Extraits

Ce n’est pas l’histoire d’un homme accusé à tort, car au final, ça ne changerait rien. Quitter ce trou à rats ne mènerait pas à la rédemption. Être libre ne me rendrait pas mon fils.

Du moins, c’est ce que je crois jusqu’au moment où le maton, un type un peu bizarre qu’on surnomme Boucly, vient m’annoncer :

— Tu as de la visite.

Rien de tout ça n’était vrai, mais à quoi bon protester ? C’est moi qui ai découvert mon fils Matthew dans son pyjama de super-héros Marvel cette nuit-là. Le choc a été dévastateur. Je n’ai pas réussi à me relever depuis, et je ne pense pas que j’y arriverai un jour.

La perpétuité au sens métaphorique.

« J’ai à peine réagi à la lecture du verdict. On en a déduit que je devais être un sociopathe, un psychopathe, bref quelqu’un de mentalement dérangé. Dépourvu de sentiments, selon les médias. Dénué d’empathie, incapable d’éprouver du remords, j’avais le regard vide… Je collais on ne peut mieux au stéréotype de l’assassin. Rien de tout ça n’était vrai, mais à quoi bon protester ? C’est moi qui ai découvert mon fils Matthew dans son pyjama de super-héros Marvel cette nuit-là. Le choc a été dévastateur. Je n’ai pas réussi à me relever depuis, et je ne pense pas que j’y arriverai un jour.

La perpétuité au sens métaphorique. »

- Écoute normalement je devrais te faire un laïus comme quoi si j'arrive à m'évader... Attends, laisse-moi finir... Si j'arrive à m'évader, tu seras complice d'un criminel, ce qui est un délit en soi. Je devrais te dire que c'est mon combat, pas le tien, mais je ne peux pas faire ça. Mes chances sont nulles sans toi.

- C'est mon neveu, répond-elle en se redressant légèrement.

Elle n'a pas dit "c'était". Elle parle au présent. Donc elle y croit. Mon Dieu, nous sommes deux à croire que Matthew est toujours vivant.

Coupable ou non du meurtre en lui-même, je suis fautif, et c’est à moi de payer.

J’ai à peine réagi à la lecture du verdict. On en a déduit que je devais être un sociopathe, un psychopathe, bref quelqu’un de mentalement dérangé. Dépourvu de sentiments, selon les médias. Dénué d’empathie, incapable d’éprouver du remords, j’avais le regard vide… Je collais on ne peut mieux au stéréotype de l’assassin.

Vous vous demandez comment je peux clamer mon innocence ?

Mais parce que je suis innocent.

L’ai-je crié haut et fort ? Me suis-je battu pour le prouver ?

Pas vraiment. Ça m’était égal qu’on me juge coupable. Je sais que ça paraît fou. Seulement voilà : mon fils est mort. Mort, disparu à jamais, et la décision du jury n’y aurait rien changé. Coupable ou non, je n’ai pas su le protéger. J’ai failli à mon rôle de père. Même si je n’ai pas manié l’arme qui a transformé son visage adorable en une bouillie ensanglantée lors de cette nuit de cauchemar, je ne l’ai pas arrêtée non plus. Je n’ai pas fait mon boulot de père.

J’en suis à ma cinquième année de détention : condamné à perpétuité pour avoir assassiné mon propre enfant.

Attention, ne vous méprenez pas, je n’ai rien fait de tel.

Mon fils Matthew avait trois ans au moment de sa mort brutale. Il était toute ma vie, puis du jour au lendemain, il n’était plus, et moi, j’ai pris perpète. C’était de toute façon une sentence à perpétuité, de perdre mon enfant, même si je n’avais pas été arrêté, jugé et condamné.

Mon père, le flic de terrain, me disait souvent: "Il ne faut pas attendre d'être parfait pour commencer quelque chose de bien".