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Je n’ai pas le temps de répondre, car un Officier en tenue militaire se présente devant nous. Il est assez âgé, avec les cheveux blancs coupés ras, la peau mate. Il me rappelle grand-père. — Bienvenue, lance-t-il d’une voix aussi nette et tranchante que sa coupe de cheveux, qui contredit son propos.
La ressemblance avec grand-père s’arrête là. Il faut que j’arrête de le chercher partout. J’aurai beau penser à lui intensément, il ne va pas apparaître comme par magie au milieu des arbres.
Afficher en entierKy me fixe encore. Va-t-il me demander à quoi je pense ? Non, bien évidemment. Il n’est pas du genre à apprendre en posant des questions. En tant qu’Aberration issue des Provinces lointaines, il sait se fondre dans la masse. Il apprend en observant.
Afficher en entierGrand-père tient encore longtemps. Environ une heure avant minuit, alors qu’il fait déjà nuit noire, il nous regarde en prononçant les meilleurs mots qui soient pour clore une vie :
— Je vous aime. Je vous aime. Je vous aime.
Afficher en entierIl me rend également mon poudrier, la feuille pliée tient juste à l’intérieur. Tandis que je clos ma relique d’un coup sec, il se penche vers moi.
— Cassia, murmure-t-il, jeté donne quelque chose qui t’échappe encore. Mais, un jour, tu comprendras. Toi, plus que tout autre. Surtout, n’oublie pas. C’est bien de se poser des questions.
Afficher en entierDes mots qui ont déçu mon grand-père. J’aurais dû apporter un caillou, comme Bram. Ou rien du tout. Je l’aurais moins déçu en venant les mains vides.
— Tu sais t’exprimer avec tes propres mots, Cassia. Je t’ai déjà entendue, tu parles très bien. Et tu m’as déjà offert un beau cadeau en me rendant visite si souvent. Cette lettre me fait plaisir, parce qu’elle vient de toi. Je ne veux pas te blesser, j’aimerais juste que tu aies davantage confiance en toi, en tes mots, en ta voix.
Tu comprends ?
Afficher en entierElle m’a confié, pendant que Bram dormait, que grand-père avait demandé à ce que son Banquet final se tienne en plein air, à l’arboretum. Bien sûr, sa requête a été refusée.
Afficher en entierQuelqu’un d’autre emménagera ici après le départ de grand-père. Mieux vaut ne pas laisser de trace de son Banquet final.
Mais ce n’est pas à ça que pense ma mère, elle veut juste éviter à mon père de se soucier des petits détails.
Afficher en entierMalgré moi, je pense au fils des Markham, mort assassiné. Sans cérémonie, sans adieux. Sans préservation des tissus.
« Ça n’arrive jamais. La probabilité que cela se reproduise est presque nulle. » — On t’a apporté des cadeaux, grand-père, annonce mon frère. On peut te les donner maintenant ?
— Bram, fait papa d’un ton de reproche. Il veut peut être visionner sa microcarte. En plus, il attend de la visite.
— Oui, j’ai hâte de la regarder, confirme-t-il. De voir ma vie défiler sous mes yeux. Et aussi de déguster mon dernier repas.
Afficher en entierJe lis sur son visage une expression étrange, comme s’il savait quelque chose qu’ils ignorent.
En partant, chacun des membres du Comité lui serre la main en disant :
— Sincères félicitations.
Il soutient leur regard de ses yeux brillants et je devine ce qu’il pense :
« Me félicitez-vous pour ma vie ou pour ma mort ? »
Afficher en entier— Vous venez pour le banquet de M. Reyes ? demande-t-elle, et sans même attendre notre réponse, elle ajoute : C’est privé, non ?
— Oui, confirme poliment mon père en s’arrêtant pour lui parler.
Il est impatient de retrouver grand-père, je le vois jeter des coups d’œil vers sa porte.
La dame grommelle : — Dommage, j’aurais bien aimé y assister pour me rendre compte. Le mien a lieu dans moins de deux mois et il sera public.
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