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Je prends son visage entre mes mains pour l’obliger à me regarder.
_Pourquoi m’as-tu ressuscitée, Vince ?
Les mots semblent lui manquer pendant un instant. Il s’empare lentement de mes mains, les éloigne de ses joues et les appuie sur son torse. Sous son t-shirt, je perçois un rythme irrégulier, fiévreux... son cœur qui bat comme un fou.
_Tu entends mon cœur ?
_ Oui.
_ Il aurait arrêté de battre si tu étais morte. Ma vie n’aurait plus été la même sans toi, sans tes petites crises de colère inutiles, sans ton sourire, sans... je... Quand je t’ai vue étendue dans ton propre sang, ce soir-là, je suis devenu complètement fou. J’ai réalisé que je ne pouvais pas t’abandonner dans cet état sans que ça chamboule le reste de ma vie.
Son visage se baisse vers le mien, son souffle effleure mes lèvres.
_ J’ai vraiment agi par égoïsme, Robbie. Je t’ai sauvée pour me sauver moi-même du gouffre dans lequel ta mort allait me faire plonger.
Je suis paralysée par ses paroles. J’ai toujours cru qu’il me percevait comme la petite sœur de son meilleur ami, rien de plus. L’ampleur de ses sentiments m’est confessée à chaque battement de son cœur, sous mes doigts.
— Bonne nuit, Robin.
Ses lèvres se posent brièvement sur les miennes, dans un baiser chaste mais très révélateur. L’instant d’après, Vince disparaît dans l’obscurité.
Afficher en entier_Tu préfères le jaune depuis que ton frère t’a offert une jonquille le jour où tu t’es blessée au genou, en bicyclette. C’était pour te consoler. Tu avais sept ans. Le jaune te rappelle la quiétude, le citron, les journées ensoleillées, la présence de Thierry. Tu es un vrai garçon manqué même si, parfois, tu essaies d’imiter Lana Sarkys. Tu as un sale caractère et tu t’emportes très vite, mais le feu s’éteint aussi rapidement qu’il s’allume : c’est facile de te distraire et de te calmer. Tu n’es pas rancunière pour un sou. Tu adores les couchers de soleil, tu détestes lire, tu ne sais pas nager (il tend la main et saisit une boucle de mes cheveux entre ses doigts, un air pensif sur son visage). Tu t’es coupé les cheveux sur un coup de tête, un soir de juillet. Ça t’a permis de mettre fin au deuil de ta mère. Tu es devenue végétarienne à neuf ans. Tu fronces le nez lorsque tu n’obtiens pas ce que tu veux. Tu raffoles des films d’horreur. Tu mens très bien, mais je te connais trop pour tomber dans le panneau chaque fois. Je te connais par cœur, Robin.
Silence. Avec une certaine irritation, je me demande combien de fois Vince m’a scrutée derrière ses lunettes de soleil sans que je m’en rende compte.
_Zack ne sait rien de tout ça. Et tu ne pourrais pas énoncer une seule particularité qui le concerne, parce que tu n’en sais pas plus sur lui que lui sur toi. Donc, tu ne connais pas l’amour, achève-t-il en baissant la voix.
Sa main quitte lentement mes cheveux.
Afficher en entierJe suis en train de mourir.
Une douleur impitoyable se propage dans tous mes membres. Chaque nouvelle expiration me rapproche de la dernière. Je vois, comme dans un rêve, le sang jaillir de mon abdomen déchiré. Mon corps entier est une plaie béante. Je sais que la créature est encore là, tapie dans le noir, préparant son dernier assaut. Je suis paralysée par la douleur et la terreur, une terreur que je n’ai jamais connue auparavant, une terreur aussi profonde et insoutenable que la certitude de ma mort imminente. Je perçois un son effroyable et je sais que c’est elle, que c’est la créature, qu’elle a décidé d’en finir avec moi.
Je ferme les yeux et je me laisse mourir, impuissante.
Afficher en entierÀ Maria Saldana, une prof extraordinaire qui, un jour, m’a regardée droit dans les yeux en me disant ces paroles d’une précieuse sagesse :
« Discipline-toi, Edith. »
Je l’ai fait.
(dix ans plus tard)
Afficher en entierJe vacille à sa suite, hilare. Le projectile de Phoebe m’est destiné, mais il atteint le cou découvert de Nigel. Ce dernier me libère en jurant. S’engage ensuite une bataille chaotique. Nous nous retournons rapidement les uns contre les autres. Je serais incapable de dénombrer toutes les fois où j’ai avalé de la neige ! Au final, je suis trempée de la tête aux bottes, glacée jusqu’à la moelle, transportée par la gaieté. Même le masque froid de Phoebe disparaît, je ne la reconnais plus. En compagnie de sa famille, elle est beaucoup plus volubile : elle plaisante, s’esclaffe, bavarde, bascule Vince par terre grâce à un habile croc-en-jambe. Il est d’ailleurs tellement mignon avec ses joues rosies par le froid, ses yeux bleus rieurs et son front dégoulinant de mèches blondes que, sans réfléchir, je me jette sur lui pour embrasser ses joues. Il m’envoie rouler dans la neige. Son geste est beaucoup plus taquin qu’un moyen de me repousser. Ce qui m’amène à penser qu’il est peut-être moins réticent à mes avances qu’il veut me le laisser croire...
Afficher en entierLa nuit de ta mort, j'ai fait de toi l'une de nous. Je t'ai Maudite à jamais pour que tu puisses reprendre vie.
Afficher en entierTu préfères le jaune depuis que ton frère t’a offert une jonquille le jour où tu t’es blessée au genou, en bicyclette. C’était pour te consoler. Tu avais sept ans. Le jaune te rappelle la quiétude, le citron, les journées ensoleillées, la présence de Thierry. Tu es un vrai garçon manqué même si, parfois, tu essaies d’imiter Lana Sarkys. Tu as un sale caractère et tu t’emportes très vite, mais le feu s’éteint aussi rapidement qu’il s’allume : c’est facile de te distraire et de te calmer. Tu n’es pas rancunière pour un sou. Tu adores les couchers de soleil, tu détestes lire, tu ne sais pas nager (il tend la main et saisit une boucle de mes cheveux entre ses doigts, un air pensif sur son visage). Tu t’es coupé les cheveux sur un coup de tête, un soir de juillet. Ça t’a permis de mettre fin au deuil de ta mère. Tu es devenue végétarienne à neuf ans. Tu fronces le nez lorsque tu n’obtiens pas ce que tu veux. Tu raffoles des films d’horreur. Tu mens très bien, mais je te connais trop pour tomber dans le panneau chaque fois. Je te connais par cœur, Robin.
Silence. Avec une certaine irritation, je me demande combien de fois Vince m’a scrutée derrière ses lunettes de soleil sans que je m’en rende compte.
_Zack ne sait rien de tout ça. Et tu ne pourrais pas énoncer une seule particularité qui le concerne, parce que tu n’en sais pas plus sur lui que lui sur toi. Donc, tu ne connais pas l’amour, achève-t-il en baissant la voix.
Sa main quitte lentement mes cheveux.
Afficher en entierJe me remémore la scène dans l’aire des casiers de l’école. Ma volonté qui faiblissait au fur et à mesure que Zack me parlait... Robin, est-ce que tu peux vraiment repousser un charmant garçon comme moi ? Et ma soudaine capitulation à la suite de cette boutade... Merde ! Chaque fois que Zack plongeait son regard dans le mien et que je m’amollissais, ce n’était que des coups montés, des filets dans lesquels il me piégeait ! Je me souviens maintenant de la facilité avec laquelle il m’a convaincue de prendre un autobus en pleine nuit, ainsi que de mon manque de réticence lorsque je l’ai suivi dans les labos de chimie, avant de l’embrasser. Oh non, non, non ! Je me suis fait avoir sur toute la ligne !
Afficher en entierPendant qu’ils plaisantent, je me penche au-dessus de la table pour me couper un morceau de steak que papa a omis de mettre dans mon assiette. Je divise la viande en quatre, en me délectant d’avance de la chair juteuse et rouge, que je badigeonne de sauce avant de mâcher un morceau. Le goût est riche et indescriptible. On dirait que je n’ai pas mangé quelque chose de décent depuis des mois.
Je lève les yeux lorsque je réalise que mon père et mon frère ont interrompu leurs taquineries pour me dévisager avec des yeux incrédules. J’avale ma bouchée.
Afficher en entierMon corps est une statue de sel que je ne peux plus déplacer. J’ai beau le souhaiter avec toute la volonté du monde, je demeure immobile et ma vie me glisse entre les doigts... si vite... Puis, un craquement sonore, un cri guttural qui n’a rien d’humain, un bosquet qui s’écarte. Le visage abominable de la créature, au-dessus du mien. Elle m’a retrouvée. Les larmes remplissent mes yeux.
Du regard, je la supplie de me laisser la vie sauve. La créature se désintéresse de mon visage, les trous lui servant de narines s’élargissent en reniflant la plaie béante de mon abdomen... Sa main griffue joue dans celle-ci... un lancinement aigu traverse tout mon corps... Le monstre suce ses doigts imprégnés de sang, mon sang. Ses traits sont défigurés par un rictus sinistre, diabolique. Son visage plonge soudain dans mon ventre. Ma conscience s’effrite en même temps que la douleur atteint son paroxysme.Je ferme les yeux et je me laisse mourir, impuissante
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