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La maison de Juliette Desrochelles est sous les arbres, sur une colline, tout près de là, de pierres grises, au toit de tuiles plates, avec un petit jardin devant, un plus grand derrière. Il y a beaucoup de fleurs.

Quand Mathilde est dans la maison, assisse dans sa trottinette, qu'on en a fini des supplications, des larmes et des bêtises, elle demande à Juliette Desrochelles, sa future belle-mère, de la pousser jusqu'au jardin de derrière, où Manech est en train de peindre, et de la laisser seule avec lui un moment. Il est prévenu de sa visite. On lui a dit qu'une jeune fille qu'il a beaucoup aimée vient le voir. Il a demandé son nom, qu'il a trouvé beau.

Quand Juliette Desrochelles et Sylvain se retirent, Mathilde est à vingt pas de lui. Il a les cheveux noirs, tout bouclés. Il lui paraît plus grand qu'elle ne s'en souvenait. Il est devant une toile, sous un appentis. Elle a bien fait de ne pas se mettre du noir sur les cils.

Elle essaye de s'approcher de lui, mais le chemin est de gravier, c'est difficile. Alors, il tourne la tête vers elle et la voit. Il pose son pinceau et s'approche, et plus il s'approche, plus il s'approche, plus elle se félicite de n'avoir pas mis de noir à ses yeux, elle ne veut pas pleurer mais c'est plus fort qu'elle, un moment elle ne le voit plus venir qu'à travers des larmes. Elle s'essuie vite. Elle le regarde. Il est arrêté à deux pas. Elle pourrait tendre la main, il s'approcherait encore, elle le toucherait. Il est le même, amaigri, plus beau que personne, avec des yeux comme Germain Pire l'a écrit, d'un bleu très pâle, presque gris, tranquilles et doux, avec quelque chose au fond qui se débat, un enfant, une âme massacrée.

Il a la même voix qu'avant. La première phrase qu'elle entend de lui, c'est terrible, il lui demande: "Tu peux pas marcher?"

Elle bouge la tête pour dire non.

Il soupire, il s'en retourne à sa peinture. Elle pousse sur ses roues, elle se rapproche de l'appentis. Il tourne à nouveau les yeux vers elle, il sourit. Il dit: "Tu veux voir ce que je fais?"

Elle bouge la tête pour dire oui.

Il dit: "Je te montrerai tout à l'heure. Mais pas tout de suite, c'est pas fini."

Alors, en attendant, elle s'adosse bien droite dans sa trottinette, elle croise les mains sur ses genoux, elle le regarde.

Oui, elle le regarde, elle le regarde, la vie est longue et peut porter encore beaucoup plus sur son dos.

Elle le regarde.

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"Mathilde ne sait si Manech l'entendait, dans le brouhaha de son enfance, dans le fracas des grandes vagues où elle plongeait à douze ans, à quinze ans, suspendue à lui. Elle en avait seize quand ils ont fait l'amour pour la première fois, un après-midi d'avril, et se sont juré de se marier à son retour de la guerre. Elle en avait dix-sept quand on lui a dit qu'il était perdu. Elle a pleuré beaucoup, parce que le désespoir est femme, mais pas plus qu'il n'en fallait, parce que l'obstination l'est aussi. Il restait ce fil, rafistolé avec n'importe quoi aux endroits où il craquait, qui serpentait au long de tous les boyaux, de tous les hivers, en haut, en bas de la tranchée, à travers toutes les lignes, jusqu'à l'obscur capitaine pour y porter des ordres criminels. Mathilde l'a saisi. Elle le tient encore. Il la guide dans le labyrinthe d'où Manech n'est pas revenu. Quand il est rompu, elle le renoue. Jamais elle ne se décourage. Plus le temps passe, plus sa confiance s'affermit et son attention. Et puis, Mathilde est d'heureuse nature. Elle se dit que si ce fil ne la ramène pas à son amant, tant pis, c'est pas grave, elle pourra toujours se pendre avec."

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En vraie femme, elle s'est parée du mieux qu'elle a pu, en blanc pour faire fraîche, un peu de rouge aux lèvres pour la circonstance, les sourcils faits, les dents éclatantes, mais surtout pas de noir pour allonger les cils, elle sait ce que ça donne quand on craque.

[...] Quand Juliette Desrochelles et Sylvain se retirent, Mathilde est à vingt pas de lui. Il a les cheveux noirs, tout bouclés. Il lui paraît plus grand qu'elle ne s'en souvenait. Il est devant une toile, sous un appentis. Elle a bien fait de ne pas se mettre du noir sur les cils.

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Ce que je veux vous dire, c'est peu importe comment je gagnais l'argent pourvu qu'on soit ensemble et qu'on soit heureux, que c'était finalement pareil que vous avec votre fiancé, parce que c'est pareil pour tout le monde, ça fait le même bien, le même mal.

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Et puis voilà, le Bon Dieu fait bien les choses : à la guerre, Kléber et Biscotte, nés tous les deux dans le quartier, se sont retrouvés dans le même régiment, bientôt dans la même compagnie. La Marne, la Woëvre, la Somme, Verdun, ils ont tout souffert ensemble, et quand l'un revenait en permission, il donnait des nouvelles de l'autre, il essayait de raconter aux clients la tranchée, mais il buvait son verre en regardant Petit Louis avec des yeux tristes, visiblement pour quémander qu'on parle d'autre chose, parce que la tranchée, voyez-vous, ne se raconte pas, c'est pas tranquille, ça pue, mais c'est la vie malgré tout, plus fort qu'en n'importe quel putain d'endroit, et personne ne peut le comprendre qui n'y a pas plongé, avec les camarades, ses pompes dans la boue.

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Pierre-Marie dit : "Ma petite Matti, pardon de te faire du mal. Tu savais qu'il était mort. Quand tu voudras, je te conduirais là-bas moi-même, avec Sylvain."

Longtemps après qu'il a coupé la communication, Mathilde a le front posé sur la console, elle tient encore dans sa main l'écouteur, qu'elle essaie de raccrocher en aveugle, qu'elle laisse retomber au bout de son fil. Elle ne pleure pas. Elle ne pleure pas.

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Mais il fallait qu'il soit tombé bien bas pour s'imaginer que la méchanceté humaine a des limites, le pire c'est ce qu'elle invente encore le plus volontiers.

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Les hommes dès qu'ils sont ensemble, qu'ils ont trente comme cinquante ans, c'est plus fort qu'eux, ils redeviennent des enfants.

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Des larmes coulent sur ma figure, mademoiselle, mais c'est la fatigue, c'est la maladie. Ne les regardez pas, ce sont des larmes d'après la misère, elles n'ont plus de signification.

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Attention au fil.

Ils avançaient,la tête nue, vers les tranchées de première ligne, les cinq soldats français qui faisaient la guerre, les bras liés avec de la corde détrempée et raidie comme le drap de leur capote, et sur leur passage, quelquefois, une voix s'élevait, une voix tranquille, jamaislamême,une voix neutre qui disait attention au fil.

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