Les Primarques, Tome 8 : Jaghataï Khan, le faucon de Chogoris

La porte aux panneaux d’onyx craquelés trembla et ses montants sculptés se fissurèrent. Un orage s’y engouffra, tel un rugissement d’or et de blanc aussi tempétueux que les bourrasques estivales de l’Altak. Une vitre vola en éclats en projetant des larmes de verre.

Remontant leurs lourdes robes de brocart, les courtisans s’éparpillèrent dans le palais en titubant comme des oisillons. Une femme cria, tandis qu’un homme trébuchait puis se précipitait à quatre pattes vers l’escalier.

L’orage les ignora tous. Il traversait la foule à grandes enjambées, les yeux luisant d’une colère impétueuse. Il surplombait même les plus grands d’entre eux et les faisait paraître insignifiants. Dans son sillage, deux géants vêtus d’armures ivoire et jaspe avançaient, leurs pas lourds résonnaient sur le sol dur. Les trois titans étincelaient sous la lumière oscillante des suspenseurs bousculés, qui faisaient reluire les fourreaux et les pommeaux de leurs épées.

— Sa tête, dit le Khagan de Chogoris, le Grand Khan de la Cinquième Legio Astartes, les longs cheveux noirs virevoltant. S’il n’apprend pas à la baisser, un jour il va la perdre.

Le Primarque traversait les antichambres du Palais Impérial à la hâte, la bordure de sa cape claquant contre ses talons tel un fouet. Hasik et Giyahun, les deux commandants de sa jeune armée, aux visages impassibles couleur de bronze, l’accompagnaient.

Des colonnes d’or spiralées, ciselées et cannelées, incrustées de verreries et parsemées de perles, s’élevaient alentour. Les statues de marbre, esseulées parmi les miroirs et les porcelaines, étaient zébrées par la lumière chaude de l’aube terrienne.

À l’extrémité de la longue galerie, un homme vêtu d’une toge du Senatorum Imperialis émergea. Il aperçut le Primarque courroucé et s’éclipsa à vive allure. Les autres courtisans se recroquevillèrent et s’inclinèrent en bredouillant.

— Son esprit est sans pareil, tempêta le Khan tandis qu’il bifurquait vers un autre hall.

Il frappa du poing un grand vase à col bulbeux qui se fracassa en une pluie de fragments sonores.

— Mais sa tête. Voilà son point faible. Voilà sa faille.