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[...]
J'aimerais que tu restes..
J’aimerais que nous parlions de nous à mon retour, de ce lien qui nous unit et qui a toujours été là.
S'il te plait, ne pars pas. Nous avons tant besoin l'un de l'autre.
W.S.S.
Afficher en entierJe dormis mal cette nuit-là. J'avais pensé que ma décision me libérerait ; c'était tout le contraire. Ce qui me liait à Wynter Seth-Smith me paraissait confus. Je ne me pensais pas amoureuse de lui. Mais dans ce cas, pourquoi le revoir ? Voulais-je m'assurer de la nature de ses sentiments ? La joie étrange qui m'envahissait à l'idée de le retrouver était-elle pur orgueil ou vantardise ? Dehors, une véritable tempête soufflait sur la ville, emportant vers la nuit des tourbillons de feuilles mortes. Plusieurs fois, je me levai pour écarter mes rideaux. Il n'y avait rien à voir. Retranché au fond de sa cage, mon petit inséparable solitaire sautillait sur sa barre, affolé. Je passai un doigt entre les barreaux
Afficher en entierSi mademoiselle veut bien nous permettre un conseil... - Je permets. Il s'était assis à mes côtés. - Prendre des notes ne serait pas inutile à mademoiselle. Il hocha la tête vers mes cahiers et mes stylos, repoussés à l'autre bout de la table. Un soupir m'échappa. J'avais du mal à saisir la pertinence de la recommandation. Je dus ouvrir le premier volume pour comprendre. Comme son nom l'indiquait, c'était une biographie de mon père, illustrée de photographies variées. Je feuilletai distraitement, puis voulus revenir en arrière : un cliché, en effet, avait capté mon attention. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine
Afficher en entierUne lueur de désapprobation durcissait son regard. - Je m'en occupe, affirmai-je. Désarçonné, il retourna vers la maison. Des milliers de pétales de roses constellaient encore notre pelouse mais le vent en avait dispersé une partie. Trempant le chiffon dans l'eau savonneuse, je m'attaquai à la première lettre. La peinture refusait de disparaître. Je frottai plus fort. C'était déjà mieux. « L'hiver monstrueux ». Les mots dansaient dans mon esprit comme des phalènes. La signification du message m'échappait. Dix minutes plus tard, les lettres avaient pratiquement disparu. Le Masque était-il sur mes traces ? Étais-je la prochaine sur sa liste ? Mais dans ce cas, pourquoi me prévenir ? Cela ne ressemblait pas à ses méthodes habituelles
Afficher en entierLa nouvelle venue essaya d'articuler une réponse. L'une de ses amies fit halte à son tour. Au comble de l'excitation, Meï tapotait l'invitation. - Montre-leur ! Qu'est-ce que tu attends ? Moins de deux minutes plus tard, l'ensemble du lycée était au courant, et toutes les élèves de ma classe se pressaient autour de moi comme des moineaux affamés. On voulait lire le carton, on voulait le relire, on exigeait des détails. Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ? Étais-je un membre de la famille ? « Son père connaissait les Seth-Smith ! » hasarda quelqu'un. Je niai mollement, reprenant la pièce à conviction des mains d'une condisciple trop enthousiaste
Afficher en entierJe considérai mon sandwich. De l'autre côté du chemin, un petit écureuil au pelage grisâtre m'observait, assis sur ses pattes postérieures. Je lui lançai quelques miettes. Il se rapprocha gaillardement. - N'aie pas peur, dis-je. Son butin raflé, l'animal s'esquiva en petits bonds, trois points de suspension sur l'herbe. Emballant les restes de mon sandwich dans son film plastique, je m'étirai. J'avais décidé de marcher. L'écureuil me suivit un instant, avant d'abandonner. Cinq minutes plus tard, j'arrivai aux abords du Pond. Accroupi près d'une fontaine de pierre, un garçonnet aux cheveux blonds comme une moisson d'août, mine concentrée, laissait filer un roseau entre ses doigts serrés. Il m'intriguait
Afficher en entierQuand la sonnerie de midi retentit, tout le monde se leva en désordre. Les cours ne reprenaient qu'à trois heures. - À plus tard ! Meï s'était hâtée vers la sortie : un rendez-vous pour déjeuner. J'étais seule de nouveau, et je n'avais pas la moindre envie de me morfondre ici. Je quittai le lycée à sa suite. Chez un petit traiteur de la 68e Rue, j'achetai une canette d'eau gazeuse et un sandwich au jambon fumé. Puis je gagnai la 5e Avenue et pénétrai dans Central Park. Une volée de mouettes colériques se chamaillaient au-dessus de ma tête. Le ciel était à l'orage. Pour le reste, les allées du parc étaient particulièrement calmes et je ne croisai, en tout et pour tout, que trois joggers aux foulées aériennes
Afficher en entierLes cours terminés, Meï insista pour que j'aille « faire les boutiques » avec elle. Un nouveau magasin venait d'ouvrir sur la 5e Avenue et tout le monde en raffolait déjà. Je déclinai. J'aimais beaucoup Meï, mais la perspective d'affronter la foule et le froid naissant pour acheter une robe et deux paires de chaussures ne m'enchantait guère, d'autant que mon mal au crâne empirait. Garé devant le lycée, l'Orpheus m'attendait. Depuis combien de temps ? Sous les regards goguenards de Deborah et de sa bande, j'enfilai mon casque. La température extérieure était la même que ce matin mais comme la nuit tombait, nous allions mettre plus de temps pour rentrer
Afficher en entierRelâchant le papier dans la corbeille, elle regagna son estrade et avisa Judy qu'elle serait retenue après la classe. Sur le mot lui-même, elle n'émit pas de commentaire. Elle devait partager l'avis général. Mon père avait été un grand architecte, le plus grand de tous : il avait construit des ponts, et des tours, et des passerelles, et des toitures. Mais plus rien ne tenait debout depuis qu'il était parti, chaque jour apportait son lot de catastrophes nouvelles, et des milliers d'ouvriers se mobilisaient quotidiennement aux quatre coins de la ville pour consolider ce qui pouvait l'être et détruire le reste
Afficher en entierPerchées sur les piliers de pierre flanquant la grille de fer forgé, deux chouettes sculptées m'envisageaient d'une prunelle minérale. Ce n'était pas tant une maison, en réalité, qu'un véritable manoir gothique au toit de verre et de chrome, coincé entre deux buildings. Bâti en pierre et en brique, orné de flèches et de gargouilles, de tourelles, de lucarnes, il me jaugeait lui aussi, si fier et intimidant dans le crépuscule que je m'attendais à tout instant à ce qu'il m'interpelle d'une voix caverneuse. Il avait toujours été là. Derrière les fenêtres à vitraux du rez-de-chaussée rougeoyait une lumière. Au milieu de la cour, semée de gravier, s'élevait une fontaine gracile surmontée d'anges en albâtre. Je tendis une main vers la cloche : au même moment, la porte principale s'ouvrit et une silhouette s'avança sur le perron
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