Ajouter un extrait
Liste des extraits
— Alors Don Juan, ça te fait combien de numéros cette semaine ?
Je hausse les épaules sans répondre. Je ne les compte même plus. David se marre et me tape le dos.
— Tu comptes la rappeler celle-là ou pas ?
Franchement je n’en sais rien. Je lève les yeux en direction de l’entrée pour l’apercevoir une dernière fois. Elle est sur le trottoir, en train de fumer. Elle dit au revoir à ce que je pense être sa mère et je les observe partir chacune de leur côté. Elle est mignonne, mal fagotée, mais mignonne. Enfin d’après le peu que j’en ai vu.
— J’en sais rien, peut-être, je verrai bien, je réponds d’un air blasé.
— T’en as pas marre, hein ? raille David.
— De quoi ?
— De te taper une fille différente chaque soir ? T’as pas envie de te poser, d’avoir une relation stable ?
— J’ai vingt-cinq ans, je soupire en levant les yeux au ciel devant cette rengaine que j’ai déjà entendu des centaines de fois, j’ai le temps.
Afficher en entierAujourd'hui, c'est quitte ou double. Je ne compte pas lui courir après éternellement. S'il choisit de me rejeter encore une fois, ce sera la dernière, et plus jamais il ne me reverra. Je n'ai rien à perdre. Ou plutôt, si. Mais il est hors de question que je reste là, à soupirer après lui comme une pucelle désespérée.
Afficher en entierJe suis tellement stupéfait que je le laisse faire quelques secondes avant de réaliser ce qui est en train de se produire.
Et lorsque mon cerveau se remet à fonctionner normalement, je ne peux empêcher ce qui arrive.
Je lui fous mon poing dans la gueule.
Un réflexe. Je n’ai pas réussi à me contrôler. Mais il a au moins reculé de quelques pas, visiblement surpris par mon geste.
— T’es malade, bordel ! grogne-t-il en se tenant la mâchoire. Qu’est-ce qui te prend ?
Il est sérieux là ? Il vient d’essayer de m’embrasser et ne comprend pas ma réaction ?
— Va te faire foutre, je crache. C’est quoi ton problème ?
Je ne peux retenir mon ton haineux. Mais à quoi il pensait ? Je ne suis pas un putain de pédé, et lui non plus, du moins pas que je sache. Il est avec Sierra, ce qui devrait s’expliquer par lui-même.
— Tu m’as pété la mâchoire.
Je dois avouer que j’y suis allé un peu fort. Et je me sens coupable. OK, j’ai peut-être réagi un peu trop brusquement, mais quelle idée aussi de vouloir mettre sa langue au fond de ma bouche. C’est alors que je réalise. Zach m’a embrassé, et pendant une infime seconde, j’ai même répondu à ce baiser. Mais qu’est-ce qui a bien pu me passer par la tête ?
— Excuse-moi, je soupire, et j’attrape un torchon dans lequel j’enferme quelques glaçons avant de lui tendre.
Il l’appose sur sa mâchoire qui a pris une teinte rougeâtre.
— Fais-moi voir ça, j’ordonne en saisissant fermement son menton entre mon pouce et mon index.
Il se laisse faire pendant que j’observe son bleu. Ça n’a pas l’air trop grave. Il écopera juste d’un bel hématome.
Je vais pour enlever ma main lorsque ses doigts agrippent mon poignet.
— Lâche-moi, je crache entre mes dents, en le regardant dans les yeux.
Mais il secoue négativement la tête.
Afficher en entierJe ne sais pas ce qui m’a pris d’accepter. Je n’ai même pas envie d’aller à ce rendez-vous. La seule chose que je veux, c’est m’emmitoufler dans un plaid et passer la soirée à flemmarder devant la télévision.
Mais lorsque je vois un sourire s’épanouir sur le visage d’Alex, je me rends compte à quel point cela lui fait plaisir que j’ai dit oui. Et alors je m’en veux de ne pas y mettre demeilleure volonté. Il est toujours là pour moi, c’est la moindre des choses que de pouvoir lui faire plaisir une fois de temps en temps. Je me sens ingrate. Il me soutient depuis des mois et je suis incapable de montrer un peu d’entrain. Je décide de prendre sur moi et affiche mon sourire le plus radieux.
Afficher en entierJe m'enfonce dans le confortable fauteuil en cuir et souris à ma meilleure amie. Elle a les joues rosies par l'alcool, et ses yeux bruns font le tour de la salle. Je la connais par cœur. Elle est à l'affût. Qui sera le prochain homme à se perdre dans ses filets? Quel est celui avec qui elle passera la nuit, cette fois-ci? Pour oublier son chagrin, oublier l'abandon de ce garçon qu'elle aime tant et qui l'a quittée du jour au lendemain sans aucune explication.
Afficher en entierJe les suis alors qu’ils pénètrent dans l’établissement. Je vais commander une bouteille de vin blanc au bar et récupère trois verres à ballon avant de les inviter à descendre les escaliers pour nous rendre au sous-sol. Nous sommes dimanche, le bar est beaucoup moins bondé que le week-end où l’on est obligés de rester debout, collés les uns aux autres. Ce qui ne me déplait pas non plus ceci dit.
Mes collègues sont tous au fond, quelques-uns assis, d’autres debout à côté d’une petite table en bois, même si la plupart sont déjà en train de danser, leur verre à la main, en renversant la moitié sur le sol. J’invite Alex et Sierra à s’asseoir et leur sers un verre. J’ai l’impression d’être au boulot.
Afficher en entierJe ne sais pas ce qui m’a pris d’accepter. Je n’ai même pas envie d’aller à ce rendez-vous. La seule chose que je veux, c’est m’emmitoufler dans un plaid et passer la soirée à flemmarder devant la télévision.
Mais lorsque je vois un sourire s’épanouir sur le visage d’Alex, je me rends compte à quel point cela lui fait plaisir que j’ai dit oui. Et alors je m’en veux de ne pas y mettre demeilleure volonté. Il est toujours là pour moi, c’est la moindre des choses que de pouvoir lui faire plaisir une fois de temps en temps. Je me sens ingrate. Il me soutient depuis des mois et je suis incapable de montrer un peu d’entrain. Je décide de prendre sur moi et affiche mon sourire le plus radieux. Nous nous installons à table pour manger le risotto. Il est délicieux.
Afficher en entierJ’ai envie qu’il sache que je suis satisfait de ma vie, pourtant. Vraiment. La plupart du temps. Lorsqu’il me laisse un peu de répit avant de venir me hanter, je me sens l’homme le plus heureux du monde. Mais ça ne dure jamais.
Peu importe où il se trouve, j’espère que tout va bien. Et je veux qu’il prenne conscience qu’il fera toujours partie de moi. Que sans lui, je ne serais sûrement pas ici maintenant.
Sans lui, je ne serais rien.
Je souhaite qu’il sache à quel point je lui suis reconnaissant d’être entré dans ma vie. Ouragan incontrôlable, détruisant tout sur son passage, abandonnant dans son sillage mes plus beaux moments, mes plus magnifiques souvenirs, mais aussi mes plus grandes peines.
Et je le remercie chaque jour que Dieu fait.
D’avoir été là.
D’avoir été lui.
Afficher en entierIl n’est pas loin de dix-huit heures lorsque je passe le pas de la porte de notre appartement. Sierra est là, en jogging, en train de lire. Je ne sais pas si je dois râler de la trouver dans cette tenue, ou me sentir heureux qu’elle ne soit pas au fin fond de son lit en train de se morfondre. Je choisis la deuxième solution. Elle semble aller plutôt bien aujourd’hui, peut-être est-elle doucement en train de remonter la pente. C’est ce que j’espère en tout cas.
Afficher en entierUne fois sorti de la douche et après avoir enfilé un pantalon de survêtement, je me glisse sous les draps, prêt à prendre un peu de repos. Je bosse comme un malade et ne dors pas assez. Une fois le service du soir terminé, nous trouvons toujours une excuse pour aller boire un verre dans un des nombreux bars du quartier avec mes collègues, et je termine souvent par me coucher, la tête à l’envers, et rarement seul. Du coup, j’alterne entre nuits de quatre heures de sommeil et sieste l’après-midi. C’est tout juste si je profite de mes jours de congé tellement je suis mort. Ma vie a beau être débridée et loin de celle dont rêvent les gens, je l’aime, et j’y tiens. Je profite de chaque moment. Je ne fais pas de plans sur la comète, et la phrase que je ne supporte pas d’entendre est « où te vois-tu dans dix ans ? ». Je n’en sais foutrement rien, et je m’en balance complètement. Au rythme où je vais, dans dix ans je serai mort. De fatigue, ou d’une cirrhose, ou encore d’un cancer du poumon. Les possibilités sont infinies. Mais je m’en fous.
Afficher en entier