A présent je considère ma propre vie et je remarque qu'une période en est définitivement close ; le temps de l'école sans souci ni tracas ne reviendra jamais plus. Je ne le regrette même pas vraiment, j'ai dépassé ce stade, je ne peux pas me contenter de batifoler, une petite part de moi conserve toujours son sérieux.

Malgré tout, en 1942, je n'étais pas absolument heureuse, c'est impossible, je me sentais souvent abandonnée, mais comme j'étais occupée du matin au soir, je ne réfléchissais pas et je m'amusais autant que je pouvais.

Si on se bat au lieu de fuir, on peut devenir plus fort. Je le sais bien.

- Franchement ... Vivement qu'on y soit. Parfois ... Je me dis que c'est déjà foutu d'avance ... Eh merde ... J'ai l'air d'un naze, là.

- Bel étranglement, Tsukasa !
- Hé ! Dans un moment, foutez-lui un coup de pied pour le réveiller.
- Hé ! Qu'est-ce que tu lui as fait ?!
- Rien. Je lui ai chanté une berceuse et il s'est endormi.

- Si tu refais pleurer ma bien-aimée ... Je te fais chier tes propres tripes !

- Yuki, tu le connais ?
- ... Non, c'est peut-être un garçon de mon école ... Son visage me dit quelque chose ...

- Je te déteste ! Tu es encore pire qu'un insecte à chiottes ! Tu n'es qu'un paramécie microscopique !
- Pense ce que tu veux, saleté !
- Bien sûr que je pense ce que je veux !
- Une paramécie violente ...
- Arrête, Rui ! C'est pas le moment de me faire rigoler !

Si tu savais Dômyôji ... Si tu savais ... Combien de fois ... Je me suis dis que je t'aimais !

- Dis-moi ... Est-ce qu'une seule fois tu as oublié ma maison, ma famille et tout ça ... Pour me voir, moi, tout simplement ? ... Est-ce que tu m'as considéré même une seule fois comme un homme ordinaire ?

- En fait ... Je n'ai jamais été aussi heureux.
- ...
- Quoi ? Qu'est-ce qui t'arrive ?
- Ca, je ne vous le dirai pas. Ca gâcherait ma joie.
- Hé ! Quoi ? Tu nous as quand même pas fait venir pour nous narguer ?

- Mais ... C'est très dur de vivre tout seul !
- Si je ne pars pas de chez moi ... Je ne pourrai pas te protéger !

- Calme-toi un peu.
- Que je me calme ? ... Tu as vu la tronche que j'ai et tu oses dire ça ?
- PFFF !
- RUI ! Je t'interdis de te marrer !

- Et Tsukasa ? Que fait-il ?
- Ah ! Toute à l'heure un ami est venu le voir. Ils sont probablement en train de s'entretuer.

Dans mon coeur... Ton souvenir ne s'efface pas.

Dômyôji ... M'as-tu déjà oubliée ?

Maintenant, j'ai encore moins de droits sur lui qu'une inconnue.

Je l'ai revu en rêve. Il pleuvait toujours à l'endroit de notre séparation ... Mais lui s'y tenait encore, immobile sous la pluie.

J'avais le coeur serré ... Et mal dans la poitrine ... Impossible d'empêcher toutes ces émotions de déborder ...

Aimer quelqu'un ... C'est donc ça. Une force capable ... De nous faire perdre le contrôle et accepter tous les sacrifices...

Si tu savais dans quel état j'étais quand je suis partie de chez toi... Je pleure chaque fois que je revois cette scène en rêve ... Es-tu incapable de comprendre combien j'ai dû me battre pour surmonter cette nuit de pluie ?

Il a de grandes mains et de larges épaules ... Il est assis juste en face de moi. Peut-être que si je le lui demandais... On pourrait s'enfuir quelque part tous les deux.

Quand j'ai croisé son regard ... J'ai perdu pied ... Un grand blanc s'est fait dans ma tête. C'est seulement maintenant que je réalise ... à quel point ma blessure est profonde.

- Je croyais que sur Terre, rien n'était impossible pour moi. Mais si, il y a des choses sur lesquelles je n'ai aucun pouvoir. Ca, je l'ai bien compris.

Jusqu'à quand vais-je réussir à lui mentir ? J'ai déjà du mal à ne pas pleurer devant lui ...

Comme il me parait loin ! Et pourtant, si j'étendais la main, je pourrais le toucher ...