Commentaires de livres faits par mysticraft72
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Le regret dans sa voix me serre le cœur. Ne me fais pas ça, enfoiré ! Ne me fais pas regretter ce que nous ne pourrons jamais avoir. Je ferme les yeux quelques secondes, le temps de renfermer tous ces sentiments bien au fond de moi, dans leur cage, là où ils doivent rester.
—Non, c’est bon. Vas-y. Tu n’as pas le choix. Ta reine t’attend.
— On a toujours le choix.
Il caresse ma joue mal rasée, ses yeux rougis par la fatigue m’observent comme s’il cherchait à graver mon visage à tout jamais dans sa mémoire. Peut-être est-ce le cas. Combien y a t-il eu de gars comme moi dans sa vie ? Ou de femmes. Combien d’amants dans sa collection d’amours mortes ? Combien de fois peut-on aimer une personne, et la perdre, aimer, et perdre encore, quand on vit tellement plus longtemps que tous les autres, avant de ne plus oser aimer ? Je ne peux pas penser à ça maintenant, je ne le veux pas.
— Pas toujours, non. Ne t’en fais pas pour moi, ça va aller. Merci. Merci pour cette nuit, pour ta présence. Prends soin de toi, à Washington.
— Oui, je le ferai. Prends soin de toi également, mon loup.
Il pose un dernier baiser sur mes lèvres, léger comme un papillon et quitte silencieusement ma chambre. Je pose mes doigts sur ma bouche, comme pour conserver plus longtemps le contact, puis replie mon bras sur mes yeux fermés.
— Quoi, fait-il, l’air impatient.
— Tu portes des lunettes ? je dis, maudissant la stupeur dans ma voix. Je me fais l’effet d’un louveteau sans manières, face au regard qu’il me jette au dessus des verres.
— Oui. Et ?
— Non, non. Rien.
— Dis-le, je sens que ça te chatouille !
— Ça... hum, je me racle la gorge, avant de reprendre, ça te va bien. Très bien même.
Ouais, j’avais aucune idée que des lunettes pouvaient rendre un gars encore plus sexy. J’avais aucune idée que des putains de lunettes pouvaient me foutre la trique !
Et je sens, je le sens lui, son pouls battant follement, nos cœurs affolés à l’unisson, je sens le froid de la neige et son doux craquement sous mes pas, le lac gelé sous le soleil de mon enfance humaine, le sang des humains qui coule dans ma gorge, le parfum de la taïga au printemps et le bruissement des abeilles, j’entends ma baba qui me chante une berceuse, et je vois le sourire d’Elisavetta. Je jouis, comme je ne l’ai jamais fait, tellement fort que je crains que mon âme ne quitte mon corps. Je me vide à grandes saccades entre nos corps joints, scellant nos peaux avec mon sperme autant qu’il scelle notre union de mon sang.
— Méchant, méchant chien ! chuchote-il, avant de faire demi-tour et de disparaître de nouveau dans les entrailles de la grande maison de bois.