Les Morsures du passé

— Vous avez compris qu'il s'agit d'un emploi à temps complet, et que par là, j'entends vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Est-ce bien clair? s'enquit Adam Sterne.

Ses yeux brun doré, frangés d'épais cils noirs, fixaient Penny avec intensité. Il ne souriait pas.

— J'ai parfaitement saisi, acquiesça-t-elle.

— Vous ne regretterez pas le manque de temps libre ? Elle soutint tranquillement son regard. Avec sa mâchoire carrée, son visage anguleux aux traits bien dessinés et sa bouche incroyablement sensuelle, il était fort séduisant. Curieusement, elle n'y avait pas prêté attention auparavant. Elle gardait plutôt le souvenir d'un homme cruel, tyrannique, et totalement indifférent aux sentiments d'autrui.

— Je m'attendais à ces conditions de travail lorsque j'ai postulé, Monsieur Sterne. Et cela ne me dérange pas, affirma-t-elle.

- Bien. En fait, je trouve assez étrange qu'une jolie femme comme vous accepte de se consacrer entièrement à une vieille dame durant trois mois.

Jolie? Le compliment aurait dû la flatter, mais Penny l'entendit à peine.

- Je n'aurais pas posé ma candidature si j'avais désiré conserver du temps libre, objecta-t-elle. D'ailleurs, trois mois, ce n'est pas si long.

— Avez-vous des peines de cœur ? Votre fiancé vous aurait-il laissée tomber?

Tout en pariant, il s'était levé pour contourner le bureau. Avec sa haute taille et sa carrure impression nante, il offrait l'image même de l'homme dominateur et influent.

- Quelque chose dans le genre, répondit-elle, éva-sive. Je ne souhaite pas en discuter.

Nerveuse, elle s'humecta les lèvres. Il ne se doutait de rien, bien sûr, mais comment ne pas frémir sous son regard inquisiteur?