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Sam

- Alors, tu fais un vœu?

- Non, répondis-je tandis que Grace revenait s'asseoir près de moi. Tout ce que je désire m'a déjà été accordé.

- À savoir? Intervint mon amie.

- T'embrasser.

Elle se pencha vers moi et m'offrit son cou, et je pressai les lèvres juste derrière son oreille, feignant d'ignorer l'effluve lupin d'amande amère qui s'attardait sur sa peau. Isabel ne se départit pas de son sourire, mais en la voyant plisser légèrement les yeux, je sus que, d'une façon ou d'une autre, ma réaction ne lui avait pas échappé.

La serveuse vint prendre notre commande, je détournai le regard.

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Grace

- Bon, d'accord. Allons-y pour de nouvelles résolutions!

J'ai écrit : trouver un travail ; il a écrit : continuer à aimer mon travail. J'ai écrit : rester éperdument amoureuse ; il a écrit : rester humain.

- Parce que je serai toujours éperdument amoureux, m'a-t-il précisé sans me regarder.

Je l'ai fixé – ses cils me cachaient son regard – jusqu'à ce qu'il relève les paupières.

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Cole

Je lui ai envoyé un grand sourire. J'étais imbibé de cette chaleur lente et agréable qui ne vient qu'avec l'absorption d'alcool fort.

- Tu vois, Ringo, on est tous les deux complètement esquintés! Farcis de problèmes et d'embrouilles!

Sam m'a regardé sans répondre. En réalité, il ne ressemblait pas vraiment à Ringo Starr, plus à un John Lennon aux yeux jaunes et endormis, mais John lui allait moins bien, comme surnom. Soudain, il m'a fait pitié : le pauvre gosse ne pouvait même plus pisser au rez-de-chaussée parce que ses parents avaient voulu le tuer! Ça ne craignait pas qu'un peu!

- Tu veux qu'on en parle? J'ai demandé. Je crois que ce soir, ce serait le bon moment pour qu'on en discute un coup.

- Je te remercie, je me débrouillerai seul.

- Allez! (Je lui ai tendu la bouteille, mais il a secoué la tête.) Tu verras comme tu te sentiras mieux! Juste quelques petits échanges thérapeutiques, et tu traverseras le Pacifique à la rame, dans cette baignoire!

- Pas ce soir, a-t-il refusé d'un ton légèrement moins amical.

- Hé, mec, j'essaie de nouer des liens avec mon entourage, là! De t'aider, et de m'aider moi aussi, par la même occasion!

Je lui ai pris le bras gentiment, et il a eu un mouvement pour se libérer. Je l'ai entraîné vers la porte de la cuisine.

- Tu es complètement ivre, Cole! Lâche-moi!

- Je me tue à te répéter que ça simplifierait beaucoup toute l'opération si tu l'étais aussi! Tu es sûr que tu ne veux pas un peu de whisky?

Nous avions atteint le couloir, et Sam a tenté à nouveau de se dégager.

- Pas question! Allez, Cole, lâche-moi! Tu n'es pas sérieux?

Il a secoué mon bras. Plus que quelques mètres jusqu'à la porte de la salle de bains. Sam s'est débattu, et j'ai dû m'y prendre à deux mains pour le contraindre à avancer encore. Il avait une force étonnante, et je ne pensais pas qu'un type comme lui, aussi épais qu'un échalas, puisse me résister autant.

- Moi, je t'aide, et toi, tu m'aides, j'ai dit. Pense à combien tu te sentiras mieux quand tu auras exorcisé tes démons!

Je n'en étais pas totalement convaincu, mais je trouvais que les morts sonnaient plutôt bien, et je dois admettre également qu'une part de moi était rongée de curiosité à l'idée de voir la réaction de Sam face à l'effroyable baignoire.

Je l'ai bousculé jusqu'à ce que nous soyons tous les deux sur le seuil et j'ai allumé la lumière avec mon coude.

- Cole, a soudain murmuré Sam.

C'était une baignoire des plus ordinaires, avec du carrelage ivoire tout autour et un rideau de douche blanc tiré sur un côté. Une araignée morte gisait près du trou d'écoulement. À sa vue, Sam s'est brusquement remis à se débattre, et j'ai dû user de toutes mes forces pour le maintenir. Je sentais ses muscles se tendre et se nouer sous mes doigts dans ses efforts pour me résister.

- Non, s'il te plaît!

- Ce n'est qu'une baignoire, j'ai dit en le ceinturant.

Il s'est affaissé, inerte, dans mes bras.

Sam

Le temps d'un éclair, je vis la pièce pour ce qu'elle était, telle que je l'avais sans doute perçu durant les sept premières années de mon existence : une salle de bains ordinaire, fonctionnelle et défraîchie. Puis mes yeux tombèrent sur la baignoire et je m'effondrai. J'étais...

À la table de la salle à manger, près de mon père ; ma mère ne s'assoit plus à côté de moi depuis des semaines.

Je crois que je ne peux plus l'aimer. Ce n'est pas Sam, ça, c'est juste une chose qui y ressemble parfois! Dit-elle.

Dans mon assiette, il y a des petits pois ; je n'en mange pas, ma mère le sait ; je suis surpris de les voir là et je n'arrive pas à en détacher mon regard.

Je sais, répond mon père.

Cole me secouait :

- Tu n'es pas en train de mourir, mec, ce n'est qu'une impression!

Puis mes parents me tiennent par mes bras maigrichons, ils me montrent une baignoire, bien qu'on ne soit pas le soir et que je sois tout habillé ; ils me disent d'y entrer, je ne veux pas, et je crois qu'ils sont contents, dans la mesure où, plus qu'une soumission confiante, mon refus leur facilite les choses ; mon père me soulève et me dépose dans l'eau.

- Sam, dit Cole.

Je suis assis habillé dans la baignoire ; mon jean sombre noircit au contact de l'eau ; elle imbibe peu à peu mon tee-shirt bleu préféré, celui avec une bande blanche, le tissu colle à mes côtes et, pendant une minute, un instant miséricordieux, je crois qu'il s'agit d'un jeu.

- Sam! Répéta Cole.

Tout d'abord, je ne comprends pas ; puis soudain, je comprends.

Ce n'est pas lorsque je vois ma mère, les yeux fixés sur le rebord de la baignoire pour éviter de me regarder, déglutir encore et encore ; ni quand mon père attrape quelque chose derrière son dis et l'appelle par son nom pour attirer son attention ; ni même lorsqu'elle saisit avec délicatesse, comme un fragile cracker sur une assiette de friandises, l'une des lames de rasoir qu'il lui tend.

C'est lorsqu'elle me regarde enfin.

Lorsqu'elle regarde mes yeux, mes yeux de loup.

Je lis la résolution sur ses traits, l'abandon.

Alors ils doivent me maintenir de force.

Cole

Sam était ailleurs. Il n'y a pas d'autre façon de l'exprimer. Ses yeux étaient juste... vides. Je l'ai traîné hors de la pièce jusqu'au salon et je l'ai secoué :

- Reviens, Sam! Regarde autour de toi, on est sortis, on n'est plus dans la salle de bain!

Quand je l'ai lâché, il s'est écroulé par terre, dos au mur, et il a enfoui sa tête dans ses bras. Il était soudain tout coudes, genoux et articulations, replié sur lui-même, sans visage.

Je ne savais pas ce que j'éprouvais à le voir comme ça, à savoir que c'était moi qui lui avait fait ça, quoi que ce puisse être. Et je le détestais pour cela.

- Sam?

J'ai attendu longtemps avant qu'il réponde. Quand il s'est décidé à parler, ça été pour me dire, d'une petite voix étrange et sourde, et toujours sans relever la tête :

- Va -t'en! Fiche-moi la paix! Mais qu'est-ce que j'ai bien pu te faire?

Il respirait par saccades, j'entendais son souffle accrocher dans sa gorge. Ce n'étaient pas des sanglots, il semblait suffoquer.

Je l'ai regardé, effondré à mes pieds, et j'ai soudain senti la colère m'envahir. Il ne s'agissait que d'une baignoire, vraiment pas de quoi fouetter un chat! Tout ce cirque me faisait passer pour cruel, mais je n'étais pas cette brute qu'il imaginait.

- Beck avait choisi, lui aussi! (Je savais qu'il n'allait plus me contredire, à présent.) Il m'en a parlé, il m'a raconté qu'après ses études de droit, il avait tout ce qu'il voulait dans la vie, mais que ça ne l'empêchait pas d'être malheureux, et qu'il allait se tuer quand un type nommé Paul l'a convaincu qu'il existait une autre solution.

De Sam ne provenait aucun bruit, sinon celui de sa respiration hachée.

- Beck m'a proposé la même chose, j'ai poursuivi. Sauf que moi, je ne reste pas loup. Ne me dis pas que cela n'a rien à voir! Tu n'es pas en meilleur état que moi, alors regarde-toi un peu, avant de venir me dire que j'ai des problèmes!

Il n'a pas bougé. Je suis allé à la porte de derrière et je l'ai ouverte en grand. La nuit était devenue froide et sauvage pendant que je buvais, et j'ai été récompensé par une déchirante torsion dans mes boyaux.

Je me suis éclipsé.

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Isabel

Son visage a pris un instant un air lointain et un peu incertain, la première expression que je lui voyais depuis que je l'avais surpris à se pavaner près de la balustrade, puis il a repris son sourire presque narquois:

- Cole.

Il répondait comme s'il faisait une fleur.

- Alors pourquoi n'es-tu pas loup, Cole? Ai-je répliqué sur le même ton.

- Parce que, sinon, je ne t'aurais pas rencontrée?

- Pas mal! Ai-je concédé, et j'ai senti un rictus me tordre les lèvres. J'en savais assez sur la drague machinale pour la reconnaître du premier coup d'oeil, et ce garçon ne manquait pas de culot : loin de sembler de plus en plus mal à l'aise au fur et à mesure que nous parlions, il avait attrapé des deux mains la barre du rideau de douche derrière lui et s'étirait assez joliment, tout en continuant à m'observer.

- Pourquoi as-tu menti à ta mère? M'a-t-il demandé. Tu l'aurais fait, si j'avais été un agent immobilier bedonnant changé en loup-garou?

- Sans doute pas, la bonté d'âme, ce n'est pas trop mon truc. (Par contre, la façon dont ses bras levés faisait saillir les muscles de ses épaules et tendait la peau de son torse l'était, et je me suis efforcée de ne voir que la courbe arrogante de ses lèvres.) Cela dit, il te faut des vêtements.

L'arc de sa bouche s'est prononcé.

- Tôt ou tard?

Je lui ai lancé un sourire mauvais.

- Tôt, tant qu'à faire, histoire de voiler ta collection d'horreurs.

Il a arrondi les lèvres en O.

- Dur, dur!

J'ai haussé les épaules.

- Attends-moi ici, et ne fais pas de bêtises! Je reviens tout de suite.

J'ai refermé la porte de la salle de bain et j'ai descendu le couloir jusqu'à l'ancienne chambre de mon frère. J'ai hésité un instant devant la porte, puis j'ai ouvert.

Un temps assez long s'était écoulé depuis sa mort pour que ma présence dans cette pièce ne me paraisse plus une intrusion, et en outre, l'endroit ne ressemblait plus beaucoup à sa chambre : sur les conseils de son avant-dernier thérapeute, ma mère avait rangé une grande partie des affaires de mon frère dans des cartons, qu'elle avait ensuite, sur ceux de son analyste actuel, abandonnés sur place. Son équipement sportif et les enceintes qu'il avait construites lui-même avaient été emballés, et, sans ces deux éléments-là, il restait pour ainsi dire peanuts de Jack.

En traversant la chambre obscure pour atteindre l'halogène, je me suis cogné le tibia contre le coin d'un carton thérapeutique. J'ai allumé la lumière en pestant à mi-voix, et j'ai envisagé pour la première dois ce que je m'apprêtais à faire : à savoir, fouiller dans les affaires de mon frère mort pour y trouver de quoi vêtir le loup-garou beau à se pâmer mais passablement abruti qui squattait présentement ma salle de bain, et dont je venais d'affirmer à ma mère qu'il était mon amant.

Peut-être avait-elle raison, après tous, de soutenir que j'avais besoin de consulter!

J'ai contourné les piles de cartons pour aller ouvrir la penderie. Une bouffée d'odeur-de-Jack s'en est échappée – plutôt répugnante, à vrai dire : un cocktail de polos mal lavés, de shampooing pour homme et de vieilles chaussures, mais, durant une seconde, une seule, je me suis figée sur place, fixant les silhouettes sombres des vêtements suspendus. Puis j'ai entendu ma mère, très loin en bas, laisser tomber quelque chose, et je me suis souvenue que je devais faire sortir Cole d'ici avant que mon père ne revienne à la maison. Maman ne lui dirait rien. Pour ce genre de choses, on pouvait compter sur elle : elle n'aimait pas plus que moi voir les objets voler en éclats.

J'ai déniché un vieux sweat miteux, un tee-shirt et un jean correct et, satisfaire, je me suis retournée – pour me retrouver nez à nez avec Cole.

J'ai ravalé une imprécation, le coeur battant à tout rompre. Il était assez grand et se tenait si près de moi que j'ai dû pencher la tête un peu en arrière pour distinguer ses traits. La clarté sourde de l'halogène accentuait les reliefs de son visage, comme dans un portrait de Rembrandt.

- Tu avais disparu depuis une éternité (il a reculé d'un pas, par politesse), alors je suis venu voir si tu n'étais pas allée chercher un fusil.

Je lui ai fourré les vêtements dans les bras.

- Il faudra que tu les portes sans rien dessous.

- Parce qu'il y a d'autres façons de s'habiller?

Jetant le sweat et le tee-shirt sur le lit, il s'est détourné à demi pour enfiler le jean. Celui-ci était un peu trop large, et je voyais l'ombre de la crête de ses hanches s'enfoncer derrière le tissu.

Il a pivoté. J'ai vite détourné les yeux, mais je savais qu'il m'avait surprise à le mater, et j'avais envie de lui griffer la figure pour effacer la courbe insolente de ses sourcils. Il a ramassé le tee-shirt, l'à déplié, et j'ai alors vu que c'était le préféré de mon frère, son tee-shirt Viking, avec la tache blanche sur l'ourlet, en bas, à droite, qu'il avait faite en repeignant le garage l'année passée. Jack pouvait le porter pendant des jours et des jours d'affilée, jusqu'au moment où même lui admettait qu'il puait. J'avais haï ce vêtement.

Cole a levé les bras au-dessus de sa tête pour l'enfiler, et l'idée de voir qui que ce soit d'autre que mon frère porter ce maillot m'est soudain devenue intolérable. J'ai empoigné sans réfléchir le tissu. Cole s'est immobilisé et m'a considérée d'un regard sans expression. Juste un peu surpris, peut-être.

J'ai tiré sur l'étoffe pour lui faire comprendre ce que je voulais, il a desserré les doigts d'un air vaguement intrigué et il m'a lassée lui reprendre le tee-shirt des mains. Alors, pour ne pas avoir à m'expliquer j'ai embrassé Cole : il était plus simple de le repousser contre le mur et d'explorer des lèvres les contours de son rictus que de comprendre pourquoi la vue du tee-shirt de Jack dans les mains de quelqu'un d'autre me perçait tant les tripes et me faisait me sentir si vulnérable.

Et il était doué, pour embrasser! Il n'a pas cherché à me toucher, mais son ventre plat et ses côtes frottaient contre moi. De près, il dégageait la même odeur musquée de loup et de pin que Sam, la première fois que je l'avais rencontré. Une certaine avidité dans la façon dont il pressait sa bouche sur la mienne me soufflait qu'il se montrait plus sincère en baisers qu'en paroles.

Cole n'a pas bougé quand je me suis écartée. Il est resté appuyé contre le mur, les pouces enfoncés dans les poches de son jean ouvert, la tête penchée, à m'observer. Mon coeur cognait dans ma poitrine, mes mains tremblaient tant je devais me faire violence pour ne pas l'embrasser derechef, mais lui ne semblait pas plus ému que ça. Je voyais son pouls battre tranquillement sous la peau de son ventre.

Qu'il reste plus maître de lui-même que je ne l'étais m'a mise hors de moi. J'ai reculé d'un pas et je lui ai lancé le tee-shirt de Jack à la figure. Le vêtement a rebondi contre son torse et il a levé les bras pour l'attraper.

- C'était si nul que ça?

- Oui! (J'ai croisé les bras, parce que c'était une façon de les immobiliser.) On aurait dit que tu essayais de mordre dans une pomme.

Il a levé les sourcils comme s'il savait que je mentais.

- On ressaye?

- Non. (J'ai appuyé un doigt sur mon front.) Il vaut mieux que tu t'en ailles, maintenant.

J'avais peur qu'il me demande où, mais il a juste enfilé le tee-shirt et refermé sa braguette d'un geste définitif.

- Si tu le dis.

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Ceci est l’histoire d’un garçon qui a été loup et d’une fille qui va le devenir.

Il y a quelques mois seulement, c’était Sam, la créature mythique. Nous ne pouvions le guérir de sa maladie, son départ était plus que déchirant, son corps un mystère trop étrange, merveilleux et terrifiant pour que nous puissions le comprendre. Maintenant, avec l’arrivée du printemps et des premières chaleurs, les derniers loups ne tarderont plus à quitter leur fourrure pour réintégrer leur corps humain. Pourtant Sam reste Sam, et Cole, Cole, et moi la seule à ne pas être fermement ancrée dans ma propre peau. L’année dernière, je ne désirais rien d’autre. Je n’aspirais qu’à rejoindre la meute qui vit dans les bois derrière la maison. Mais ce n’est plus moi à présent qui épie les loups dans l’espoir que l’un d’eux m’approche : ce sont eux qui me guettent, eux qui m’attendent. Leurs yeux, humains dans leurs crânes lupins, m’évoquent l’eau : ils ont le bleu limpide du ciel printanier qui s’y reflète, le brun du ruisseau débordant de pluie, le vert du lac en été, quand les algues s’épanouissent, ou le gris de la rivière engorgée de neige. Et, alors qu’autrefois, entre les bouleaux détrempés, seules me poursuivaient les prunelles jaunes de Sam, je sens maintenant peser sur moi le poids des regards de la meute tout entière. Le poids des choses sues, des choses tues. J’ai percé leur secret, et les loups de la forêt me sont devenus des étrangers. Splendides et séduisants – mais pas moins étrangers. Un passé

humain insoupçonné rôde derrière chaque paire de pupilles. Sam, le seul que j’ai jamais vraiment connu, est près de moi, et je le veux ainsi : ma main dans la sienne, sa joue contre mon cou. Mais mon corps me trahit, et c’est moi qui deviens l’inconnue, l’inconnaissable.

Ceci est une histoire d’amour. Je ne savais pas qu’il y avait tant de sortes d’amour, ni que celui-ci pouvait pousser les gens à faire des choses si diverses. Je ne savais pas qu’il y avait tant de façons de se dire adieu.

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Sam

La mort survient dans tout ce bruit,

Comme un soulier sans pied,

Un costume sans corps…

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" -Que cherches-tu, au juste ? Nous n'avons pas beaucoup de de vrai livres en médecine, juste des guides de bien-être, et quelques ouvrages sur le holisme et les thérapies alternatives.

-Je le saurais en le voyant, répondit Isabel, accroupie devant l'étagère. C'est quoi, déjà, le nom de ce bouquin incontournable ? Celui qui parle d'absolument tout ce qui peut se détraquer dans la vie de quelqu'un ?

-Candide, suggérais-je, mais personne n'était là pour saisir la blague."

Dialogue entre Isabel et Sam.

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"Ceci est une histoire d'amour. Je ne savais pas qu'il y avait tant de sortes d'amour, ni que celui-ci pouvait pousser les gens à faire des choses diverses.

Je ne savais pas qu'il y avait tant de façons de se dire adieu."

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"- Je ne veux pas être seule , cette nuit.

Mon cœur tressaillit. Je fermai les yeux un instant, puis les rouvris. Je songeai à aller la voir en cachette et à lui proposer de faire le mur. Je me vis dans ma chambre, étendu sur mon lit sous mes grues en papier plié, son corps chaud lové contre le mien, libre de ne pas me cacher, un fois le matin venu, de rester simplement allongé auprès d'elle, comme nous aimions à l'être, et ce désir brûla douloureusement en moi."

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"- Tu veux parler, alors parfait, parle! Raconte-moi quelque chose que tu n'as encore jamais dit à personne.

J'ai réfléchi.

- Parmi tous les animaux de la planète, les tortues sont les deuxièmes pour la taille du cerveau.

Isabel a réagi au quart de tour:

- C'est faux!

- Je sais, c'est bien pour ça que je ne l'ai encore jamais dit à personne."

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