Extraits

- Regarde-moi. Respire. C'est ça. Respire simplement. Ils ne te connaissent pas.

- Tu ne me connais pas non plus, répliqua Sloane avec brusquerie.

- J'en sais assez. Je connais également ce boulot. C'est facile pour eux de dire des conneries alors que ce ne sont pas eux qui sont là, dehors, à mettre leur vie en jeu, à prendre des décisions difficiles. Ils ne voient pas ces visages quand ils ferment les yeux. Ils n'ont pas à vivre avec la culpabilité. Tout ce qu'ils veulent, c'est te voir comme un animal dangereux, puis te regarder échouer et leur prouver qu'il ont raison. Ne leur donne pas cette satisfaction. Tu vaux mieux que ces connards et tu le sais.

Ses paupières devinrent lourdes alors que son monde se remplissait de sirènes et de cris. Des agents Défense avec des fusils se déversèrent des camion, des officiers des FPH sécurisèrent le périmètre, armes à la main. Son partenaire n'avait pas seulement rameuté la cavalerie pour lui, mais toute l'armée, bon sang! Quelque chose souffla au-dessus de Dex, et il tendit le bras, à peine conscient de sa main qui tremblait violemment. Sloane apparut devant lui et malgré la douleur que cela amena à ses lèvres, Dex ne put s'empêcher de sourire quand son partenaire posa son museau dans sa paume, son ronronnement - pareil à celui d'une tronçonneuse - envoyant des vibrations le long de son bras.

Malgré sa vision floue et l'obscurité qui rampait autour de lui, Dex n'arrivait pas à comprendre comment quelqu'un pouvait détester une si belle âme. Il roula légèrement sur le dos, son corps entier brûlant de douleur alors qu'il frissonnait violemment. Puis tout à coup, il eut plus chaud. Sloane était allongé contre lui, sa queue enroulée de façon protectrice autour de ses jambes, de la chaleur émanant de sa fourrure et de sa masse. Il posa doucement sa tête contre celle de Dex.

Sloane à Dex

- Ce qui se passait là-bas n'avait rien à voir avec la nourriture, sauf si tu faisais partie du menu. Ce mec était à deux doigts de te sauter dessus.

- Quoi? Pas du tout. Nous parlions seulement de chocolat et de café con leche.

Sloane s'arrêta net.

- Tu n'es pas sérieux, n'est-ce pas? Tu ne peux pas être aveugle à ce point.

- A quoi?

Les yeux écarquillés de son coéquipier lui apprirent que si, en fait. Comment un mec comme Dex pouvait-il être aussi naïf? Hudson qui ne cessait de le dévorer des yeux ; ce therian dans la cuisine qui le déshabillait du regard? Merde, Sloane avait même surpris Letty en train de mater le cul de Dex à plus d'une occasion. Et pourtant, celui-ci ne semblait pas le remarquer.

- au fait qu'il ne parlait pas d'aller prendre un verre, espèce d'idiot. Il voulait que tu sois le leche de son café.

Dex s’assit à nouveau, accentuant sa moue boudeuse à son maximum, et les épaules basses. Il inclina la tête, les yeux légèrement écarquillés. Oh, il était doué. Sloane devait bien l’admettre. Même Maddock n’était pas immunisé contre ce visage.

- Seigneur Dieu, donne-moi la force. Très bien. Qu’est

Cael se retourna pour foudroyer Sloane du regard.

Oh oh.

- Quoi ? demanda Sloane en mettant les clés dans la poche de son jean, soigneusement plié dans son casier. C’est si grave que ça ?

- Grave ?

Cael leva les bras au ciel.

- Cette voiture, c’est comme son putain de môme. Il ne laisse personne la conduire. Pas moi, pas papa, même pas son ex.

Dex laissa échapper un grognement. Il était trop tard pour tourner les talons. Six mois trop tard. Il se redressa et arracha une serviette en papier du distributeur automatique.

— Vous voulez que je me batte avec vous ?

— À en juger par les ecchymoses sur ta lèvre et les coupures sur ton visage, je dirais que c’est un concept qui ne t’est pas totalement étranger.

Dex ouvrit la bouche et Sloane leva rapidement une main pour l’arrêter.

— Je m’en fiche. Tu es au boulot maintenant, et quand tu es au boulot, ton cul m’appartient. Tu as un problème avec ça ?

— Non. Seulement, je ne m’attendais pas à me le faire défoncer dès le premier jour.

— Vous mangez des Cheesy Doodles à votre bureau, l’informa McGrier.

Comment étaient-ils passés du gel pour les cheveux aux chips soufflées au fromage ?

— Eh, ne critiquez pas les bienfaits des croustilles au fromage. Vous êtes toujours en train de manger des pistaches – ce qui, soit dit en passant, est plus salissant – et vous ne m’entendez pas en dire du mal.

Dex hocha la tête vers la zone de guerre composée de minuscules coquilles sur le bureau devant McGrier.

— Les enfants mangent des Cheesy Doodles. Les hommes adultes mangent des noix.

Dex haussa un sourcil et ouvrit la bouche seulement pour se retrouver avec le doigt de McGrier pointé vers lui.

— N’y pensez même pas, petit malin.

— J’allais seulement dire que les hommes adultes mangent aussi des Cheesy Doodles. C’est pour ça qu’ils mettent extrême sur les emballages. Et des explosions. Qu’y a-t-il de plus viril que des explosions ?

McGrier pinça les lèvres et Dex traduisit ce geste comme une forme de désapprobation, alors il décida d’être sérieux un moment.

— Très bien, Monsieur, vous ne m’avez pas appelé dans votre bureau pour parler de ma garde-robe, des Cheesy Doodles ou de mon amour des noix.

Eh bien, il avait essayé. À en juger par la mine renfrognée de McGrier, il avait échoué.

— Mais… comment ? Pourquoi ? Peut-être que vous pouvez, je ne sais pas, expliquer ? Je me sens un petit peu lent aujourd’hui. Un coup de trop à la tête, sûrement.

McGrier se leva et commença à arpenter la pièce.

— Daley, quoi que vous puissiez penser, je vous aime bien. Vous êtes un honnête jeune homme avec une bonne tête sur les épaules. Vous étiez un sacré bon flic et vous êtes devenu un inspecteur encore meilleur. Les choses se tasseront peut-être par ici, ou peut-être pas, mais je pense que vos compétences seraient mieux adaptées à une organisation qui a une manière différente de faire les choses. Nous savons tous les deux que si les costards-cravate, comme vous dites, essayaient de vous mettre dehors ou de vous rétrograder, ils perdraient les votes therians, mais s’ils vous offraient une promotion dans une organisation avec la réputation de soutenir à la fois les Humains et les Therians, ce serait une situation gagnant/gagnant pour tout le monde.

— Ouais, si j’avais essayé d’entrer chez eux, ce qui n’est pas le cas. Pour l’instant, c’est une situation gagnant/c’est quoi ce bordel.

” Sloane ne lui faisait pas de promesses, ne lui offrait pas une relation, juste une possibilité de voir ce qui pouvait être. Si Dex n’était pas prudent, il finirait pas tomber de haut, et ce serait mauvais pour eux deux. Pour l’instant, il allait se contenter de rendre à Sloane ses baisers affamés et d’en tirer ce qu’il pouvait.”