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Il fait encore nuit, lorsque j'arrive au pont. De la brume dissimule l'eau en contrebas.
La pluie commence à tomber, et vite fort. Je claque des dents. Ça a dû être pareil pour lui.
Afficher en entier« C'est impressionnant les bobards que l'ont peut se raconter. Encore plus impressionnant, les bobards que l'on peut croire si l'on est assez désespéré. »
Afficher en entierJe t’aime, Cornichon. Ne l’oublie jamais. Jamais, tu m’entends ?.
Afficher en entier« On a tous des secrets, Jem. C'est ce qui rend les gens intéressants. »
Afficher en entierÀ la fin de la troisième, je m’étais concocté une nouvelle théorie : Allander Park était un zoo, et chaque élève incarnait un représentant du règne animal. J’avais pris le plus grand soin à classer chaque membre du Groupe Populaire par espèce. (Kai avait beau dire que j’avais vraiment du temps à perdre, il mettait toujours son grain de sel.)
Lucas Mahoney était le plus facile à répertorier. Il était clairement un lion. Il en avait même la crinière – bon, d’accord, avec plus de gel qu’un lion. Blond et baraqué, il passait son temps à se pavaner comme le roi de la putain de savane. Toutes les minettes du bahut craquaient pour lui à un moment ou à un autre. Sauf moi. Et les lesbiennes planquées parmi nous.
Kai trouvait que Sasha Evans était la lionne du groupe – elle sortait avec Lucas, après tout. Mais c’était mon délire, alors c’était à moi d’en décider. Cette nana m’évoquait plus un léopard – ondulant et sexy. Elle avait des cheveux colorés brun chaud, et un corps parfait. Je la détestais.
Stu Hicks était le bouffon officiel d’Allander Park. Il aimait jouer avec la nourriture. Oui, il était ce genre de gars – le genre à fourrer des frites dans son nez pour faire marrer les filles. Et elles riaient, comme si elles l’avaient trouvé super drôle… Il était plus petit que les autres mecs, mais maigre et musculeux, sans doute à cause des arts martiaux. J’ai fini par opter pour un chimpanzé… Les chimpanzés dégagent tous quelque chose d’un peu sinistre.
Bugs était le mec spé du groupe. Gigantesque et roux, il évoquait une grosse tranche de viande avec du moisi orange dessus. Il était l’une des stars de l’équipe de rugby, ce qui ne suffisait pas à faire de vous quelqu’un de populaire, en général. Peut-être était-il l’exception qui confirmait la règle ? Il avait tout le temps une fille pelotonnée dans ses bras, en tout cas, ce dont les autres mecs semblaient se contrefoutre. Tous savaient qu’il ne serait jamais un rival – pas vraiment. Bugs entrait dans la catégorie des ours. Un ours super inutile dont la race aurait dû s’éteindre depuis des siècles.
Et Amber Sheldon… Des cheveux roux teints, des seins énormes, et un rire idiot haut perché qui me donnait des envies de meurtre : un perroquet coloré et bruyant. Un du genre à s’arracher ses propres plumes sans s’en rendre compte.
J’avais secrètement décrété que Louise était un serpent, mais sans le dire à Kai, bien sûr. Ce choix n’avait aucune justification, en dehors du fait que je détestais vraiment les serpents.
Afficher en entierJ’ai jeté un coup d’œil dans la grande enveloppe pour voir si elle ne contenait pas autre chose, persuadée qu’il y avait un truc coincé dans le pli du bas : un oiseau en origami absolument magnifique fabriqué dans du papier à lettres. Noté dessus en petites majuscules, on pouvait lire :
« JE SUIS LE PETIT OISEAU ORIGAMI DE LA JOIE. JE NE SUIS PAS, JE RÉPÈTE, JE NE SUIS PAS UN JOUET ! JE SUIS LÀ POUR TE RÉCONFORTER QUAND TU ES DÉPRIMÉE, ALORS, SOURIS, PUTAIN, ESPÈCE DE DÉBILE ! »
Je n’ai pas pu m’empêcher de rire. Du Kai tout craché.
Afficher en entierJe t'aime, Cornichon. Tu vas réaliser de grandes choses dans cette vie - assez grandes pour nous deux.
Ton meilleur ami, pour toujours.
KAI XXX
Afficher en entierIl me manque tellement. Ça ne devient pas plus facile. Peu importe ce que les gens disent, le temps ne guérit pas les blessures. Il vous montre simplement de nouvelles, et encore plus douloureuses manières de souffrir de l’absence de quelqu’un. Plus cette personne est partie depuis longtemps, pire c’est, parce qu’on commence à oublier son sourire, sa façon de pencher la tête lorsqu’elle réfléchissait, de vous regarder et de deviner ce à quoi vous pensiez. Les photos ne la font pas du tout revivre non plus. Bientôt, on se met même à avoir la sensation que les vrais souvenirs ont été remplacés par des images photographiques – comme si la seule façon de se rappeler cette personne se trouvait désormais sur un cliché, et qu’elle devenait bidimensionnelle. Et vu comme ça déchire le cœur rien que d’y penser, on évite de le faire.
Afficher en entierJ’ai posé ma trousse à maquillage près du lavabo le plus éloigné de la porte avant de me jeter un coup d’œil dans le miroir. Mon reflet continuait de me surprendre. C’était comme de contempler quelqu’un d’autre. Cette impression durait chaque fois quelques secondes. Mais ensuite, je m’apercevais, juste là, sous la surface, à lutter pour ne pas sombrer.
Afficher en entier"Kai est mort il y a tout juste un an. J'ai vécu sans lui sur cette planète pendant trois cent soixante-cinq jours.
Trois cent soixante-six seraient vraiment trop"
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