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Avec Jet, je n’étais jamais seul. Vivre sans mon jumeau, depuis dix ans, c’est une peine de solitude à perpétuité. Ce manque au creux du ventre, cette absence permanente, cette impression d’avancer avec un fantôme sur l’épaule, d’être un homme à moitié vide : je m’y suis presque habitué. Je n’avais pas prévu qu’une petite bombe vienne prendre tant de place.
Pas prévu que je la voudrais autant.
Pas prévu qu’elle comble un peu ce trou béant.
Afficher en entierFace au soleil aveuglant, au milieu de l’océan turquoise, sur ce bateau qui danse sur les vagues, Art Pearson et moi-même échangeons un premier vrai sourire.
Ça me soulève le cœur.
Jusqu’à ce que Sirius se jette sur moi pour pointer sa sœur du doigt. Hermione est en train de vomir le kilo de pastèque qu’elle a ingurgité au petit-déjeuner.
Afficher en entierMec Désirable n’a jamais si bien porté son surnom.
Afficher en entier– Arrête de te croire irrésistible, Art.
– Arrête de me chercher, Gabrielle.
– Arrête de me dire ce que je dois faire.
– Arrête de te croire chez toi.
– Arrête d’être aussi con.
– Arrête de me rendre fou !
Mes mains se plaquent sur ses hanches, je la colle contre le 4x4 et ma bouche s’abat sur la sienne. J’embrasse cette fille qui me pousse à bout, qui m’insupporte, me fascine, me sort par les yeux et m’attire comme aucune autre.
Afficher en entierDans leur élan d’amour, ils m’ont aussi gratifiée de câlins (même pas doux) et de dessins (même pas beaux), me représentant avec un énorme pied à dix orteils et des seins arrivant au nombril.
Afficher en entierOui, bon, il se peut que j’aie vu Titanic trop de fois.
Afficher en entier– Tu ne veux pas faire des listes de prénoms, plutôt ?
– Bonne idée, capitulé-je. File-moi les Harry Potter
– Gabrielle, regarde-moi bien : ils ne s’appelleront pas Dumbledore et Voldemort ni Hagrid et Crockdur !
– Mais quel rabat-joie ! Va grogner ailleurs, Art Pearson.
Afficher en entier– Excusez-le… Moi, je venais juste vérifier que vous êtes heureux, en fait. Et que ma petite sœur reste à Hawaï pour d’autres bonnes raisons que ces pectoraux, ces abdominaux, ces trapèzes, ces biceps, ces tatouages, ce bronzage, ces…
– Je crois qu’on a compris, Hadi, le coupé-je en souriant.
Et enfin, Art se déride vraiment.
– Et vous n’avez pas encore vu mes fesses.
Afficher en entierElle est trop tout. Trop là. Trop naturelle, trop bavarde, trop joyeuse, trop indiscrète, trop boudeuse. Trop chez elle. Trop pénible et trop belle. Heureusement que les enfants sont là aussi, finalement, pour m’empêcher régulièrement de déraper. Ils me pompent l’air, mais je crois que c’est grâce à eux si ça en reste là. Je n’ai aucune idée de ce que cette fille fabrique pour me troubler comme ça. J’ai retrouvé chez elle ce qui m’avait attiré il y a sept ans : sa fraîcheur, son audace, sa façon de foncer sans trop se poser de questions. Mais aussi ce qui m’avait rebuté, agacé, épuisé : son esprit de contradiction qui lui fait me tenir tête sans arrêt, pour tout et pour rien, par principe, au point que j’ai régulièrement envie de la faire taire en collant mes lèvres aux siennes.
Afficher en entier-C’est l’histoire d’un amour inconditionnel… que rien, absolument rien ne peut changer.
Et je lui tends mon téléphone portable en lui ouvrant la baie vitrée qui donne sur l’océan. Je sais qu’il aura besoin d’un peu de la magie d’Hawaï pour affronter le reste du monde qui s’écroule.
Pendant de longues minutes, je le vois faire les cent pas sur la plage joliment éclairée. Il s’arrête, comme s’il avait le souffle coupé, puis se remet à marcher entre les torches plantées dans le sable. Il essuie ses larmes d’un revers de manche, crie sa rage et sa douleur en direction du ciel.
Quand il revient à l’intérieur du bungalow, son visage est défait, son regard d’une tristesse infinie.
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