Dernier chapitre:

- Je n'arrive pas à croire que c'est fini, a soupiré Hunter.
J'ai hoché la tête en souriant vaguement.
- Moi non plus. Je veux juste que la vie redevienne normale- quoi que cela veuille dire pour nous.
J'ai tendu les pieds vers le feu qui brûlait dans la cheminée de chez Hunter. Il nous avait fallu un moment pour regagner la voiture et décider si nous étions capables de conduire, mais nous étions enfin réunis au chaud, à nous reposer en buvant du cidre chaud aux épices.
- Vous avez tous été formidables, a déclaré le père de Hunter.
- Nous formons une bonne équipe, a répondu Hunter.
Alisa semblait contente. Ce qui m'a rappelé une chose. Je me suis levée pour examiner sa blessure. Elle ne saignait plus depuis une heure et elle n'avait plus trop mal. Je lui avais donné de l'Arnica montana à prendre toutes les six heures pendant deux jours. Elle guérirait vite.
- J'ai hâte que les autres sorciers apprennent la nouvelle,ai-je déclaré. Depuis si longtemps, il n'y avait pas de défense contre la vague noire... Tout va changer. C'est comme si vous aviez découvert la pénicilline, monsieur Niall.
- Je t'en prie, appelle moi Daniel. Ou Maghach.
La Déesse soit louée. Il m'accepte enfin. J'avais toujours eu du mal a prononcer son nom, et puis nous avions fait un tàth meàmna.
- J'ai bon espoir que le sort fonctionne ailleurs, là où il sera nécessaire. Tant que les spécifications et les limitations sont adaptés en conséquence. Mais oui, c'est une excellente nouvelle, pour toute la communauté des sorciers.
- Je n'arrive toujours pas à croire ce que j'ai ressenti, quand le courant énergétique m'a traversé... a ajouté Alisa. C'était...très...
- Indescriptible,ai-suggéré, et elle a acquiescé.
- D'une manière positive.
-Tant mieux, a fait Hunter. Nous allons pouvoir commencer à te former. D'abord... je meurs de faim! J'ai l'impression de ne rien avoir mangé de la semaine.
-Moi aussi, j'ai faim, a reconnu Daniel.
- Une pizza, ça serait cool, a suggéré Alisa.
- Oui on pourrait...
Je me suis interrompue en voyant la pendule sur le manteau de la cheminée.
- Oh, non, je suis très en retard!
Je me suis levée tant bien que mal. Si j'avais toujours l'impression de me remettre d'une mauvaise grippe, je savais que j'irai de mieux en mieux, ce qui me donnait du courage.
- Ma mère va me tuer.. C'est la deuxième fois de la semaine que je suis en retard pour le dîner.
Quand j'ai levé la tête , j'ai vu trois paires d'yeux qui m'observaient, l'air amusé.
- Quoi? ai-je fait.
- Tu viens de sauver Kithic, a ricané Alisa.
-Et tu t'inquiètes pour si peut, a ajouté Hunter.
- Tu veux que j'appelle tes parents? a proposé Daniel. Je pourrais leur expliquer pourquoi tu ne pouvais vraiment pas rentrer plus tôt.
Nous avons éclaté de rire et j'ai secoué la tête.
- Il faut que j'y aille absolument, ai-je insisté. Mais je repasse bientôt.
J'ai enfilé mon manteau et Hunter m'a raccompagnée jusqu'à la porte.
- Tu vas pouvoir rentrer chez toi? s'est-il inquiété en me serrant fort dans ses bras.
- Oui, ai-je répondu en me blottissant contre lui. Nous l'avons vraiment arrêtée. Nous avons arrêté la vague noire.
- Oui, nous avons réussi.
Sa main caressait mes cheveux pleins d'herbe.
-Maintenant, nous allons pouvoir penser à l'avenir, ai-je murmuré. Et réfléchir à ce que tu veux faire si tu quittes le Conseil. Sans oublier de trouver un moyen pour passer du temps seuls, tous les deux, ai-je conclu, et le sous-entendu l'a fait sourire.
- Oui, nous devrons en parler bientôt.
Nous nous sommes embrassés, puis j'ai regagné Das Boot. La vague noire n'était plus. Ciaran ne nous menaçait plus, ni moi ni quiconque, et j'espérais assumer un jour ce que j'ai fait! Hunter et moi, nous allions pouvoir réfléchir à notre avenir. Notre avenir...commun.
Quand je me suis arrêtée devant chez moi, j'ai monté les marches jusqu'au perron en me sentant incroyablement légère et libre. L'humidité et la pesanteur avaient disparu de l'atmosphère. J'avais presque envie de sauter de joie.
Puis mon regard c'est posé sur le sol. Je me suis agenouillée et, lorsque je les ai vus, j'ai émis un petit rire de bonheur.
Les crocus de ma mère, violets et jaune vif, étaient miraculeusement revenus à la vie.

Je refusais de réfléchir. Pas maintenant. Avec des mouvements mécaniques, tel un robot, je descendis à mon tour. Les genoux vacillants, je réussis à marcher jusqu'au tronc et je m'effondrai contre l'écorce millénaire rassurante. Sortie de nulle part, Nala sauta sur mes genoux, comme si j'étais sa maîtresse depuis des années. Lorsque je fondis en larmes, elle pressa sa tête tiède contre mes joues humides.
Au bout d'un long moment, mes sanglots se transformèrent en hoquets, et je me maudis d'avoir quitté la salle d'initiation sans mon sac. Un Kleenex aurait été le bienvenu.
-Tiens! Je crois que tu as besoins de ça.
Je sursautai, et Nala grogna. A travers mes larmes, je vis qu'on me tendait un mouchoir.
-Mer-merci, dis-je en l'acceptant et en m'essuyant le nez.
- Je t'en prie, répondit Erik Night.