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Les soldats m’ont embarquée pendant la cérémonie du café. Nous venions à peine de commencer.
Assise sur le sol, ma tante faisait griller les grains verts sur le menkeshkesh, le petit poêle utilisé à cet effet. L’odeur du café se mêlait à celles des feuilles d’eucalyptus et de la poudre d’encens que l’on avait mis à brûler à côté. Les yeux fermés, je me laissais bercer par les discussions des femmes.
Quand j’ai entendu le grondement de la jeep, j’ai su que c’était pour moi.
Il y a des moments où vous sentez que tout bascule. L’instant d’avant, le ciel est dégagé, à peine parcouru de quelques nuages blancs qui filent sous votre nez. Et puis, d’un seul coup, sans que vous n’ayez rien vu venir, le ciel s’est transformé en forteresse de nuages.
Je me suis levée d’un bond, j’ai renversé la jebena et le plat en terre cuite, les embabas ont volé sur le sol, petites boules blanches de maïs soufflé, comme autant de fleurs sucrées que personne ne mangerait. J’ai foncé en direction de la porte d’entrée. Je savais que c’était inutile, mais je ne voulais pas me laisser attraper sans lutter.
Dans le fourgon, il y avait cinq autres jeunes de mon âge. Je n’ai plus jamais bu de café.
Afficher en entier«Faire avec l'existant. Même avec le pourri, le moche, l'injuste. Même avec la mort, la maladie, la déception. L'absence.»
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