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Extrait ajouté par anonyme 2017-03-21T20:14:20+01:00

Et il fallait entrer dans les isbas de ce terrible enfer pour découvrir que cette vieille, qui observait la rue à travers la vitre, était la momie d'une jeune fille morte il y a plusieurs semaines, assise devant cette fenêtre dans l'impossible espoir du salut.

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Extrait ajouté par anonyme 2017-03-21T20:10:40+01:00

Bartavelles et ortolans... Je souris en lançant à ma soeur un discret clin d'oeil. Non, nous ne nous sentions pas supérieurs aux gens qui se pressaient dans la file. Nous étions comme eux, peut-être vivions-nous même plus modestement que beaucoup d'entre eux. Nous appartenions tous à la même classe : celle des gens qui pataugeaient dans une neige piétinée au milieu d'une grande ville industrielle, aux portes d'un magasin, en espérant remplir leurs sacs de deux kilos d'oranges.

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Extrait ajouté par Saph 2013-10-25T15:40:11+02:00

Ces longues journées passées dans les labyrinthes poussiéreux chargés de livres correspondaient sans doute à un penchant monacal que tout le monde ressent à cet âge. On cherche l'évasion avant d'être happé par les engrenages de la vie adulte, on reste seul à fabuler les aventures amoureuses à venir.

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Extrait ajouté par 21la 2013-03-10T15:17:31+01:00

Nouvel extrait

La Russie, tel un ours après un long hiver, se réveillait en moi. Une Russie impitoyable, belle, absurde, unique. Une Russie opposée au reste du monde par un destin ténébreux.

Oui, si à la mort de mes parents, il m’arriva de pleurer c’est parce que je me sentis Russe. Et que la greffe française se mit à me faire, par moments, très mal.

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Extrait ajouté par 21la 2013-03-10T15:05:52+01:00

Nouvel extrait

Ce corps était celui d'un homme qu'elle ne connaissait pas. Un corps criblé de cicatrices, de balafres - tantôt profondes, aux bords charnus, comme d'énormes lèvres voraces, tantôt à la surface lisse, luisante, comme le tracé d'un escargot. Dans l'une des omoplates, une cavité était creusée - Charlotte savait quel genre de petits éclats diffus faisaient ça. Les traces roses des points de suture entouraient une épaule, se perdant dans la poitrine...

A travers ses larmes, elle regarda la pièce comme pour la première fois : une fenêtre au ras du sol, ce bouquet d'aneth venant déjà d'une autre époque de sa vie, un sac de soldat sur le tabouret près de l'entrée, des grottes bottes couvertes de poussière rousse. Et sous une ampoule nue et terne, au milieu de cette pièce à moitié enfouie dans la terre - ce corps méconnaissable, on eût déchiré par les rouages d'une machine.

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Extrait ajouté par 21la 2013-03-10T15:04:23+01:00

Nouvel extrait

Je savais aussi que je ferai tout mon possible pour ne pas parler des livres. Et que nous en parlerions quand même, beaucoup, souvent jusque tard dans la nuit. Car la France, apparue un jour au milieu des steppes de Saranza, devait sa naissance aux livres. Oui, c'était un pays livresque par essence, un pays composé de mots, dont les fleuves ruisselaient comme des strophes, dont les femmes pleuraient en alexandrins et les hommes s'affrontaient en sirventès. Enfants, nous découvrions la France ainsi, à travers sa vie littéraire, sa matière verbale moulée dans un sonnet et ciselée par un auteur. Notre mythologie familiale attestait qu'un petit volume à la couverture fatiguée et à la tranche d'un or terni suivait Charlotte au cours de tous ses voyages. Comme le dernier lien avec la France. Ou, peut-être, comme la possibilité constante de la magie. "Il est un air pour qui je donnerais..." - Combien de fois, dans le désert des neiges sibériennes, ces vers s'étaient édifiés en "un château de brique à coins de pierre, aux vitraux teints de rougeâtres couleurs...". La France se confondait pour nous avec sa littérature. Et la vraie littérature était cette magie dont un mot, un verset nous transportaient dans un éternel instant de beauté.

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Extrait ajouté par 21la 2013-03-10T15:03:08+01:00

Nouvel extrait

Et si la Russie me subjugue c’est parce qu’elle ne connaît pas de limites, ni dans le bien ni dans le mal. Surtout dans le mal. Elle me permet d’envier ce chasseur de corps féminins. Et de me détester. Et de rejoindre cette femme meurtrie, écrasée par une masse de chair en sueur. Et de deviner sa dernière pensée claire: la pensée de la mort qui suivrait cet accouplement hideux. Et d’aspirer à mourir en même temps qu’elle. Car on ne peut pas continuer à vivre en portant en soi ce double qui admire Béria...

Oui, j’étais Russe. Je comprenais maintenant, de façon encore confuse, ce que cela voulait dire. Porter dans son âme tous ces êtres défigurés par la douleur, ces villages carbonisés, ces lacs glacés remplis de cadavres nus. Connaître la résignation d’un troupeau humain violé par un satrape. Et l’horreur de se sentir participer à ce crime. Et le désir enragé de rejouer toutes ces histoires passées — pour en extirper la souffrance, l’injustice, la mort. Oui, rattraper la voiture noire dans les rues de Moscou et l’anéantir sous sa paume de géant. Puis, en retenant son souffle, accompagner du regard la jeune femme qui pousse la porte de sa maison, monte l’escalier... Refaire l’Histoire. Purifier le monde. Traquer le mal. Donner refuge à tous ces gens dans son coeur pour pouvoir les relâcher un jour dans un monde libéré du mal. Mais en attendant, partager la douleur qui les atteint. Se détester pour chaque défaillance. Pousser cet engagement jusqu’au délire, jusqu’à l’évanouissement. Vivre très quotidiennement au bord du gouffre. Oui, c’est ça, la Russie.

C’est ainsi que dans mon désarroi juvénile, je m’accrochais à ma nouvelle identité. Elle devenait pour moi la vie même, celle qui allait, pensais-je, effacer pour toujours mon illusion française.

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Extrait ajouté par 21la 2013-03-10T14:50:06+01:00

Nouvel extrait

« Pour la première fois de ma vie, je regardais mon pays de l’extérieur, de loin, comme si je ne lui appartenais plus. Transporté dans une grande capitale européenne, je me retournais pour contempler l’immensité des champs de blé et des plaines neigeuses sous la lune. Je voyais la Russie en français ! J’étais ailleurs. En dehors de ma vie russe. Et ce déchirement était si aigu et en même temps si exaltant que je dus fermer les yeux. J’eus peur de ne plus pouvoir revenir à moi, de rester dans ce soir parisien. En plissant les paupières, j’aspirai profondément. Le vent chaud de la steppe nocturne se répandait de nouveau en moi.»

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Extrait ajouté par Biquet 2012-03-17T12:36:24+01:00

« J’allais dans cette petite ville ensommeillée, perdue au milieu des steppes, pour détruire la France. Il fallait en finir avec cette France de Charlotte qui avait fait de moi un étrange mutant, incapable de vivre dans le monde réel.

Dans mon esprit cette destruction devait ressembler à un long cri, à un rugissement de colère qui exprimerait le mieux toute ma révolte. Ce hurlement sourdait encore sans paroles. Elles allaient venir, j’en étais sûr, dès que les yeux calmes de Charlotte se poseraient sur moi. Pour l’instant, je criais silencieusement. Seules les images déferlaient dans un flux chaotique et bariolé. (…)

Dans mon cri, je voulais déverser sur Charlotte ces images. J’attendais d’elle une réponse. Je voulais qu’elle s’explique, qu’elle se justifie. Car c’est elle qui m’avait transmis cette sensiblerie française – la sienne -, me condamnant à vivre dans un pénible entre-deux-mondes.

Je lui parlerais de mon père avec son « trou » dans mon crâne, ce petit cratère où battait sa vie. Et de ma mère dont nous avions hérité la peur de la sonnerie inattendue à la porte, les soirs de fêtes. Tous les deux morts. Inconsceiemment, j’en voulais à Charlotte d’avoir survécu à mes parents. Je lui en voulais de son calme durant l’enterrement de ma mère. Et de cette vie très européenne, dans son bon sens et sa propreté, qu’elle menait à Saranza. Je trouvais en elle l’Occident personnifié, cet Occident rationnel et froid contre lequel les Russes gardent une rancune inguérisable. Cette Europe qui, de la forteresse de sa civilisation, observe avec condescendance nos misères de barbares – les guerres où nous mourions par millions, les révolutions dont elle a écrit pour nous les scénarios… Dans ma révolte juvénile, il y avait une grande part de cette méfiance innée« .

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Extrait ajouté par Biquet 2012-03-17T12:35:59+01:00

« Desormais nous parlions que ne rien dire. Nous vîmes s’installer entre nous l’écran de ces mots lisses, de ces reflets sonores du quotidien, de ce liquide verbal dont on se sent obligé, on ne sait pourquoi, de remplir le silence. Avec stupeur, je découvrais que parler était en fait la meilleure façon de taire l’essentiel. Alors que pour le dire, il aurait fallu articuler les mots d’une toute autre manière, les chuchoter, les tisser dans les bruits du soir, dans les rayons du couchant. Une nouvelle fois, je ressentais en moi la mystérieuse gestation de cette langue si différente des paroles émoussées par l’usage, une langue dans laquelle j’aurais pu dire tout bas en rencontrant le regard de Charlotte :

- Pourquoi j’ai le coeur serré quand j’entends l’appel lointain de la Koukouchka ? Pourquoi une matinée d’automne d’il y a cent ans, oui, cet instant que je n’ai jamais visité, pourquoi sa lumière et son vent me paraissent plus vivants que les jours de ma vie réelle ? Pourquoi ton balcon ne plane plus dans l’air mauve du soir, au-dessus de la steppe ? La transparence de rêve qui l’enveloppait s’est brisée, tel un matras d’alchimiste. Et ces éclats de verre grincent et nous empêche de parler comme autrefois… Et tes souvenirs que je connais maintenant par coeur ne sont-ils pas une cage qui te tient prisonnière ? Et notre vie, n’est-elle pas justement cette transformation quotidienne du présent mobile et chaleureux en une collection de souvenirs figés comme les papillons écartelés sur leurs épingles sous une vitre poussiéreuse ? Pourquoi alors je sens que je donnerais sans hésiter toute cette collection pour l’unique sensation d’aigreur qu’avait laissée sur mes lèvres l’imaginaire coupelle d’argent dans ce café illusoire de Neuilly ? Pour une seule gorgée du vent salé de Cherbourg ? Pour un seul cri de la Koukouchka venu de mon enfance ?

Cependant, nous continuions à remplir le silence, tel un tonneau des Danaïdes, de mots inutiles, de répliques creuses: « Il a fait plus chaud qu’hier ! Gavrilytch est de nouveau ivre… La Koukouchka n’est pas passée ce soir… C’est la steppe qui brûle là-bas, regarde ! Non c’est un nuage… Je vais refaire du thé… Aujourd’hui, au marché, on vendait des pastèques d’Ouzbékistan… »

L’indicible ! Il était mystérieusement lié, je le comprenait maintenant , à l’essentiel. L’essentiel était indicible. Incommunicable. Et tout ce qui, dans ce monde, me torturait par sa beauté muette, tout ce qui se passait de la parole me paraissait essentiel. L’indicible était essentiel. »

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