Extraits

De toutes les voiles dont disposent les humains pour naviguer au gré de l'existence, celles du cœur sont les plus difficiles à orienter, et peut-être même est-ce impossible. J'ai longtemps été tiraillée par des vents contraires. J'ai connu le vertige de l'ouragan et la douceur de l'alizé. Il faut me laisser le temps de trouver mon nouveau cap.

[...]

Je garde les yeux grands ouverts, droit devant, vers mon monde : la Terre.

P.830

A quinze ans, les médecins t'ont collé un diagnostic mortel sur le front, les assistantes sociales t'ont programmé une fin de vie dans un foyer. Mais toi, tu as refusé cette histoire triste, cette épitaphe écrite d'avance par d'autres, pour créer ta propre légende. Tu ne pouvais pas changer la direction du vent génétique qui te poussait vers la tombe, mais tu as orienté tes voiles : tu as fui les hôpitaux pour te jeter sur les routes, dans l'espace, jusqu'à Mars. Tu as transmuté le plomb en or. Tu as transformé le destin en choix. Tu as métamorphosé une destinée toute tracée en destination : celle que tu t'es choisie ! "

" Mais Marcus, lui, n'est pas venu sur Mars en colon ni en ambassadeur. Il a toujours su que sa vraie nature demeure était située quelque part dans les étoiles. Il a atteint sa destination. Il est rentré chez lui. "

Vous avez raison, un beau visage peut inspirer un amour éphémère, dit-il. Mais le pouvoir ! Lui seul peut nourrir une passion éternelle. Sa beauté ne fane pas. Le désir qu'il attise ne cesse jamais de brûler.

Le sourire de Serena s’étire.

« Nous sommes décidément faits pour nous entendre, dit-elle en jouant avec l’élastique. Les hommes sont d’habitude si prévisibles, surtout quand ils se savent beaux – et vous l’êtes, indéniablement. Ils sont pressés de se dévêtir, imaginant que la révélation de leur anatomie fera nécessairement chavirer le cœur et la raison de celle qu’il convoitent. Pauvres innocents, ils ignorent que le pouvoir érotique siège dans le cerveau, pas dans les pectoraux ! »

Nous ne mourrons peut-être pas ici, mais nous allons revenir dans un monde où notre véritable ennemie régnera au tout premier plan; un monde où l’individu sera manipulé, assujetti en ayant l’illusion d’être libre, trop étourdi par les images et les écrans pour seulement penser.

Dans la société que j'imagine, les réseaux sociaux remplaceront les policiers : les citoyens deviendront leurs propres gardiens, surveillant en permanence leur prochain et se donnant eux même à voir avec un appétit d'exhibitionniste jamais satisfait.

Je ne rêve pas d'explosions atomique ou de guerre éclair. Au contraire, ce que je veux, c'est une guerre non-declarée, lente, enlisée, sans missile ni combat : une menace permanente, qui n'eclate jamais et qui dure éternellement.

C'est bien là, la beauté de leurs espèces. Nettoyeuses, nourrices, architectes, ventileuses, butineuses et gardiennes : elles sont toutes entières dévouées à leurs tâches, soumises à leur reine. Quel modèle d'ordre et de discipline, pour une humanité empêtrée dans ses querelles pathétiques

Mes chers concitoyens comprendront qu'il faille restreindre ses libertés abusivement qualifiées de fondamentales, pour garantir la sécurité nationale. Mieux encore : je compte sur eux pour assurer un autoflicage a faire pâlir d'envie les régimes les plus totalitaires, grâce a leur smartphones, leurs drones domestiques, a cette merveilleuse société de l'image dans laquelle nous vivons 24 h sur 24