Extraits

Spoiler(cliquez pour révéler)Ma chère maman, je suis désolée de ne pas t'avoir donné de nouvelles plus tôt. Au début je ne savais pas comment m'adresser à toi et j'avais peur que ce soit une façon de confirmer ta mort. Ce qui est idiot, puisque de toute façon tu es morte. Mais j'ai eus un mal fou à m'y faire.

(...........)

Je t'aime, maman. Si tu savais comme tu me manques ! Dis à Marine que je l'aime et que son petit gazouillis me manque.

J'étais en train de siroter une limonade que maman avait préparée parce qu'elle était rentrée du bureau plus tôt. Elle avait même acheté des framboises fraîches - un fruit qu'on pouvait rarement se permettre - pour le plaisir d'en faire tomber deux ou trois au fond du verre. La porte d'entrée était ouverte et la maison paraissait plongée dans l'obscurité derrière la moustiquaire. Tout le quartier était dehors, les gens jouaient ou travaillaient à l’extérieur pour profiter de la douceur du début de la soirée.

C'était le bonheur. Un jour ordinaire, comme le lendemain, le surlendemain... mais c'était le bonheur.

Un homme expliquait que son fils avait été littéralement aspiré hors de sa chambre alors qu'il cherchait une station de radio météo. Une femme ajouta qu'elle n'avait plus de nouvelles de son mari qui revenait de son travail en voiture. Un autre, au contraire, se demandait si sa femme qui était de service dans l'unité de pédiatrie de l'hôpital était saine et sauve. Un autre encore avait entendu des coups et des cris sous une voiture, et il était sûr qu'il avait des voisins bloqués chez eux. Quant aux maisons... tout le monde avait perdu la sienne, alors dans de telles conditions, où aller ? Que faire ?

C'était en train de devenir une obsession : que faire ?

"Quand Marine était née, mamam m'avait expliqué que la famille n'était pas liée par le sang, mais par les sentiments et le cœur. Sur le moment, ça m'avait attristée, car elle avait banni de son cœur mes grands-parents, et elle m'avait privée, moi, de ma famille. J'avais l'impression d'être sans attaches, seule, privée de repères, ne sachant d'où je venais exactement.

Clay avait raison. Il n'était pas de ma famille car je n'avais pas de place pour lui dans mon cœur. Pour mes grands-parents, oui, car ils m'avaient toujours réservé un espace. Et moi? Je ne savais pas encore quand, ni jusqu'où j'étais prête à ouvrir mon cœur, mais si je voulais avoir la famille que je n'avais jamais eue, il suffisait que j'ouvre ma porte et que je les laisse entrer."

"J'avais l'impression que ça allait être pareil avec tous les gens que je connaissais - je ne pourrais pas leur dire au revoir. Au début ils se demanderaient comment j'allais, mais avec le temps ils penseraient de moins en moins à moi. Ils vivraient leur vie. Finiraient par m'oublier. Loin des yeux, loin du cœur...

C'est dur de perdre des personnes qui vous sont chères. Ça arrive à tout le monde, cela dit. Mais les perdre parce que peu à peu vous disparaissez..."

"-Tu diras à Dani que ce qui lie un frère et une sœur, ce n'est pas le sang, c'est le cœur."

"La vérité est une forme de soulagement, même quand elle est laide à voir."

"J'ai filé, vite, le plus vite possible. Je ne pouvais plus supporter qu'on me dise "Je suis désolé". Qu'est-ce que ça voulait dire, Je suis désolé, quand la personne en face de vous venez de perdre quelqu'un? Ce ne serait pas plus juste de dire Je suis reconnaissant? Sous-entendu, Je suis reconnaissant d'avoir été épargné? En tout cas ce serait plus proche de la vérité. "

La famille n’était pas liée par le sang, mais par les sentiments et le cœur.