Commentaire de Cosma-Shiva

Je ne pensais pas autant apprécier ces trois contes philosophiques, n'en ayant pas lu depuis bien longtemps, je n'en avais pas un souvenir très plaisant. Pourtant, j'ai véritablement adoré et lu ce livre en une traite. La forme du conte facilitant une lecture rapide, il permet également de poser les bases d'une réflexion, d'une dénonciation de la part des auteurs, et ce de manière très efficace.

Le premier conte est sans doute celui qui a été le moins intéressant selon mon avis personnel, Voltaire nous offre en effet ici un récit initiatique de voyage très épuré de tout élément narratif superflu. Son personnage, Scarmentado, voyage rapidement de pays en pays pour se retrouver dans des situations difficiles d'où il réchappe pour trouver pire encore ensuite. Le récit se conclut sur le bonheur de ne jamais s'éloigner de chez soi et d'être cocu plutôt que de parcourir un monde peuplé de despotes, ce qu'on peut sans doute rapprocher de la situation de l'auteur au moment de la rédaction de son ouvrage. L'extrême simplicité de l'intrigue et du style permettent de mieux faire passer la critique sous-jacente qui concerne les systèmes politiques de l'époque, les religions et la répartition des biens et honneurs qui ne se fondent absolument pas sur le mérite. Rapide et efficace donc, mais un poil trop simple à mon goût.

Ensuite vient Ziméo de Saint-Lambert qui est un conte construit d'une manière extrêmement intelligente selon moi. En effet, au lieu d'écrire un essai pour critique l'esclavage et les traitements inhumains subis par les noirs victimes du commerce triangulaire, l'auteur part du témoignage d'un nègre réduit en esclavage pour faire prendre conscience des horreurs subis par ces peuples. Le procédé est efficace, le style est juste et fait ressentir une réelle empathie pour le personnage. L'apport personnel de Saint-Lambert à la fin de son conte pose des questions humanistes qu'il n'est pas inutile de rappeler encore de nos jours.

Enfin, Diderot m'a aussi beaucoup touchée dans son conte Madame de la Carlière, tant la critique des comportements humains est vivace et peut parler à chaque lecteur. Passer par le récit de la descente aux enfers d'un homme et d'une femme qui finissent par se déchirer, par faiblesse pour l'un et par orgueil pour l'autre, permet réellement de comprendre les intentions de l'auteur et la leçon qu'il cherche à faire entendre.

Finalement, ces contes permettent de se rendre compte de l'efficacité du genre pour permettre l'argumentation d'une idée chère à l'auteur. Je trouve dommage que tant de personnes ne soient pas touchées par la tristesse de ces témoignages (les deux derniers surtout), mais j'imagine que le style du XVIIIème siècle ne doit pas aider à la compréhension. Ne vous découragez pas, cela vaut le détour !