Extraits

Quand je l'ai embrassée tout à l'heure, j'ai bien senti qu'elle était à fond, sans parler de sa voix chevrotante quand elle a prononcé mon prénom. Alors, qu'est-ce qu'elle fout ? Pourquoi elle ne vient pas ? Les musiciens l'emportent toujours sur les pilotes, d'habitude. Et de loin.

Je suis coupée dans mon élan par le sourire de gamin qui illumine sa gueule d'ange. Sa mâchoire carrée, cet air enjoué... j'en reste muette.

- Une glace ! s'exclame-t-il en parcourant du regard la liste des parfums proposés.

- Une glace?

Notre bad boy s'est transformé en adolescent pour une glace?

- Seriez-vous gourmand,Hawkin ?

- Uniquement de sucreries, dit-il en me sondant de la tête aux pieds.

-Eh oui. Samedi, j'ai poney. Incroyable, mais vrai.

Mon humour pince-sans-rire provoque chez lui un rire franc, sonore et pourtant mélodieux. Il pointe sa sucette vers moi en secouant la tête. Je me sens flancher à l'idée qu'il y trouve de quoi rire au lieu de se vexer.

-Alors vendredi?

-J'ai poney.

-Dimanche?

-Toujours poney.

– Moi, le diable ? fait-elle d’un air innocent en battant des cils, la poitrine fièrement dressée sous mes yeux. Je ne suis qu’un casse-tête à manipuler, beau rocker. Et Dieu sait que j’adore qu’on me manipule.

« En reculant, je bute contre son torse. Je pensais qu’il s’écarterait, mais non. Ce contact franc entre nos corps n’a rien de platonique, ce qui n’a pas l’air de le déranger. Au contraire. Il ne bouge toujours pas et je comprends qu’il l’a fait exprès.

Mon agacement se transforme en colère. Je n’aime pas qu’on me force la main. Il veut me draguer ? D’accord.

Euh non, pas d’accord ! »

J’espère qu’il comprend ce que je veux lui dire, c’est très important pour moi. Je poursuis :

- Mais ce n’est pas grave parce que je serai toujours là pour te rattraper. Et je sais de quoi je parle, parce que moi aussi je suis tombée. Je suis même tombée raide dingue.

Je la serre plus fort encore. Si ça se trouve, je lui coupe la respiration, mais ce n’est pas grave parce que je suis prêt à être son oxygène du moment qu’elle ne me lâche pas.

Mais Vince n’a pas tort. J’ai peut-être tout foiré en l’envoyant balader ce soir. Tu parles d’un cadeau : je lui dévore la bouche comme un affamé, et l’instant d’après, je la fous dehors. Royal, mec. T’es vraiment royal.

La porte tremble sous les coups de mon frère. Il n'arrêtera pas tant que je ne lui aurai pas ouvert.

Va-t'en, je lui écris.

La facture sera chère. Une porte neuve, ça coûte un bras. Je te laisse cinq minutes. Je compte.

Lorsque j'étire les jambes, le drap glisse sur le côté et révèle ma peau nue encore parfumée par l'odeur de Hawkin, après le marathon sexuel d'hier soir. C'était génial. Génial ? Mieux que ça. Hier soir, j'ai fichu en l'air mes chances d'apprécier le sexe avec un autre homme.