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L'espoir, c'est comme un éclat de verre planté dans ton pied. Tant qu'il reste enfoncé dans ta chair, il te fait souffrir à chaque pas. Tandis que si on te l'enlève, ça saignera pendant un moment, ça prendra un bout de temps avant que la plaie ne soit guérie, mais, au bout du compte, tu pourras réapprendre à marcher normalement.
Afficher en entier- Cela fait un an que je n'ai plus vu Josy.
Telles furent les dernières paroles que Viktor put encore entendre distinctement de la part de Grohlke. Et, d'un coup, tout devint clair. Durant un bref instant, il comprit ce qui s'était passé. L'horrible vérité lui apparut de manière fugitive, comme dans un rêve. Et elle lui échappa tout aussi vite. Pendant une fraction de seconde, il comprit tout. La maladie de Josy. Pourquoi elle avait tant dû souffrir ces derniers mois. Soudain, il vit ce qui s'était passé. Ce qu'on lui avait fait. Il s'étrangla lorsqu'il comprit qu'ils allaient à présent le poursuivre, lui aussi. Ils le trouveraient, tôt ou tard. Il le savait. Mais très vite, tout cela disparut à nouveau. Irrémédiablement, comme une goutte d'eau emportée par le courant.
Viktor se plaque les mains contre les tempes. L'atroce sifflement était désormais tout proche et devenait intolérable. On aurait dit les gémissements de quelque créature qu'on aurait torturée, cela n'avait plus rien d'humain. Et ce bruit ne cessa que lorsqu'il referma enfin la bouche.
Afficher en entierLa vérité est comme un puzzle, à ceci près que le nombre d'éléments qui la constituent n'est pas connu à l'avance. Or elle ne peut apparaître qu'une fois que tous les morceaux de la mosaïque ont été assemblés.
Afficher en entier- Tu sais quoi, Viktor ? L'espoir, c'est comme un éclat de verre planté dans ton pied. Tant qu'il reste enfoncé dans ta chair, il te fait souffrir à chaque pas. Tandis que si on te l'enlève, ça saignera pendant un moment, ça prendra un bout de temps avant que la plaie soit guérie, mais, au bout du compte, tu pourras réapprendre à marcher normalement. C'est ce qu'on appelle le deuil. Et je crois que tu devrais finir par t'y mettre.
Afficher en entierDu doute à la certitude, il n'y a qu'un pas, celui qui sépare la vie de la mort.
Afficher en entier— Je crois qu’il s’appelle Albert, murmura-t-elle comme pour elle-même.
Viktor l’avait entendue.
— Pourquoi Albert ?
— Parce que c’est un vieux monsieur et qu’il est tout seul.
— Ah… Et les vieux messieurs tout seuls s’appellent Albert ?
— Oui, s’était-elle contentée de répondre, mettant ainsi un terme à la conversation.
Afficher en entierLorsque la demi-heure fut écoulée, il sut qu'il ne reverrait jamais sa fille. Elle avait ouvert la porte, s'était retournée une dernière fois vers lui, puis était entrée dans la pièce où l'attendait le vieil homme. Mais Joséphine, sa fille de douze ans, ne devait plus en sortir. Il en était certain. Plus jamais il ne reverrait son sourire radieux, le soir, quand il allait se coucher. Plus jamais il n'éteindrait sa petite lampe de chevet aussitôt après qu'elle se fut endormie. Et plus jamais il ne serait réveillé au milieu de la nuit par ses cris stridents. Cette certitude s'imposa brutalement à lui, le laissant en état de choc.
Afficher en entierAu lieu de cela, Larenz épuisait toutes les forces qui lui restaient à empêcher que l'insupportable certitude qu'il portait en lui remontât jusqu'à sa conscience. La vérité était déjà évidente. Elle était là, devant lui, tel un noyé qui n'aurait été séparé de ses sauveteurs que par une fine couche de glace. Mais cette glace, Viktor Larenz n'était pas prêt à la briser.
Du moins, pas encore.
Afficher en entierViktor n'était pas préparé à ça. Le sentiment d'horreur qui l'envahissait n'était tempéré que par le froid glacial qui émoussait ses sens. Il aurait eu envie de se lever et de courir aux toilettes pour vomir. Mais il n'en avait pas la force.
Afficher en entier- Vous savez, pendant les années qui ont suivi la disparition de Josy, j'ai cru qu'il n'y avait rien de pire que de ne pas savoir. Quatre années sans la moindre piste, le moindre signe de vie. Parfois, j'en venais à espérer que le téléphone sonne et qu'on m'annonce où se trouvait son cadavre. Je croyais vraiment qu'il n'y avait rien de plus horrible que de vivre ainsi entre doute et certitude. Mais je me trompais. Car savez-vous ce qui est encore plus affreux ?
Le docteur Roth le regarda avec curiosité.
- La vérité, murmura Viktor. La vérité !
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