– Ok, à l’évidence, le hot yoga, ce n’est pas votre truc. – Non, en effet. Au bout du compte, je me sens encore plus stressé qu’avant, et même un peu violé, plaisanta-t-il.

– Vous êtes super-tendu, fit remarquer le moniteur en s’approchant de Graham pour l’aider.
– Oh non, ce n’est pas la peine de… commença Graham. Mais c’était trop tard. Toby l’aidait à bien positionner ses hanches.
– Détendez-vous, dit Toby de sa voix apaisante. Détendez-vous.
– Pas si facile de se détendre quand un inconnu vous touche le… Soudain, Graham ouvrit de grands yeux.
– Hé, ça, c’est mon pénis. Vous êtes en train de toucher mon pénis, marmonna Graham alors que le moniteur l’aidait à réaliser une des postures.

Le premier rencard de Graham par l’intermédiaire de Tinder devait avoir lieu le samedi, et avant qu’il ne s’y rende, je l’obligeai à abandonner son costume et sa cravate au profit d’un simple t-shirt blanc avec un jean foncé.
– Ce n’est pas un peu trop décontracté ? – Hum, de toute manière ce n’est pas comme si vous alliez les garder sur vous. Maintenant, du balai. Allez écarter des jambes, allez donner quelques poussées de pelvis, et ensuite rentrez chez vous et écrivez-nous des histoires d’horreur et de monstres grandioses. Il sortit à vingt heures trente. À vingt et une heures,sourcil.
– Heu, je ne voudrais pas paraître irrespectueuse vis-à-vis de votre virilité et tout ça mais… c’est sans conteste l’histoire de cul la plus rapide de toute l’histoire des histoires de cul.

– Et voilà, dit-elle en souriant jusqu’aux oreilles. Vos photos sont téléchargées. Maintenant, il ne nous reste plus qu’à mettre au point votre profil.
– Inutile, lui dis-je en tendant la main pour reprendre mon téléphone. C’est déjà fait. Elle haussa un sourcil, l’air dubitatif, et se mit à lire à voix haute.
– Écrivain à succès, père d’un enfant de six mois. Marié, mais largué par sa femme. Cherche aventure. Au fait, je mesure un mètre quatre-vingts.
– Tout le monde précise sa taille. Je pense que c’est un truc.
– C’est nul. Attendez, je vais arranger ça. Je me ruai derrière elle pour regarder ce qu’elle tapait. Cherche plan cul. Je suis un gros connard.
– Je crois que vous voulez dire un gros queutard, lui fis-je remarquer.

Je lui tendis les feuillets, et elle s’assit pour lire, parcourant des yeux les pages à toute vitesse. De temps en temps, elle me lançait un regard inquiet. Quand elle eut enfin terminé, elle se racla la gorge. – Un lion ? Merde. Je levai les yeux au ciel. – Bon, j’ai besoin de m’envoyer en l’air. – Enlevez votre cravate, Graham. – Je vous demande pardon ? – Je voudrais que vous déverrouilliez votre téléphone et que vous enleviez votre cravate et votre veston. Aucune fille qui cherche à se faire sauter n’a envie d’un mec avec un putain de costume et une cravate. Et, en plus, vous avez fermé le premier bouton de votre chemise.
– C’est plus classe.
– Ça vous fait un bourrelet dans le cou.

– Qu’est-ce que vous faites ? demanda-t-elle d’un air méfiant. Je reposai mon téléphone sur mon bureau et m’éclaircis la voix.
– Rien. Elle sourit en secouant la tête.
– Vous faisiez des selfies ?
– Pas du tout. Des pizzas, c’est bien. Aux quatre fromages pour moi.
– Non, non, non, ne changez pas de conversation. Pourquoi faites-vous des selfies en costume-cravate ? Je resserrai le nœud de ma cravate et retournai à mon bureau.
– Si vous voulez tout savoir, j’ai besoin d’une photo de moi pour la télécharger sur un site.
– Quel site ? Vous ouvrez un compte sur Facebook ?
– Non.
– Alors lequel ?
Elle se mit à glousser.
– Laissez-moi deviner. Vous connaissant, je dirais n’importe quoi sauf Tinder. Je serrai les dents et elle arrêta de rire.
– Oh purée, vous vous abonnez à Tinder ?
– Redites-le un peu plus fort, Lucille. Je ne suis pas sûr que les voisins vous aient entendue.

– Écoute-moi bien. En tant que parrain de Talon, je suis fier de toi, Graham. – Depuis quand êtes-vous son parrain ? – C’est un titre autoproclamé, et ne me sape pas le moral, fiston. Comme je disais, je suis fier de toi parce que tu es un père formidable pour ta fille. Tu passes des journées entières à t’occuper d’elle, ce qui est super, mais en tant que ton mentor en écriture, j’exige que tu prennes un peu de temps pour toi. Va fumer du crack, saute une inconnue, mange des champignons hallucinogènes. Mais lâche-toi un peu. Ça fera le plus grand bien à tes histoires. – Je n’ai jamais eu besoin de ça, avant. – Tu t’envoyais en l’air, avant ? rétorqua-t-il en haussant un sourcil. Carrément, putain !
– Au revoir, Graham, et s’il te plaît, ne m’appelle que si tu es défoncé ou que tu es en pleine action. – Je ne risque pas de vous appeler pendant que je m’envoie en l’air. – Ça ne fait rien, dit-il en ramassant son chapeau sur mon bureau pour se le poser sur la tête. Cela ne durerait probablement pas assez longtemps pour que tu aies le temps de composer mon numéro, de toute manière, dit-il en rigolant. Bon sang, je détestais cet homme.

Il est à la fois mon amoureux et mon meilleur ami. Je n'ai aucun secret pour lui. On partage tout. L'automne dernier, il a dû s'arrêter de travailler pendant deux semaines pour des raisons de santé et il a regarder sur YouTube tous nos vlogs. Je l'entendais se marrer toute la journée.

J'étais tellement accablée que j'ai posé mes levres sur les siennes .
-Aïa a t-il crié en reculant .
-Pardon je voulais juste ...
Il m'a attrape par le poignet et ma fait entrer brusquement dans la pièce la plus proche dont il a chaque la porte derrière nous tout en me poussant contre le mur . Il m'a embrasse plus brutalement que je ne l'avais fait: apparemment sa lèvre ne lui faisait pas si mal que ça .

Je savais que pour mon salut - et celui de ma famille - je devais terminer ma Sélection .
Avec une bague au doigt .

-Vous devez venir avec moi à l'infirmerie , votre Altesse .
Votre mère a fait un infarctus .