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« Les gens de qualité savent tout sans avoir jamais rien appris. » (Mascarille, scène IX)
Afficher en entierGORGIBUS.
Il n'en faut point douter, elles sont achevées. Encore un coup, je n'entends rien à toutes ces balivernes; je veux être maître absolu; et pour trancher toutes sortes de discours, ou vous serez mariées toutes deux avant qu'il soit peu, ou, ma foi ! Vous serez religieuses: j'en fais un bon serment.
Afficher en entierMAGDELON.
Mon père, voilà ma cousine qui vous dira, aussi bien que moi, que le mariage ne doit jamais arriver qu'après les autres aventures. Il faut qu'un amant, pour être agréable, sache débiter les beaux sentiments, pousser le doux, le tendre et le passionné, et que sa recherche soit dans les formes. Premièrement, il doit voir au temple, ou à la promenade, ou dans quelque cérémonie publique, la personne dont il devient amoureux ; ou bien être conduit fatalement chez elle par un parent ou un ami, et sortir de là tout rêveur et mélancolique. Il cache un temps sa passion à l'objet aimé, et cependant lui rend plusieurs visites, où l'on ne manque jamais de mettre sur le tapis une question galante qui exerce les esprits de l'assemblée. Le jour de la déclaration arrive, qui se doit faire ordinairement dans une allée de quelque jardin, tandis que la compagnie s'est un peu éloignée ; et cette déclaration est suivie d'un prompt courroux, qui paraît à notre rougeur, et qui, pour un temps, bannit l'amant de notre présence. Ensuite il trouve moyen de nous apaiser,de nous accoutumer insensiblement au discours de sa passion, et de tirer de nous cet aveu qui fait tant de peine. Après cela viennent les aventures, les rivaux qui se jettent à la traverse d'une inclination établie, les persécutions des pères, les jalousies conçues sur de fausses apparences, les plaintes, les désespoirs, les enlèvements, et ce qui s'ensuit. Voilà comme les choses se traitent dans les belles manières et ce sont des règles dont, en bonne galanterie, on ne saurait se dispenser.
Afficher en entierCATHOS. Pour moi, j'ai un furieux tendre pour les hommes d'épée.
MAGDELON. Je les aime aussi ; mais je veux que l'esprit assaisonne la bravoure.
MASCARILLE. Te souvient-il, vicomte, de cette demi-lune, que nous emportâmes sur les ennemis du siège d'Arras?
JODELET. Que veux-tu dire avec ta demi-lune? C'était bien une lune toute entière.
MASCARILLE. Je pense que tu as raison.
JODELET. Il m'en doit bien souvenir, ma foi : j'y fus blessé à la jambe d'un coup de grenade, dont je porte encore les marques. Tâtez un peu, de grâce, vous sentirez quelque coup : c'était là.
CATHOS. Il est vrai que la cicatrice est grande.
MASCARILLE. Donnez-moi un peu votre main, et tâtez celui-ci : là, justement au derrière de la tête. Y êtes-vous?
MAGDELON. Oui, je sens quelque chose.
MASCARILLE. C'est un coup de mousquet que je reçus la dernière campagne que j'ai faite.
JODELET. Voici un autre coup qui me perça de part en part à l'attaque de Gravelines.
MASCARILLE (mettant la main sur le bouton de son haut-de-chausses). Je vais vous montrer une furieuse plaie.
MAGDELON. Il n'est pas nécessaire : nous le croyons, sans y regarder.
MASCARILLE. Ce sont des marques honorables, qui font voir ce qu'on est.
CATHOS. Nous ne doutons point de ce que vous êtes.
Afficher en entierMASCARILLE
[...] Mais à propos, il faut que je vous dise un impromptu que je fis hier chez une duchesse de mes amies que je fus visiter ; car je suis diablement fort sur les impromptus.
CATHOS
L'impromptu est justement la pierre de touche de l'esprit.
Afficher en entierMon Dieu, que vous êtes vulgaire ! Pour moi, un de mes étonnements, c'est que vous ayez pour faire une fille si spirituelle que moi.
Afficher en entierAvez-vous remarqué ce commencement : Oh, oh? Voilà qui est extraordinaire : oh, oh! Comme un homme qui s'avise tout d'un coup : oh, oh! La surprise : oh, oh!
Afficher en entierEn effet ,ma cousine donne dans le vrai de la chose!
Afficher en entierMascarille
Holà, porteurs, holà ! Là, là, là, là, là, là. Je pense que ces marauds−là ont dessein de me briser à force de heurter contre les murailles et les pavés.
Premier porteur
Dame ! c'est que la porte est étroite : vous avez voulu aussi que nous soyons entrés jusqu'ici.
Mascarille
Je le crois bien. Voudriez−vous, faquins, que j'exposasse l'embonpoint de mes plumes aux inclémences de la saison pluvieuse, et que j'allasse imprimer mes souliers en boue ? Allez, ôtez votre chaise d'ici.
Deuxième porteur
Payez−nous donc, s'il vous plaît, Monsieur.
Mascarille
Hem ?
Deuxième porteur
Je dis, Monsieur, que vous nous donniez de l'argent, s'il vous plaît.
Mascarille, lui donnant un soufflet.
Comment, coquin, demander de l'argent à une personne de ma qualité !
Afficher en entierCathos
Apportez−nous le miroir, ignorante que vous êtes, et gardez−vous bien d'en salir la glace par la communication de votre image.
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