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Je secouai la tête, déglutissant avec difficulté. Les sirènes se rapprochaient. J’appréhendais l’arrivée de la police.

— Syd, est-ce que tu veux… tu veux bien me regarder ?

Je n’en avais aucune envie, mais je fis l’effort de me retourner. Dans son visage aussi livide que devait être le mien, ses yeux étaient noirs comme des éclats d’obsidienne. Je dus prendre sur moi, parce que le seul fait de le regarder me faisait cruellement souffrir.

— Quoi, Kyler ?

Il fit mine de s’approcher encore, puis se ravisa.

— Que… Qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi tu ne veux pas que je te touche ?

Sa tête était inclinée sur le côté et une mèche de cheveux bruns tomba en travers de son front.

— Parce que moi, j’ai vraiment très envie de te prendre dans mes bras. Tu n’as pas idée de la peur que j’ai eue quand j’ai su qu’il était dans la maison. Je n’ai jamais…

— Stop… Arrête tout de suite.

Je levai une main et me rendis alors compte que je tenais toujours la carabine dans l’autre. Je la reposai sur le sol tandis qu’une énorme boule m’étreignait la gorge. Tout remonta à la surface à une vitesse vertigineuse. Le moment était vraiment mal choisi pour lui faire une scène, mais c’était plus fort que moi.

— Tu crois que je ne sais pas où tu étais ?

Il haussa les sourcils et recula d’un pas.

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Filant comme un bolide sur la route enneigée, je jurai à mi-voix. Je m’étais absenté beaucoup trop longtemps. Syd devait s’imaginer que je m’étais fait dévorer par le Yéti. Je ne pensais pas être aussi long. La bonne nouvelle, c’est que je savais qu’ils commençaient à dégager les routes locales et que les axes principaux étaient déjà praticables à vitesse modérée.

Tout ce qu’il s’était passé depuis que Sasha était entrée au Lodge me tournait dans la tête. Deux proverbes ancestraux y trouvaient leur illustration : « On récolte ce que l’on sème » et « L’enfer est pavé de bonnes intentions ».

Bon Dieu de merde.

Tout ce que je voulais, c’était récupérer Syd et l’emmener le plus loin possible. Je m’arrêtai à côté de l’autre motoneige et fronçai les sourcils. Qu’est-ce qu’elle faisait dehors ? Syd était-elle sortie ?

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Retenant d’une main la couverture sur ma poitrine, je lui abandonnai l’autre. Ses doigts se mêlèrent aux miens et il me fit mettre debout avec une étonnante facilité. Puis il m’entoura la taille d’un bras et se pencha sur moi avec un doux sourire jusqu’à ce que nos fronts se touchent.

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Il me dévisagea un instant, puis éclata de rire. Une seconde plus tard, il me redressa en position assise et me serra contre lui. Son corps était si chaud, j’avais envie de me blottir dans ses bras.

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— Je n’aime pas ce type. Je peux te faire une liste de tout ce qui me déplaît chez lui.

Je levai les yeux au ciel.

— Je peux en dire autant de Blondie. Et j’ai aussi une longue liste.

Il arqua un sourcil.

— Blondie ? Oh. Ma nouvelle amie ?

J’éclatais de rire.

— Ton amie ? Je ne crois pas que le mot soit bien choisi.

Il se pencha en avant en soupirant et posa son menton sur mon épaule.

— Tu as raison. Ce n’est pas le mot qui convient.

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— Tu viens à la table ?

À la table où Blondie était pratiquement en train de faire l’amour à Kyler ? Mais bien sûr.

— J’arrive dans une minute.

Andrea fit la moue.

— Dépêche-toi de ramener ton petit cul. Kyler laissera tomber cette meuf si tu es là. Et comme ça, je n’aurai plus à m’inquiéter de choper de l’herpès.

— L’herpès ne se transmet pas par voie aérienne, lui fis-je remarquer.

— Ouais, tu dis ça, mais quand ça se mélange avec la chlamydiose et des verrues vaginales, ça devient hyperpuissant, répliqua-t-elle en fronçant le nez. Tu respires ça une fois, et bam ! Tu dois prendre des antiviraux à vie.

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A ce moment-là, devant le bâtiment de sciences du campus, j’avais su que je l’aimais. Pas comme on aime sa meilleure amie. Pas comme on aime une presque-sœur. Ce que j’éprouvais pour elle allait bien au-delà. Je l’aimais d’amour.

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J’avais une place à part dans la vie de Kyler. Je le savais. J’étais la fille qui savait tout de lui et en qui il avait une confiance aveugle.

Car j’étais sa meilleure amie.

Et pour cette raison, il ne m’aimerait jamais comme je l’aimais.

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Parfois, les mots ne suffisaient plus à exprimer ce que l'on ressentait. C'était un de ces moments. Alors, je me rapprochai d'elle et l'embrassai. Je mis dans ce baiser tout l'amour que j'éprouvais pour elle, toutes les promesses que je lui avais faites.

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"Curieux, comme on se persuade qu'une pensée n'existe pas tant qu'on s'empêche de la formuler jusqu'au bout. Une manie complètement stupide parce que le cerveau peut bien faire vœu de silence, ça ne change rien à la réalité."

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