds sur le torse de Norhan. Je levai les yeux vers le lycae et compris qu’il n’était absolument pas gêné d’avoir été réveillé ainsi…

— Désolé, Norhan, mais je pensais à autre chose.

Le loup retira sa main de la mienne en poussant un soupir un peu trop remarquable.

— Tu sais comment enterrer l’ego d’un mâle, y a pas de doute…

— Que puis-je faire pour toi ?

— Je suis venue te présenter le Capitaine Teran. Il t’escortera jusqu’aux limites de mon territoire.

Génial, la première impression que ce type aurait de moi serait celle d’un gamin nu dans son bain. Tout simplement grandiose !

— Ça ne pouvait pas attendre que je sois habillé ?

Son regard glacial me détaillait intensément et j’en aurais probablement fait autant si… il n’avait pas été foutrement nu et parfait. Les lunes avaient réussi leur coup en le créant ; son corps n’avait pas le moindre défaut. Il ne fit pas un geste pour se couvrir, alors que moi, j’aurais pu lui refiler mon manteau… Oui, j’aurais pu, mais je n’arrivais pas à m’y résoudre. Cacher ça ? Pourquoi ?!

Je devenais complètement dingue, Vike commençait à déteindre sur moi. En plus, si je lui avais donné mon manteau, j’aurais eu froid. Lui ne semblait pas souffrir d’être à poil dans la neige alors… Oui, c’était ça, je ne voulais pas avoir froid.

— Hm… Je te plais.

Je sentis le rouge me monter brutalement aux joues et j’écarquillai les yeux face au sourire satisfait et amusé de Caïn. Il semblait goûter la chaleur de mes joues à distance, il dévorait mon visage des yeux. Bon sang, il était aussi efficacement doué que Ryhad pour foutre en l’air mes neurones… Et ma libido ! Et dire que j’étais parti parfaitement hétéro… Je commençais à croire que Ryhad n’avait rien à voir avec ma nouvelle orientation sexuelle.

J’arrivai à reprendre contenance sans trop de mal. Après tout, j’étais un habitué des hommes trop sûrs d’eux.

— J’ai déjà vu mieux.