Extraits

Qu’est-ce qu’il se serait passé si j’avais été trop défoncé pour appeler une ambulance ?

Qu’est-ce qu’il se serait passé si c’était moi qui avais pris ces cachets ou si on en avait pris tous les deux ? Est-ce que je serais dans le même état que Kyle, là ? Qui aurait appelé une ambulance pour nous ?

Est-ce que Kyle est en train de mourir ? Qu’est-ce que je vais devenir s’il meurt, putain !

Pour la première fois en huit ans, Christie pria. Il pria avec toutes ses tripes. S’il vous plaît, mon Dieu, faites qu’il survive… Je jure que je ne ferai plus jamais la fête, que je ne prendrai plus jamais de drogue ou d’alcool… Faites que Kyle vive !

Le sketch prenait forme sur le grand écran à mesure que le stylet de Christie dansait avec fluidité sur la tablette Wacom, donnant au paysage vallonné ainsi qu’aux nuages qui tourbillonnaient au-dessus un petit effet hachuré. C’était bon.

On lui avait confié l’identité visuelle d’une jeune exploitation laitière biologique, son boss plaisantant sur le fait qu’il était parfait pour le job étant donné l’endroit où il vivait. Il ne croyait pas si bien dire : en regardant simplement par la fenêtre, Christie s’était senti l’inspiration de dessiner.

David posa son balai et rejoignit la boîte. Cette fois, il s’en choisit un aux pépites de chocolat, qui fondit pratiquement dans sa bouche. Il se sentait… exalté. Nerveux. Il avait l’impression d’avoir fait quelque chose de complètement fou ou de particulièrement chanceux. Le temps lui permettrait sûrement de trancher, mais il était définitivement impatient de manger davantage de nourriture de la qualité de ce poulet.

Il siffla les chiens et referma les lourdes portes de la grange en laissant le camion à l’intérieur pour la nuit. Ça ne ferait de mal à personne après tout. Une fois chez lui, il mit à chauffer de l’eau pour le thé, colla un bol de soupe au micro-ondes pour un déjeuner tardif, avant de rejoindre le salon.

Il hésita, chercha le regard de Christie.

— Merci d’avoir cuisiné quelque chose de spécial comme ça. Je voulais que vous sachiez que j’apprécie vraiment.

Il y avait une telle chaleur dans ses yeux qu’il avait l’impression de recevoir sa gratitude emballée dans un joli papier cadeau. Toutes les excuses ou les platitudes qui lui vinrent à l’esprit lui semblèrent triviales en comparaison. Ça m’amuse. Ça me fait plaisir d’avoir de l’aide pour les courses. J’aime avoir de la compagnie. J’aime votre compagnie… Eh merde, il le pensait vraiment. Il ne devrait pas, mais c’était bel et bien le cas. Il était en train de tomber pour David Fisher.

Il murmura un « À votre service ».

Après cela, ils se concentrèrent sur leur assiette.