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Je regarde sans le voir le paysage défiler devant mes yeux. Plus j’y pense, plus l’histoire de Vince et de sa famille me semble complètement absurde. Tout est faux. Ça n’existe pas les malédictions, les démons, les golems et la possibilité de créer des souvenirs chez les gens. Mais alors... comment expliquer mon attaque, ma mort puis mon retour à la vie ?
Je regrette tellement d’être allée à la fête de Zack ! Rien de tout ça ne serait arrivé, j’aurais poursuivi ma vie tranquillement, avec mes rêves, mes préoccupations quotidiennes...
Afficher en entierDisons que ce n’est plus tout à tout fait vrai depuis l’arrivée de Vince... Mes souvenirs sont troués de failles et d’éléments qui me semblent tirés par les cheveux, mais ils sont là quand même. Je scrute le visage de Vince. Ses yeux sont perdus à travers la fenêtre de la chambre, son dos est raide et je le vois enfoncer ses poings crispés dans les poches de son jean. Je me demande si je suis la seule à remarquer qu’il est tendu.
Monsieur King demande à tout le monde de sortir de la chambre sauf papa, le médecin et un autre officier. Il installe ensuite un magnétophone sur la table près de mon lit, puis avance une chaise. J’humecte nerveusement mes lèvres.
Afficher en entierUn vertige me saisit. Je vacille, reprends difficilement mon équilibre et me réfugie sous un hêtre au milieu du terrain. Je m’appuie contre le tronc, la tête baissée, le souffle court, nauséeuse. La vodka et moi, ça ne fait franchement pas bon ménage. Au bout de quelques minutes, mon estomac reprend sa place habituelle, mais mon crâne continue de bourdonner. Je ferme les yeux en respirant lentement. Lorsque je les rouvre, mon regard tombe presque immédiatement sur la moto.
Afficher en entierLana ralentit le pas et contemple la photo de l’élève défunte. Je lève aussi les yeux vers l’effigie d’Anna. Son visage était rond et franc, encadré par de lourdes torsades de cheveux foncés : elle avait l’air plus jeune que ses dix-sept ans. Plusieurs semaines après sa disparition, la police a retrouvé son corps, ou plutôt les morceaux de son corps, dans des sacs-poubelles éparpillés à travers Chelston. Pour une petite ville ennuyeuse située non loin de la frontière américaine, c’était tout un choc. Je n’aurais jamais cru que l’une d’entre nous serait victime de ce maniaque qui, pourtant, ne sévissait qu’à Montréal. La mort d’Anna nous a fait réaliser que le danger était plus imminent que nous le pensions. Les filles se promènent maintenant en groupe dès la venue du soir et elles évitent scrupuleusement de converser avec des étrangers. Franchement, je trouve qu’elles exagèrent parfois. J’ai déjà vu une meute de dix filles traverser la rue juste pour se rendre à la bibliothèque municipale. C’était pa-thé-ti-que. Au moins, maintenant que le Tueur Fou croupit derrière les barreaux, on ne verra plus ce genre de troupeaux ambulants.
Afficher en entierCe prénom a déjà été prononcé devant moi, mais je ne me souviens plus dans quelles circonstances. Pendant la réunion de la Confrérie, sûrement. La trahison que je ressens est immense. Je me recouche loin de lui. Une fureur sourde gronde en moi. Vince, un homme marié ? Je veux bien croire qu’il a soixante-dix-huit ans et que c’est du passé, mais un mariage reste un mariage, arrangé ou pas. Cette femme signifie (ou a signifié) quelque chose à ses yeux. Il aurait dû m’en parler !
Afficher en entierJe sens un brasier s’emparer de ma gorge et se propager dans ma nuque. Je remercie le ciel pour le teint hâlé hérité de ma mère et qui empêche mes émotions de transparaître sur mon visage. L’air railleur de Thierry m’indique cependant qu’il n’ignore rien de mon béguin pour Zack. Mon irritation gagne un nouvel échelon.
— Nous sommes au courant du type de fêtes qu’organise Bronovov, reprend-il d’un ton autoritaire. Alcool qui coule à flots, substances illicites, orgies...
— Et c’est moi qui exagère ? Tu sais très bien que c’est faux !Du moins pour les orgies, me dis-je.
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