Extraits

-Quoi ? m'écriai-je en lui montrant l'écran. Quatre cent mille dollars de récompense ?

-Comment... ? Ah, ça, dit Chubs en prenant la tablette. Félicitations, tu es officiellement un gros gibier.

J'étais maintenant habituée à me réveiller plusieurs fois dans la nuit , mais je ne compris pas tout de suite ce qui m'avait tirée du sommeil. En tout cas , ce n'était pas un bruit . Vida, de retour dans la tente , fredonnait une vieille chanson que je reconnus vaguement. Désorientée , je vis qu'elle déchirait des pages de Croc-Blanc , en faisait des boulettes de papier qu'elle lançait dans la bouche ouverte de Chubs endormi .

- Je suis... Je ne suis plus la même personne, je le sais. Je n'aime pas ce que je suis devenu et ce que je suis obligé de faire, mais je ne veux pas qu'on se sépare. Ne fais pas ça ! Ne disparaît pas ! Si tu es fâchée contre moi, frappe moi... mais ne crois pas que je n'ai pas envie de rester avec toi.J'ai toujours envie de rester avec toi !

_ Tu as été vraiment stupide, dis-je. Tu as commis une grosse erreur. Tu as mis sa vie en danger.

_ Ce qui compte, c'est que nous pouvons récupérer les infos.

_ Ce qui compte... c'est que la vie de Liam est plus importante que cette fichue clé USB !

_ Haha ! fit Cole avec un sourire en coin. mon petit frère embrasse sûrement très bien.

La fureur s'empara de moi si vite, et si puissamment, que j'oubliais de le gifler.

_ Va te faire voir.

« Tu es en fait la pire personne que j'ai jamais connue. »

Ma voix se brisa.

— Je me demandais sans cesse, repris-je, si tu avais eu pitié de moi, le jour où je t’ai rencontré. Ou si tu avais simplement besoin de protéger quelqu’un.

— Et tu n’as pas envisagé d’autres raisons ? souffla-t-il sur un ton agressif. C’était peut-être parce que je respectais ta volonté indomptable de survivre. Parce que je savais que tu avais bon cœur. Ou que tu étais si drôle, brave, forte que j’avais l’impression de l’être, moi aussi.

— Liam…

— Je ne sais pas quoi dire ni quoi faire, soupira-t-il en secouant la tête. Pour moi, ce n’est pas terminé. Tu comprends ? Je ne peux pas oublier que c’est arrivé. Je ne peux pas te haïr… je ne peux pas parce que j’ai tout le temps envie de t’embrasser. 

Puis, d’une voix si étranglée que j’eus du mal à comprendre, il ajouta :

— Pourquoi n’as-tu pas tout effacé ? Pas seulement les souvenirs, mais aussi les sentiments ?

Je le fixai, l’esprit vide.

— Faire la connaissance de quelqu’un et éprouver un sentiment si intense que le cœur s’arrête est terrifiant… terrifiant. Ce sentiment est toujours là et c’est comme s’il griffait l’intérieur de ma poitrine pour sortir. En ce moment, alors que je ne fais que te regarder, il me semble qu’il m’écrase, tellement j’ai envie de toi, besoin de toi, tellement je t’aime. Mais toi, tu ne regrettes même pas d’avoir renoncé à ta vie pour sauver la mienne et tu veux que j’accepte cela ! 

-Le jour de la semaine était indiqué sur tes sous-vêtements quand tu étais petit, hein ?

Chubs remonta ses lunettes sur l'arête de son nez.

-Je ne vois pas en quoi ça te regarde.

« — Mais c’était toi que je voulais ! s’écria-t-il, saisissant mes bras et serrant, comme si la douleur pouvait me faire partager sa souffrance. Plus que tout ! Et tu… tu es entrée dans mon esprit, tu as tout effacé, comme si tu en avais le droit, comme si je n’avais pas besoin de toi. Ce qui me tue, c’est que j’avais confiance en toi… et j’étais absolument certain que tu le savais. Il ne me serait rien arrivé, parce qu’on aurait été ensemble ! »

« — Je ne comprends pas ce qui m’arrive, murmura-t-il. J’ai l’impression de perdre la tête ; c’est comme si ton visage avait été gravé dans mon cœur, mais je ne me souviens pas quand et je ne comprends pas pourquoi, pourtant la plaie est là et refuse de guérir. Et tu ne me regardes même pas. »

Il me fixa et, pour la première fois depuis longtemps, son regard fut vif, lucide. L'instant où il comprit ce que je lui avais fait fut clairement visible. Il secoua la tête et ses cheveux cachèrent son visage ; Il voulut parler, mais en fut incapable. Je ne pus me forcer à prononcer un mot.