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Cole
« - Tu veux parler, alors parfait, parle ! Raconte-moi quelque chose que tu n'as encore jamais dit à personne.
J'ai réfléchi.
- Parmi tous les animaux de la planète, les tortues sont les deuxièmes pour la taille du cerveau.
Isabel a réagit au quart de tour :
- C'est faux !
- Je sais, c'est bien pour ça que je l'ai encore jamais dit à personne.
J'ai entendu un drôle de bruit à l'autre bout, comme si elle essayait d'étouffer un fou rire ou une crise d'asthme.»
P.152
Afficher en entier-Ecoutez-moi ce grand sage!
-Mon père...
-Le savant fou, ai-je coupé.
-Comme tu dis. Eh bien, mon père racontait souvent à ses étudiants une histoire, une histoire de grenouille, ou de sauterelle, je ne sais plus. Mettons une grenouille : un savant a une grenouille et il lui dit: "Saute, grenouille!" La grenouille fait un bond de trois mètres, et le savant note: Une grenouille saute trois mètres. Puis il coupe une des pattes de la grenouille et lui dit : "Saute, grenouille!", la grenouille fait un bond d'un mètre cinquante, et le savant note: Quand on lui coupe une patte, la grenouille saute un mètre cinquante. Puis il lui coupe une autre patte et lui dit: "Saute!", la grenouille fait un bond de soixante-quinze centimètres, et le savant note: Quand on lui coupe deux pattes la grenouille saute soixante-quinze centimètres. Puis il lui coupe toute les pattes, il dit:"Saute!", et la grenouille ne saute pas. Alors le savant rédige sa conclusion : Si l'on coupe toutes les pattes d'une grenouille, elle devient sourde.
Tu saisis?
Afficher en entierPrologue
Grace
Ceci est l'histoire d'un garçon qui a été loup et d'une fille qui va le devenir.
Il y a quelques mois seulement, c'était Sam, la créature mythique. Nous ne pouvions le guérir de sa maladie, son départ était plus que déchirant, son corps un mystère trop étrange, merveilleux et terrifiant pour que nous puissions le comprendre.
Maintenant, avec l'arrivée du printemps et des premières chaleurs, les derniers loups ne tarderont plus à quitter leur fourrure pour réintégrer leur corps humain. Pourtant Sam reste Sam, et Cole Cole, et moi la seule à ne pas être fermement ancrée dans ma propre peau.
L'année dernière, je ne désirais rien d'autre. Je n'aspirais qu'à rejoindre la meute qui vit dans les bois derrière la maison. Mais ce n'est plus moi à présent qui épie les loups dans l'espoir que l'un d'eux m'approche : ce sont eux qui me guettent, eux qui m'attendent.
Leurs yeux, humains dans leurs crânes lupins, m'évoquent l'eau : ils ont le bleu limpide du ciel printanier qui s'y reflète, le brun du ruisseau débordant de pluie, le vert du lac en été, quand les algues s'épanouissent, ou le gris de la rivière engorgée de neige. Et, alors qu'autrefois, entre les bouleaux détrempés, seules me poursuivaient les prunelles jaunes de Sam, je sens maintenant peser sur moi le poids des regards de la meute tout entière. Le poids des choses sues, des choses tues.
J'ai percé leur secret, et les loups de la forêt me sont devenus des étrangers. Splendides et séduisants - mais pas moins étrangers. Un passé humain insoupçonné rôde derrière chaque paire de pupilles. Sam, le seul que j'ai jamais vraiment connu, est près de moi, et je le veux ainsi : ma main dans la sienne, sa joue contre mon cou.
Mais mon corps me trahit, et c'est moi qui deviens l'inconnue, l'inconnaissable.
Ceci est une histoire d'amour. Je ne savais pas qu'il y avait tant de sortes d'amour, ni que celui-ci pouvait pousser les gens à faire des choses si diverses.
Je ne savais pas qu'il y avait tant de façons de se dire adieu.
Afficher en entierCOLE
Et c'est ce chant désolé qui m'a fait prendre pleinement conscience de la réalité du corps froid de Victor dans la terre.
Quant j'ai mis mon visage dans mes mains, mes étient humides.
J'ai relevé les yeux et j'ai vu Sam rejoindre Grace et soutenir son corps chancelant.
Il la serrait très fort dans ses bras, comme pour nier qu'au bout du compte, nous aurions tous à lâcher prise.
Afficher en entier"Je ne savais pas qu'il y avait tant de façons de se dire adieu..."
Afficher en entierGrace
« Si Sam avait été là, je lui aurais chuchoté : Tu crois que ceux qui sont entrain de mourir savent qu'ils sont en train de mourir ?
Je me suis adressé une grimace dans le noir.Je savais que j'étais en train de verser dans le mélo.
Ou du moins, je voulais le croire.
J'ai posé une main à plat sur mon ventre et j'ai pensé à cette douleur mordante qui vivait là, à quelques centimètres de profondeur. »
P.235
Afficher en entierGrace
« Sam me manquait tant que ça me faisait mal. »
P.190
Afficher en entierSam
« Je fermai les paupières. Dans l'obscurité, je fus saisi d'un vertige, comme si je ne savais plus où étais le sol. Je me sentais déchiré entre le besoin de parler et de maîtriser mes angoisses, de les tenir sous contrôle en les gardant pour moi, mais les mots jaillirent avant que je ne les aie pensés jusqu'au bout :
- Je ne peux pas les perdre tous les deux. Je...je me connais, je ne suis pas assez...fort pour supporter ça. »
P.161
Afficher en entierIsabel
« Je me suis efforcée de concilier mentalement les yeux de Cole et ce museau de loup. J'ai ouvert le sachet de pain et je l'ai tenu en laissant dégringoler les tranches à mes pieds. Il est resté figé comme une statue, me fixant sans ciller de ses yeux humais dans sa tête lupine.
[...] je l'ai laissé dans la nuit.
Je revoyais ses yeux de garçon dans sa face de loup, et ils m'ont paru aussi vides que je me sentais, à l'intérieur. »
P.106
Afficher en entierSam
« L'avenir s'offrait à moi, infini, croissant, et mien comme rien encore ne l'avais jamais été.
Je fus traversé d'une soudaine bouffée d'euphorie, et un sourire étira mes lèvres à l'idée que j'avais tiré le gros lot dans cette loterie cosmique : que j'avais tout risqué, tout gagné, et que j'étais maintenant ici, dans ce monde, de ce monde. »
P.69
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