Extraits

« Nous sommes les premiers Martiens de l'Histoire, les premiers habitants de cette planète, affirme-t-elle. Au nom de la Terre et de l'humanité, nous avons le devoir de rêver un nouveau monde, comme dans la symphonie de Dvorak. Moi, je rêve d'un monde où la peine de mort n'est jamais une solution. Je rêve d'un monde où l'on a toujours droit à une deuxième chance. Je rêve d'un monde où le rachat est possible. Oui : le monde dont je rêve offre toutes ces choses auxquelles je n'ai pas eu droit sur Terre... »

Depuis que je le connais, Tao n'a presque jamais élevé la voix, un enfant dans un corps de géant. Mais là, l'enfant s'est tu et c'est le géant qui crie, ébranlant l'habitat jusque dans ses fondations.

« De toutes les voiles dont disposent les humains pour naviguer au gré de l’existence, celles du coeur sont les plus difficiles à orienter, et peut-être même est-ce impossible. J’ai longtemps été tiraillée par des vents contraires. J’ai connu le vertige de l’ouragan et la douceur de l’alizé. Il me faut laisser le temps de trouver mon nouveau cap. »

"Kelly s'agite sur sa chaise, mal à l'aise, faisant tinter les grande créoles dorées accrochées à ses oreilles:

- Pas de jugement, respect des autres, répète-t-elle d'une voix acide. Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, on se croirait à une réunion des alcooliques anonymes! mais qui va parler en premier? qui va parler en dernier? Comment on va s'organiser, en pratique ? C'est pas comme si c'était juste un vulgaire tour de table : on va décider de la vie ou de la mort d'un mec, bordel!"

La dernière partie est sur le point de commencer, j’en ai le sombre pressentiment. Ce sera la plus longue, la plus vicieuse et la plus mystérieuse de toutes : vingt mois à tenir jusqu’à l’arrivée de l’ascenseur énergétique. Aucune des règles que je croyais connaître jusqu’alors n’aura plus cours : comment se battre contre une ennemie invisible et muette ?

"Est-ce que tu ressens une douleur interne?" je lui demande, pour m'assurer que ses organes ne sont pas atteints.

"Le bras, c'est interne?" réplique-t-elle en grimaçant, mais je sens qu'elle n'a plus vraiment mal, l'analgésique contenu dans la compresse fait son effet.

"Pas de picotements? Pas de sensation de bulles sur la langue?"

"Non et c'est dommage. J'aimerais bien en sentir, moi, des bulles sur ma langue : des bulles de champagne, pour me remonter le moral !" Elle interpelle Kenji, qui arrive en courant après avoir ôté sa combinaison : "Chat, s'il te plaît, est-ce que tu peux aller me chercher une bouteille de champ' dans la chambre?"

Ok je vois, ça a l'air d'aller...

Mais tous n’ont pas de telles délicatesses oratoires : « À mort Mme McBitch ! » hurle Kelly dans le micro de son casque, d’une voix aussi sonore que du temps où elle était en pleine santé– il faut dire que ce cri, elle l’a retenu pendant deux années entières.

En théorie, en théorie ! tonne Serena en se levant d'un bond. Réveillez vous, messieurs, mesdames, il est temps de passer à la pratique ! La sécurité nationale est menacée ! Les hordes barbares sont aux portes de Rome ! La flamme de la civilisation est sur le point de sombrer dans un océan de ténèbres !

"Le chat de Schrödinger, c'est une expérience imaginée pour illustrer les paradoxes de la physique quantique. Un chat est enfermé dans une boîte avec un flacon de gaz létal, une source radioactive et un compteur Geiger. Dès qu'un noyau radioactif se désintègre, le compteur Geiger est programmé pour déclencher un mécanisme qui casse le flacon et libère le gaz. Or, à l'échelle des atomes, il est rigoureusement impossible de prévoir quand un noyau se désintégrera. Résultat: tant qu'on a pas ouvert la boîte pour voir à l'intérieur, le chat est considéré comme étant à la fois vivant et mort."

"Serena McBee, acceptez-vous d'être ma femme ?"