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Liste des extraits

Extrait ajouté par NicolaK 2023-03-22T20:58:53+01:00

On raconte des histoires de maîtres dans notre peuple qui pouvaient déterminer où se trouvaient un certain orignal, un ours, l’heure précise où les poissons feraient leurs montaisons. Mon arrière-grand-père, Shabogeesick, l’Indian Horse original, avait ce don. Le monde lui parlait. Il lui disait où regarder. Le don de Shabogeesick m’avait été transmis. Il n’y a pas d’autre explication qui permette de comprendre pourquoi je vis aussitôt ce sport étranger si clairement.

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Extrait ajouté par NicolaK 2023-03-22T20:57:56+01:00

À St. Jerm’s, les enfants m’appelaient « Zhaunagush » parce que je savais parler et lire l’anglais. La plupart d’entre eux avaient été arrachés au Grand Nord et ne connaissaient que l’ojibwé. Parler un seul mot dans cette langue pouvait vous valoir une raclée ou le bannissement dans le débarras du sous-sol, que les grands avaient baptisé la Sœur de Fer. Il n’y avait aucune tolérance envers les langues indiennes. Le jour suivant mon arrivée, un garçon du nom de Curtis White Fox se fit laver la bouche au savon à la soude parce qu’il avait parlé ojibwé. Il s’était étouffé et était mort là, dans la classe. Il avait dix ans. Alors les enfants se mirent à chuchoter. Ils apprirent à parler sans bouger les lèvres, étrange ventriloquisme qui leur permettait de maintenir leur langue en vie. Ils baissaient leurs têtes tout près les uns des autres quand ils lavaient les salles communes à grande eau ou qu’ils nettoyaient les stalles dans les granges, et parlaient ojibwé. Je finis par apprendre ce ventriloquisme, mais au début, ils me voyaient comme un étranger.

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Extrait ajouté par NicolaK 2023-03-22T20:56:48+01:00

Le quatrième jour, nous nous assoupîmes tous les deux dans le canot. La rivière nous projeta dans une brèche remplie de rochers et ce fut le choc frontal dans l’un d’eux qui nous réveilla. Le ventre du bateau s’ouvrit à l’avant et l’eau s’engouffra à l’intérieur. Nous nous précipitâmes par-dessus bord, dans l’eau jusqu’aux cuisses. Ma grand-mère me saisit par la main et nous fonçâmes vers le rivage. Le contact de l’eau était semblable à celui de lames d’acier glacial. Une fois arrivés sur la berge, nous nous retournâmes et regardâmes le canot exécuter de paresseuses pirouettes dans le courant, puis se faire emporter; la danse de la fin de nos réserves nous brisa le cœur.

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Extrait ajouté par NicolaK 2023-03-22T20:56:10+01:00

Quand les nuits devinrent plus froides, la glace apparut à la lisière de l’eau. Je posais des collets dans les bois, mais ils restaient vides. Un matin, nous nous réveillâmes entourés de neige. La vieille femme s’enfonça seule entre les arbres, avec sa pipe et son hochet. Je l’entendais chanter et prier. Je restai assis auprès du feu à l’attendre, l’écho de son lamento funèbre me parvenait depuis la rive opposée, comme si elle était en compagnie d’autres personnes au milieu des arbres. Elle revint, s’assit à côté de moi, et but du thé.

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Extrait ajouté par NicolaK 2023-03-22T20:54:25+01:00

Quand la lune du riz se leva, Ben et moi fûmes chargés de creuser deux foyers peu profonds et de ramasser du bois. Puis, à quelques mètres des feux, nous creusâmes un autre trou, plus grand et un peu plus profond et nous le tapissâmes de toile de bâche. Le jour de la récolte, nous allumâmes les feux tôt le matin. Dans la fraîcheur de l’aube, ma grand-mère chanta en Langue ancestrale, sa voix se propageant sur l’eau et nous revenant en écho depuis la paroi de la falaise. Elle saupoudrait ce feu de cèdre frais. Mon frère et moi, nous inspirions tout au fond de nous l’air vif et nous essayions de chanter en chœur avec la vieille femme, même si nous ne connaissions pas les paroles. Ben se mit à tousser et dut s’interrompre. Mes parents, ma tante et mon oncle restèrent à l’écart, près des arbres, le bout des bottes de mon père traçait des cercles dans la poussière.

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Extrait ajouté par NicolaK 2023-03-22T20:53:50+01:00

Je tombai sur le sol tandis que le grondement se faisait plus fort. Un nuage de poussière m’enveloppa. Une fois le grondement calmé, le silence fut si profond qu’il m’effraya. J’avançai à quatre pattes jusqu’au bord de l’arête pour jeter un coup d’œil. La paroi de la falaise s’était effondrée et le camp avait disparu. Volatilisé. Même les arbres avaient été anéantis et la grève était jonchée de blocs rocheux. L’odeur crayeuse de la poussière de roche me fit monter les larmes aux yeux et je restai immobile à pleurer, les épaules secouées à la pensée de ces gens enfouis sous toutes ces pierres.

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Extrait ajouté par NicolaK 2023-03-22T20:52:58+01:00

Alors qu’ils commençaient à décharger, les chasseurs entendirent des rires provenant des arbres et le roulement profond de voix s’exprimant dans la Langue ancestrale, la langue des origines, jamais parlée sauf pendant les cérémonies. Mais il n’y avait personne. Tandis que, pris de panique, ils pataugeaient dans les bas-fonds pour essayer de remettre leurs canots à l’eau, un rire tomba en cascade depuis les arbres. Les poils se redressèrent sur la nuque de ces chasseurs, et ils tremblaient en pagayant en direction de l’entrée du portage. Quand ils furent de retour chez eux, tous leurs cheveux étaient blancs.

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Extrait ajouté par NicolaK 2023-03-22T15:27:20+01:00

Au camp, ma mère s’effondra sur le long rocher plat qui s’étendait jusqu’à la rivière. Personne ne put la faire bouger. Elle resta là pendant des jours, et ce n’est que la fraîcheur des premières pluies d’automne qui la fit se lever et revenir auprès du feu. C’est alors qu’elle fut perdue pour moi. Je pouvais le voir. Elle était décharnée et vidée d’avoir pleuré pendant des journées entières sa peau était une tente sur ses os. Quand Benjamin disparut, il emporta une part d’elle-même avec lui, et personne ne put rien faire pour combler ce vide. Mon père essaya. Il ne quitta jamais son chevet des semaines durant. Mais maintenant qu’elle avait perdu deux enfants, elle ne dirait plus jamais rien d’autre que « l’école » des mots comme une meurtrissure dans l’air.

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Extrait ajouté par NicolaK 2023-03-22T14:18:15+01:00

Mais par cette après-midi de la fin du printemps, lorsque, revenant de l’est, il sortit du bois, il tirait, au bout d’un licol en corde, un étrange animal noir. Notre peuple n’avait jamais vu une telle créature et les gens avaient peur. C’était un animal gigantesque. Aussi gros qu’un orignal, mais sans le panache, et le son de ses sabots sur le sol rappelait le roulement du tambour — tel un grand vent qui s’engouffre dans la crevasse d’un rocher. Les gens reculèrent en le voyant.

« Quelle espèce d’être est-ce donc? demandèrent-ils. Est-ce qu’on le mange?

— Comment se fait-il qu’il marche aux côtés d’un homme? Est-ce un chien? Est-ce un grand-père égaré? »

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Extrait ajouté par NicolaK 2023-03-22T14:17:25+01:00

Notre peuple a des rites et des cérémonies qui ont pour but de nous apporter le don de vision. Je n’ai jamais participé à aucun d’eux, mais j’ai vu des choses. Je me suis senti emporté et je me suis senti sortir de ce monde physique pour rejoindre un lieu où le temps et l’espace ont un rythme différent. Je suis toujours resté à l’intérieur des limites de ce monde, pourtant j’avais les yeux de quelqu’un qui est né dans un autre univers. Nos hommes-médecines m’appelleraient devin. Mais j’étais sous l’emprise d’un pouvoir que je n’ai jamais compris. Il m’a quitté voilà des années et la perte de ce don a été mon plus grand chagrin. Parfois, j’ai l’impression que ma vie entière n’a été qu’une longue quête pour tenter de le retrouver.

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