Commentaires de livres faits par quiquenotte
Extraits de livres par quiquenotte
Commentaires de livres appréciés par quiquenotte
Extraits de livres appréciés par quiquenotte
Dès qu'il eut remis à Marie Bayle les cinquante livres-argent qu'il avait apportées avec lui, le voyageur inconnu avait quitté Aigues-Mortes, en grande hâte, toujours guidé par Samuelet qui le tenait par la main, et marchait à son côté, en faisant trois pas à chacune de ses enjambées.
– Maintenant, déclarait le voyageur à son petit compagnon, les soldats peuvent nous fouiller quand nous passerons la Carbonnière. Ce n'est pas ce que j'ai en poche qui serait une grande perte.
La Carbonnière franchie sans encombre, juste au moment où la porte allait être fermée pour la nuit, l'homme et l'enfant avaient vite regagné Saint-Laurent, où les parents de Samuelet les attendaient dans une anxiété silencieuse, chacun essayant de dissimuler son inquiétude.
– Enfin vous voilà dit simplement le père Fourmaud. Ce n'est pas qu'il y ait de trop grands dangers à courir nos routes, mais, depuis ce procès, les soldats sont devenus plus sévères, et l'on ne peut pas savoir ce qu'ils sont capables de faire, avec les ordres qu'on leur a donnés. ces derniers temps.
– Si Samuelet n'avait pas été avec moi, répondit le voyageur, je n'aurais sûrement pas passé les corps de garde sans me faire arrêter, et sans me faire prendre l'argent que j'apportais à nos sœurs.
– Rendons grâce ! disait la mère de Samuelet. C'est le Tout-Puissant qui vous a protégés l'un l'autre. Sa Droite ne nous a jamais fait défaut, nous le savons de longue date, et de connaissance certaine.
Les parents de Samuelet avaient l'air de bien connaître le voyageur. Ils l'appelaient « Monsieur Jean », et le traitaient avec une familiarité affectueuse. « Monsieur Jean, pourquoi ne resteriez-vous pas quelque temps avec nous ? » lui demandaient-ils. « Il n'y a pas de malveillants dans notre endroit, et nous pourrions vous garder un peu, sans risquer de vous mettre dans les ennuis. »
– Non, non, il me faut retourner dans les montagnes. On y prépare des assemblées. Vous savez que nos ministres font tout ce qu'ils peuvent pour remettre de l'ordre dans nos églises, et ils ont besoin des gens comme moi pour aller porter leurs messages, et pour veiller à ce que tout se fasse comme il se doit.
Le dos légèrement courbé derrière le zinc, Marie d’en Paulin me regarde d’un oeil attendri. Peu de clients dans le café des Sports à cette heure tardive. Seul dans un coin de la salle, un vieil homme échevelé et pauvrement vêtu sirote son Banyuls. Dehors, une voiture à bras tonne le long du Douy. De loin en loin, on entend les rires rauques de pêcheurs en partance. Un chien roux vient japper un instant près de la porte, puis s’enfuit. Des chats parcourent les ruelles, et se disputent parfois, dans un vacarme de cris, de miaulements et de pleurs. J’aime la quiétude des soirées Catalanes. Ici, la saison est belle encore, et l’on peut espérer pour demain d’agréables promenades du côté de la Madeloc ou dans les forêts de Valmy. Le vent du nord fait claquer une voile. Par instants, comme si tous les êtres le décidaient ensemble, un silence de mort règne sur Collioure. C’est alors un grand trou glacé, un vide immense, où mon coeur puise un peu de repos. Rien ne m’habite plus, que ce silence. Les yeux clos, je le goûte seconde après seconde. Mais une voix le brise :
-8-
― Un petit verre Monsieur Marcel, il faut vous remonter un peu, et j’aime pas vous voir comme ça, à ruminer dans votre barbe…
Le vin doux servi sur le comptoir m’invite à quitter ma place. Puis la bonne Marie enchaîne :
― Monsieur Marcel, je vois que vous n’avez pas mangé, et comme il me reste une peu de « pignatte », si vous voulez, il y en aura bien assez pour nous deux.
J’adore ce plat de poissons, et ça, Marie le sait.
Sans attendre ma réponse, elle crie : « Alors, passons à table ». Elle me parle de toi. Elle t’aimait bien. « Ah mon pauvre Marcel, la vie n’est pas toujours facile, je suis bien placée pour le savoir, mais il faut faire face, tout s’arrange un jour ! » Sa vie, je n’en connaissais presque rien. Marie est plutôt discrète lorsqu’il s’agit d’elle. Je sais seulement que son mari a précocement disparu, et que depuis, pour elle, seul le travail et les enfants comptent. Pourtant, aujourd’hui, si j’insistais, elle me parlerait de Collioure, elle me parlerait des arcanes d’une existence pas toujours rose, elle me parlerait peut-être de son enfance. Mais moi je ne suis plus là, ma tête est ailleurs, perdue dans un brouillard qui me ramène quelques mois en arrière…
Il faudrait donc distinguer la besogne, qui est une occupation dont le fond de l'esprit peut se distraire, du travail appliqué où l'on se donne, autant du moins que l'on peut. Ce dernier, qui comporte joie et souffrance entrelacées, comme tout don de l'être entier, devrait seul mériter le dur nom de travail. Payot avait raison de dire : Le temps du vrai travail est court. Et il réfutait les cas des grands travailleurs connus dans les Lettres, en montrant que souvent ce qu'ils appelaient travail consistait en une oeuvre de brassage, d'agitation réglée, de torpeur érudite, en somme en ce qui fait la trame de toute existence ménagère et qui se résume dans le beau mot de besogne.
– Je n'ai plus rien, ma vie n'a plus aucun sens... A quoi bon continuer à vivre si c'est pour seulement souffrir ? De toute façon, que je vive ou que je meure, cela ne changera pas grand chose. Personne ne me regrettera ou même se souviendra de moi, après cela...
– Akino, ne dit pas ça, ce n'est pas vrai !
– Bien sûr que si...
– Et moi ? As-tu seulement pensé à ce que je pourrai ressentir en apprenant ta mort ? Tu ne t'es pas posé la question ? S'exclama t-il.
– Toi ? Pourquoi donc est ce que tu te soucierais de moi, alors que tu ne veux même pas être mon ami... ?
Keiichi soupira alors, et après une courte hésitation, il se décida enfin à lui avouer ses sentiments.
Le museau au ras de l'herbe embrumée du matin.
Au loin l'éléphant battait des oreilles.
les yeux, j’attendais l’aube d’un autre soleil, un éclair
jailli d’un bonheur que je m’efforçais de rendre plus intense.
Avec mon secret, j’irais partout, heureux au bagne comme en usine,
dans les villes noires comme dans mon éden. J’aurais la
formule d’une illumination à l’autre, la litanie d’un poème
pour l’enchantement. »
Pas besoin
de cette seconde rencontre avec le mot illumination (la première
citation le contenait aussi) pour que l’on songe à l’enfant
Rimbaud. L’allure de la diction y suffirait, et la pensée.
Mais attention : pensée, chez l’auteur de « Chacun son
Royaume », d’un Rimbaud décrispé. Car si Navel est
lui aussi, en un sens d’ailleurs parfaitement légitime, ce que
les gens sérieux doivent appeler un asocial, son
individualisme consubstantiel à la générosité
fait de lui, si j’ose écrire, un asocial social. Tout de suite
après ces lignes de lui que l’on vient de lire vient ceci :
« J’aurais
gagné la partie du bonheur possible pour un, possible pour
tous… »
« Et si… et si les amis du village avaient réussi à racheter la propriété des Beltramet lors de la vente aux enchères, et l’emporter face à la Brésilienne, plus fortunée, dont l'odeur sulfureuse des macumbas et de la Mort allait changer leur destin ? Et si la Brésilienne avait tout simplement raconté son histoire au lieu de… ? Et si Ludovic ne s’était pas épris d’elle ? Et si la tour, la vieille tour andalouse, bâtie par Qadar l’Andalou au XIIIe siècle, qui flanquait la demeure ancestrale des Beltramet, avait disparu lors de l’incendie allumé après la peste, au XIVe siècle ? François, Noémie, Tiane et Zouzou, Ludovic, Zabel, Olivier et Mamibel, Adrienne, tous auraient connu un autre destin. Moins tragique… Sans doute… Oui, si… Quand le réel et le fantastique deviennent indiscernables. De grandes émotions traversent ce roman de bout en bout. »
Soigner et monter un cheval tous les jours, c'est à la fois merveilleux et très contraignant. Cela laisse peu de place pour les loisirs ou les boums organisées par les copains.
Rue d'Amiens, à la limite de Pierrefitte et de Stains, les nombreuses cultures maraîchères permettent d'oublier la proximité de la capitale. Grâce à Louis Collet, Officier du Cadre Noir de Saumur à la retraite et à la solidarité de ses voisins, locataires de jardins familiaux, Nathalie a pu installer son cheval dans une écurie fabriquée par ses amis.
Son Jo coule des heures paisibles en compagnie de Nestor, le lapin, et de Chouquette, la ponette, offerte par Louis Collet aux enfants des Pruniers en remerciement de la générosité de leurs parents.
Adolescents et enfants de la cité se retrouvent là aussi souvent que possible. La plus fidèle est Nathalie. Agée de treize ans, elle est propriétaire de Son Jo, un cheval Selle Français de 4 ans qu'elle a gagné dans un concours dix-huit mois auparavant.
Alice et René Minière, les parents de Nathalie ayant des revenus très modestes, c'est Louis Collet, Colonel du Cadre Noir de Saumur à la retraite, qui lui a permis de conserver ce cadeau extraordinaire. Les habitants des Pruniers y ont contribué également en prêtant une partie de leurs jardins familiaux. Afin de les remercier de leur générosité, Louis Collet a acheté un double poney pour les enfants de la cité : Chouquette.
- Il n'y a pas de quoi en faire un drame. Chouquette est moins haute que Son Jo. Un poney, ce n'est pas comme un cheval.
- Un poney, c'est du concentré de cheval mon bonhomme ! intervient Louis Collet en extirpant son grand corps de la sellerie voisine.
La voix est rude, le visage sévère. Colonel du Cadre Noir de Saumur à la retraite, le cavalier cache pourtant un coeur d'or sous ses airs bourrus. Ne vient-il pas d'acheter Chouquette pour l'offrir aux enfants des Pruniers ? Cet investissement il l'a réalisé pour remercier les habitants de la cité d'avoir prêté leurs jardins familiaux et aménagé une écurie à l'intention de Son Jo, le cheval que Nathalie a gagné dans un concours, quinze mois auparavant.
- Nous ne savions pas que vous étiez déjà arrivé, M'sieu Collet.
- Il faut tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de dire des sottises, les enfants. Au travail ! Mettez à profit ce que Nathalie vous a enseigné depuis que vous tournez dans ses jambes. Vous pansez la ponette, vous la bridez et la sellez. Et ça, ce sont de vieilles bombes qui devraient vous aller. Ouste !
— Tu ne sais pas ce qu’est le container bleu ! s’exclame Pull Mauve. Mon pauvre vieux, tu ne sais donc rien de la vie !
— Je vais te raconter, dit une grosse voix. Je me présente ! Je m’appelle Bonbonne de 5 litres. Le container bleu est celui où on met les papiers, les cartons, les bouteilles, les packs de lait ou de jus de fruit, les boîtes de conserves, etc. Ce qu’on trie des ordures peut servir plusieurs fois. Tiens ! Le verre, par exemple, il peut être recyclé à l’infini. Inusable ! On le fait fondre et hop ! une bouteille ! Encore une fois ? un bocal à cornichons ! Encore un petit coup ? un pot de yaourt ! C’est génial.
Avec nous, les bouteilles en plastique, on fait cette matière douce et chaude qu’on appelle polaire.
Je l'imaginais sirène.
Figé jusqu'à la crampe, souffle retenu, je me gorgeais de cette vie intense retenue elle aussi à quelques mètres de moi. Je tremblais à l'idée que l'Apparition s'estompe sans que j'aie eu le temps de mémoriser chaque détail de cette fille : un trait léger de cicatrice ancienne sous la pointe du menton, le grain de beauté, mouche brune dans le lait du col, les boucles sauvages esquissant d'étranges hiéroglyphes.
Cela a duré des jours. Des semaines ?
Un soir, j'ai éternué.
Ovale et blé mouvant se sont abaissés vers moi.
Les yeux larges, sombres, ont basculé d'étonnement.
- Oh ! Bonjour, ont dit la bouche en moue, les pommettes souples, un timbre de voix grave, avant de tourner talon.
- Bonjour, ai-je balbutié à l'Apparition aussitôt disparue.
Le rythme à quatre temps, après avoir saturé l'espace, s'estompe et forme un accompagnement à la vie qui s'éveille, comme si ce passage marquait la fin de l'assoupissement général.
Tel un orchestre qui s'accorde, des bruits s'enchaînent, liant en une masse sonore ces différents univers isolés : portes claquées, grilles grinçantes, voix s'interpellant, éclats de rires, courses effrénées.
De la journée elle ne fait que ruminer, relire les mêmes bandes dessinées et regarder distraitement la télévision.
Elle n'a plus envie de rien. Attendre que le temps passe...
Léo y est resté, lui, dans l'accident.
Léo, c'était son ami de toujours, son amour.
Elle, elle a survécu. Elle pourrait remarcher au prix d'un effort surhumain. A quoi bon faire cet effort ?
Bientôt, il faudra qu'elle reprenne l'école. Elle n'en a pas envie non plus.
A Garches, où elle est restée quatre mois, elle suivait des cours de son niveau : cinquième. Depuis qu'elle est rentrée, il y a eu les vacances scolaires puis cette grippe qu'elle a attrapée"...
Tout autour, la terre s'est mise à trembler avec une violence insoutenable et le cône rouge lumineux et brûlant a grésillé. Du jamais vu.
Cela a duré quelques secondes. Puis la lumière s'est éteinte, la faille s'est refermée.
Juste avant cet étrange phénomène, Jais et Opale se tenaient là, dans l'obscurité, au sud de la planète, tête en bas, observant un système solaire éloigné.
- C'est bizarre, a dit Opale, je n'ai jamais vu un tel alignement d'étoiles.
Et Jais a commencé à lui répondre, qu'en effet, c'était exceptionnel d'apercevoir plusieurs astres en train de s'encastrer sur une même ligne au-dessous d'eux.
Mais trépidations, vacarme ont couvert sa voix.
Ce n'était pas facile, car ces ouvertures sont faites pour les chevaux adultes, pas du tout pour les poulains. Je tendais mon encolure au maximum, me mettais sur la pointe des sabots et, le nez en vadrouille, je humais, écoutais, devinais tout ce que je ne pouvais pas voir.
De temps en temps, je m'écroulais de fatigue et dormais. le moins possible. Je ne supportais pas de ne plus avoir accès à ma fenêtre sur le club.
Pascaline, la monitrice est drôlement sympa. Surtout, elle ne s'énerve jamais... sauf ce mercredi-là où on a bien cru qu'elle allait finir par exploser.
Nous avions déjà sellé nos poneys. Soudain est arrivée une nouvelle.
La dame qui était avec elle avait les cheveux presque blancs - Andgelyna, dont la mère est coiffeuse, a dit que c'était une blonde platinée - elle était hyper maquillée et perchée sur des talons, de vraies Tour Eiffel !
La mère de la nouvelle parlait dans l'écurie avec Pascaline dont les cheveux longs ressemblent tellement à du foin qu'on ne voit jamais si elle en a des brins dedans. C'était comique : Pascaline un peu trop nature et la dame vraiment mijaurée !
Silence. Ça y’est, je lui ai fait peur. J’attrape un coussin et le serre contre ma poitrine en attendant. Sa réponse arrive quelques minutes plus tard, preuve que ça a dû le faire réfléchir.
- Je ne me fie pas aux apparences. Tu n’es pas faible. Les faibles ne crachent pas sur leur agresseur… maladroite…tu l’es, mais j’aime ça. Tu es maligne, intelligente. C’est vrai, nous ne vivons pas dans le même monde. Tu ne connais pas le