La Guerre d'hiver

La guerre d'Hiver, guerre de presque 4 mois qui opposa l'Union Soviétique à la Finlande, n'est ici qu'un prétexte métaphorique pour décrire le quotidien d'une famille. Il est d'ailleurs intéresant de noter que le livre commence au mois de novembre, mois qui a vu le début de la guerre. Si la vraie guerre d'Hiver s'est terminée en mars, l'histoire du livre, elle, se poursuit jusqu'au mois de juin.

Difficile de décrire ce roman de Philip Teir tant il apparaît simple en surface mais complexe en profondeur. Simple en surface car les difficultés auxquelles doivent faire face cette famille semblent tout à fait normales : un sociologue qui n'écrit plus, qui n'aime pas se voir vieillir, des sentiments qui se ternissent, la possibilité d'un adultère pour faire peau neuve, une journaliste qui fantasme sur une époque qu'elle ne connaît qu'à travers les livres, une étudiante qui s'exile à Londres pour trouver sa voie : l'auteur Finlandais ancre ses personnages dans les sphères du réel. Celles que nous connaissons trop bien au point de les avoir cachées dans un coin de notre tête.

Complexes aussi car Philip Teir a su donner une réelle identité et beaucoup d'épaisseur et de personnalité à chacun de ses personnages. Il greffe à ses situations de la psychologie, de l'art ou encore de l'histoire à l'ensemble, le tout en nous faisant voyager entre l'ouest Finlandais et l'Angleterre.

La force de ce livre est d'avoir réussi le pari de maintenir l'intérêt et le suspense en nous faisant passer d'un personnage à l'autre à chaque chapitre. Cette structure narrative un peu casse gueule apporte de la richesse, de l'épaisseur et finalement beaucoup de cohérence à l'ensemble. Et si le ton est grave, les événements pas toujours roses, Phiilip Teir distille des touches d'humour qui apportent une fraîcheur importante à l'ouvrage. Les dialogues apportent également une dynamique qui permet à l'histoire de ne pas se perdre mais de reprendre du souffle constamment.

La guerre d'Hiver dresse un tableau doux-amer et réaliste des difficultés que traversent une famille : personne n'échappe au temps et à l'usure qui en découle. Et si la vie de chacun semble extrêmement banale voire ennuyeuse, chaque ligne s'érige comme un miroir qui nous renvoie à notre propre existence. Et c'est peut-être ça qu'on apprécie le plus : sentir un peu plus le poids du réel à chaque page tournée.