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Liste des extraits

— Ma mère disait toujours qu’il fallait partager ses soucis. Cela les rend moins lourds. Si vous les gardez en vous, ils infectent votre sang et contaminent votre âme.

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— Oh, Draven, singea Simon d’une voix de fausset, tu es mon héros !

Il mit les mains sur son cœur, renifla comme s’il retenait ses larmes, puis glissa ses bras autour du cou de son frère.

— Sans toi, ce méchant sanglier m’aurait dévoré tout cru !

— Lâche-moi, espèce de crétin, protesta Draven en le repoussant.

— Mais, Draven ! insista Simon. Tu es mon sauveur. Donne-moi un baiser. Draven esquiva son étreinte et se réfugia derrière Emily.

— Qu’est-ce qui te prend ? grogna-t-il. Tu as bu ?

— Ingrat, soupira Simon en feignant la résignation.

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Debout derrière Draven, Alys contempla sa nuque, puis releva les yeux vers sa maîtresse, une main tapotant son cœur pour imiter des palpitations similaires à celles qu’Emily ressentait.

Puis, comme si cela ne suffisait pas, elle recourba un doigt et le mordit tout en promenant un regard lubrique sur le comte.

Emily sentit ses joues s’empourprer devant les mimiques de sa servante.

Au même instant, Draven suivit son regard et se retourna, surprenant Alys qui se mordait toujours le doigt.

La servante cessa aussitôt de sourire et secoua sa main en marmonnant :— Fichues puces. Elles m’ont dévorée, la nuit dernière.

L’air peu convaincu, Draven se tourna de nouveau vers Emily.

Alys dévisagea sa maîtresse en haussant les sourcils plusieurs fois de suite. — Milady a-t-elle tout ce dont elle a besoin ? demanda-t-elle.

— Oui, merci, Alys.

— Surtout, si milady a besoin de quoi que ce soit, qu’elle n’hésite pas à m’appeler, insista Alys avec un sourire entendu.

Emily lui répondit d’un regard torve.

— Ce sera tout, Alys. Merci.

Alys lança un dernier baiser silencieux en direction de la nuque de lord Draven et repartit d’un pas vif vers le donjon.

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Vous sentez les pommes et la cannelle, dit-il d’un ton bourru.

— C’est le parfum de ma sœur, répondit-elle en interrompant ses soins un instant. Je lui ai toujours dit qu’il attirait plus les mouches et les abeilles que les hommes.

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Lorsqu’on avait le courage de faire face à ses angoisses, on découvrait qu’elles étaient rarement aussi insurmontables qu’on l’avait d’abord pensé.

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« Et moi, je n’aurais jamais cru désirer une femme à ce point. Sa beauté est un appât accroché à un hameçon mortel. Pauvre poisson que je suis, je n’au pas d’autre choix que de fuir avant d’être ferré. »

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** Extrait offert par Kinley MacGregor **

1

— Tout ce qu’une femme a besoin de savoir sur les hommes, c’est qu’ils sont esclaves de leur braguette. Prenez-les par les braies, et ils vous mangeront dans la main car, quand leur membre viril se réveille, leur cerveau cesse de fonctionner.

Assise sur le lit près de sa sœur Joanne, Emily s’efforçait de ne pas sourire pour ne pas offenser Alys. Elle pressa un poing contre sa bouche pour contenir son hilarité.

Puis elle commit l’erreur de croiser le regard de sa sœur, et elles éclatèrent de rire.

Comment faire autrement ? Surtout lorsque l’image qui lui venait à l’esprit était la braguette exagérément volumineuse qu’arborait le promis de Joanne. Niles paradait tel le dieu Priape dans une fête de la virginité.

Alys, leur servante, n’apprécia guère leur amusement. Emily s’éclaircit la gorge et s’efforça d’afficher un air sérieux.

Les mains sur les hanches, Alys toisa les deux sœurs. Avec son mètre cinquante, elle n’était guère impressionnante. Toutefois, Joanne et Emily lui ayant demandé des explications, le moins qu’elles pussent faire était de l’écouter sans glousser comme deux dindes.

— Je croyais que vous vouliez vraiment savoir, grogna Alys.

— Pardonne-nous, s’excusa Emily en croisant sagement les mains sur les genoux. Nous sommes tout ouïe.

De fait, elles n’avaient guère le choix, car elles s’étaient mis en tête de trouver un mari à Emily. Or, ni l’une ni l’autre ne savait comment séduire un homme pour qu’il demande votre main. Alys était la seule femme au château à qui elles pouvaient demander conseil. Toutes les autres seraient allées le répéter aussitôt à leur père.

Heureusement, elles pouvaient toujours compter sur leur loyale servante, une jeune femme truculente et aisément corruptible.

Alys balança sa natte noire par-dessus son épaule et reprit :

— Comme peut en témoigner lady Joanne, séduire un homme est relativement facile. Le plus dur, c’est de le garder.

Le teint de Joanne vira au rouge vif.

— Je n’ai fait qu’entrer dans la pièce, se défendit-elle. C’est Niles qui m’a séduite.

Alys leva une main d’un air victorieux et poursuivit :

— Comme je le disais, séduire est…
— Et s’il ne veut pas être séduit ? l’interrompit Emily.

Alys laissa retomber ses bras. Bien qu’elle eût deux ans de moins qu’Emily, elle avait fréquenté toutes sortes d’hommes et était considérée par les jeunes femmes du comté comme une experte en la matière.

— Milady, dit-elle avec patience, ma fleur a été cueillie alors que j’étais à peine pubère. Je peux vous garantir une chose : tous les hommes sont libidineux. La seule raison pour laquelle vous n’avez pas encore eu besoin de les repousser, c’est l’épée de votre père.

Emily ne pouvait la contredire. Leur père surveillait ses filles comme si elles étaient ses faucons les plus précieux. Aucun homme n’osait les regarder de peur de s’attirer ses foudres. Et si l’un d’eux s’aventurait à les toucher…

Elle s’étonnait que Niles ait encore quelque chose dans la braguette.

Il lui vint une autre idée.

— Et si je le veux et qu’il en veut une autre ?

Alys poussa un profond soupir.

— Lady Emily, vous parlez toujours avec des « si », des « et » et des « mais ». Admettons que le monsieur ait des intérêts ailleurs, il vous suffit de rester en sa présence, de sourire, de montrer un peu de cheville, de…

— Montrer ma cheville ! s’exclama Emily. Je serais mortifiée.

— Mieux vaut être mortifiée que vieille fille.

Alys n’avait pas tort. Emily commençait à désespérer. Son père refusait d’entendre raison et, si elle voulait trouver un mari, elle avait intérêt à prendre les choses en main.

— Un peu de cheville, convint-elle en rougissant légèrement. Quoi d’autre ?

— Toujours le faire patienter. L’attente vous rendra encore plus désirable à ses yeux.

Emily hocha la tête.

Joanne croisa les bras sur sa poitrine et demanda :

— Passons à la question suivante : où trouve-t-on cet homme ?

Emily poussa un soupir de frustration.

— En effet, dit-elle, c’est le point crucial du problème : comment convaincre un homme de m’épouser alors qu’il n’y en a aucun de désirable dans les parages ?

Alys lui répondit avec un léger sourire :

— Ma mère disait toujours : « Tu trouveras ta rose là où et quand tu t’y attendras le moins. »

 

Plus tard dans la journée, Emily quitta les cuisines et reprit la direction du donjon. Elle n’avait pas fait deux pas que sa route fut barrée par Théodore, le cousin du fiancé de sa sœur et l’homme que Joanne et elle surnommaient en secret « le démon sorti de la fosse la plus pestilentielle de l’enfer ».

Elles avaient dû l’invoquer sans le vouloir avec leur discussion plus tôt dans la matinée, car Niles et Théodore étaient apparus sur le seuil à peine la leçon d’Alys terminée.

Niles, un grand gaillard un peu ours, avait entraîné sans ménagement Joanne dans un pique-nique en laissant son cousin derrière lui. Depuis que sa sœur et son fiancé avaient disparu, Théodore n’avait cessé de harceler Emily, se mettant dans ses jupes avec la claire ambition de se glisser dessous.

Emily était à bout de patience et ne savait plus comment se débarrasser de ce fâcheux. Si Théodore était la rose dont Alys lui avait parlé, le célibat lui semblait soudain plein de promesses.

Il tenta de lui prendre la main, et elle réprima une grimace de dégoût. Ne pouvait-il donc pas la laisser en paix ?

Sans doute une femme désespérée l’aurait-elle trouvé passablement séduisant. Elle priait le Ciel de ne jamais être désespérée à ce point.

Ce qui manquait surtout à Théodore, c’étaient quelques règles d’hygiène de base. Si le chemin de la sainteté passait par la propreté, cet homme était résolument païen. Ses cheveux blonds, qui se faisaient rares, voyaient rarement un peigne et n’avaient jamais connu un savon. Ses vêtements étaient perpétuellement froissés, comme s’il dormait tout habillé, et tellement tachés qu’ils devaient les laver aussi souvent que ses cheveux.

— Êtes-vous prête à me donner un baiser ? demanda-t-il.

— Non, répondit-elle en le contournant. Veuillez m’excuser, mais j’ai beaucoup à faire.

— Quelle tâche serait plus agréable que ma compagnie ?

Elle aurait encore préféré nettoyer les latrines.

Il se planta de nouveau devant elle, l’empêchant d’avancer.

— Voyons, ma douce Emily, je sais à quel point vous vous sentez seule. Ne rêvez-vous pas qu’un homme vienne vous prendre la main ?

En effet, sauf que le mot-clé dans cette affirmation était « homme » et qu’à ses yeux Theodore ne valait guère mieux qu’une punaise de lit. Ce n’était certainement pas de lui qu’elle rêverait la nuit.

Il toucha le bord de son voile près de son visage dans un geste si familier qu’elle plissa le front sans chercher à cacher son agacement. Évidemment, il n’en tint aucun compte.

— Vous aurez bientôt passé l’âge, milady. Peut-être devriez-vous envisager de faire comme votre sœur pour vous trouver un mari.

Elle n’aurait su dire ce qui l’offensait le plus, l’allusion à son âge ou la référence à l’humiliation de sa sœur, qui s’était laissé surprendre dans le lit de Niles.

— Je peux me trouver un mari moi-même, merci. Je n’ai pas besoin de votre aide.

Les traits de Theodore se durcirent, et son poing se referma sur son voile.

— Vous serez à moi, grogna-t-il.

Emily serra les dents, se préparant à la douleur, et s’écarta vivement. Les épingles qui retenaient son voile lui tirèrent les cheveux avant d’être arrachées, la libérant.

Elle courut à travers la cour remplie de monde, en espérant atteindre le donjon avant qu’il ne l’ait rattrapée.

Elle n’eut pas cette chance.

Théodore jeta son voile sur le sol et, cette fois, lui agrippa le bras.

Effrayée et furieuse, Emily grimaça en sentant ses doigts s’enfoncer dans sa chair et tenta de se dégager. Si seulement son père avait été là ! Lorsqu’il était au château, il ne la quittait pas des yeux, et aucun homme ne se serait permis une telle insolence.

— Donnez-moi un baiser, ordonna Théodore.

Plutôt embrasser une mule lépreuse ! Paniquée, elle chercha fébrilement autour d’elle un moyen de se débarrasser de lui.

À cet instant, un groupe de poules se précipita autour d’eux. En voyant Théodore tenter de les écarter d’un coup de pied, il lui vint une idée.

Elle se tourna vers lui et, se souvenant de la leçon d’Alys, lui adressa un sourire charmant.

— Théodore ? dit-elle d’une voix enjôleuse.

L’effet fut immédiat. Les traits du goujat se radoucirent, et il lâcha son bras pour lui prendre la main.

— Ah, Emily, vous n’imaginez pas le nombre de nuits que j’ai passées à rêver de vous et de vos doux soupirs. Dites-moi, combien de temps encore dois-je languir avant de pouvoir goûter au fruit succulent de vos cuisses ?

Jusqu’à ce qu’il gèle en enfer.

C’était bien sa chance ! Pour une fois qu’un homme lui déclamait de la poésie, il fallait que celle-ci soit du genre obscène, et éructée par un individu qui ressemblait à un troll verruqueux.

Elle s’efforça de masquer son dégoût tout en libérant sa main de sa patte moite.

Elle entendit alors des chevaux approcher. Supposant qu’il s’agissait des hommes d’armes de son père qui rentraient, elle ne se retourna pas.

— Vous m’avez convaincue, milord, dit-elle en essuyant sa paume sur sa jupe.

Il gonfla le torse avec une arrogance hallucinante.

— Je savais bien que vous finiriez par succomber, milady. Aucune femme ne me résiste.

Il ne devait fréquenter que des femmes aveugles et, surtout, dépourvues d’odorat.

— Fermez les yeux, Théodore, et je vous donnerai ce que vous méritez pour votre ténacité.

L’air suffisant, il ferma les yeux et se pencha en avant en fronçant les lèvres dans ce qu’il pensait sans doute être une mimique séductrice.

Avec une grimace de dégoût, Emily saisit l’une des poules rouges à ses pieds et la souleva devant la bouche tendue de l’importun.

Théodore embrassa le cou du gallinacé avec un gros bruit de ventouse.

Quand il se rendit compte que ses lèvres étaient en contact avec des plumes, il rouvrit les yeux et croisa le regard intrigué de la poule. Son cri de surprise effraya l’animal, qui se mit à lui caqueter au nez en battant des ailes pour se libérer des mains d’Emily. Celle-ci la lâcha, et la poule alla se percher sur la tête de Théodore, qui eut juste le temps de lever les bras pour se protéger le visage. Le volatile lui piqua le crâne, soulevant des mèches graisseuses dans la manœuvre, tandis que ses congénères volaient au secours de leur sœur, donnant des coups de bec dans les tibias de Théodore et le faisant trébucher en arrière dans une cacophonie de piaillements et de jurons.

Théodore percuta une auge et y tomba les fesses les premières, soulevant des gerbes d’eau autour de lui. Emily recula précipitamment pour ne pas être éclaboussée.

Lorsque Théodore ressortit la tête de l’eau en crachant, la poule offensée revint se percher sur son crâne.

La scène était tellement comique qu’Emily éclata de rire.

— La jeune fille la plus douce du monde ? Décidemment, Hugh, tu es un fieffé menteur !

Cette voix grave de baryton n’appartenait à aucun des hommes d’armes du château. Le rire d’Emily s’étrangla dans sa gorge. Se retournant, elle vit son père accompagné d’une quinzaine d’hommes.

Lord Warwick faisait une drôle de tête.

Elle était néanmoins soulagée qu’il soit de retour. Au moins, elle n’avait plus à craindre les manigances de Théodore.

Comme elle se dirigeait vers son père, son regard fut attiré par l’homme qui se trouvait sur sa gauche : un chevalier portant un surcot rouge sang brodé d’un corbeau. Il était perché sur un étalon à la robe blanche immaculée. Bien qu’elle ne pût distinguer son visage, elle sentit son regard sur elle telle une langue de feu.

Elle s’arrêta net.

Jamais encore elle n’avait vu un homme comme lui. Grand, il se tenait droit sur sa selle. Le cheval et son cavalier semblaient ne faire qu’un.

Sa cotte de mailles était drapée presque sensuellement sur un corps d’acier façonné par des années d’entraînement. Ses larges épaules étaient rejetées en arrière avec fierté, rendant sa carrure plus impressionnante encore.

Son immense destrier piaffait d’impatience. L’homme le rappela à l’ordre d’une pression de ses puissantes cuisses et d’un coup sec sur les rênes.

C’était un homme qui attirait le regard. Tout en lui respirait l’autorité et l’assurance.

Alors qu’elle le regardait fixement, il ôta son heaume.

Son cœur cessa de battre un instant avant de repartir dans un martèlement furieux. Elle n’avait jamais vu un homme aussi beau. Ses yeux étaient d’un bleu si vif qu’ils semblaient luire au milieu d’un visage ciselé encadré par un camail argenté. Quant à ses cheveux, ils devaient être aussi noirs que ses sourcils.

Son regard, hypnotisant, exprimait une grande intelligence ainsi qu’une certaine réserve. Peu de chose devait échapper à son attention. Si beau soit-il, la dureté de ses traits laissait deviner qu’il souriait rarement. Voire jamais.

Il coinça son heaume sous son bras et la détailla de la tête aux pieds, d’un regard qui lui fit monter le feu aux joues. Il était impossible de savoir ce qu’il pensait. Lorsque ses yeux se posèrent sur sa poitrine, elle sentit ses mamelons se durcir.

— Que se passe-t-il ? aboya son père en mettant pied à terre.

Elle sursauta en entendant son ton furieux et se tourna vers lui, soulagée de se soustraire aux étranges sensations que le regard du chevalier avait éveillées en elle.

Theodore chassa la poule perchée sur son crâne et s’extirpa de l’auge en s’efforçant de conserver un air digne, ce en quoi il échoua lamentablement.

— Ta fille a-t-elle pour habitude d’attaquer tous les hommes qui l’importunent avec une poule ?

Le beau chevalier avait parlé d’un ton amusé alors que ses traits ne trahissaient aucune émotion.

— Silence, Ravenswood, grogna son père. Tu ne sais rien de ma fille ni de ses habitudes.

— Plus pour longtemps, rétorqua l’inconnu.

Emily haussa les sourcils, perplexe. Qu’est-ce que cela pouvait bien signifier ?

Le visage de son père devint encore plus rouge et son regard plus noir. Emily s’étonna de sa réaction, puis le nom du chevalier s’imprima enfin dans son esprit.

Ravenswood… Draven de Montague, l’homme dont son père était allé se plaindre auprès du roi Henry.

Que faisaient-ils ensemble ? Son père n’avait jamais caché son aversion pour le comte de Ravenswood. Il se tramait quelque chose d’étrange, et elle avait hâte d’être seule avec son père pour lui demander des explications.

Le regard de ce dernier se radoucit lorsqu’il s’abaissa vers elle.

— Théodore t’a-t-il manqué de respect, Em ?

Théodore se raidit.

— Je ne ferais jamais rien de la sorte à une lady.

Toutefois, la malveillance qu’elle lisait dans ses yeux racontait une autre histoire. Elle ferait tout pour ne plus jamais se retrouver seule avec lui, se promit-elle, même si elle n’était pas du genre à se laisser intimider. Elle était parfaitement capable de le remettre à sa place, avec ou sans l’aide d’une poule.

— Tout va bien, père, affirma-t-elle.

— C’est plutôt la poule qui est terrifiée, déclara le comte derrière elle.

Emily se mordit la lèvre pour ne pas rire. En revanche, son père ne sembla pas goûter la plaisanterie. Il avait du mal à contenir sa fureur.

Elle l’étreignit fort contre elle. Elle ne voulait pas qu’il soit en colère dès son retour au château. Il passait déjà trop de temps à broyer du noir et à ruminer ses griefs. En outre, elle ne supportait pas de voir les autres malheureux.

— Avez-vous fait bon voyage, père ? Je suis heureuse de vous voir de retour.

— Un séjour en enfer aurait été plus agréable, maugréa-t-il.

Il lança un regard mauvais vers les chevaliers toujours en selle.

— Puisque vous êtes ici, vous passerez la nuit au château, déclara-t-il. Vous pourrez reprendre la route à la première heure.

— J’ai pour principe de ne jamais dormir chez mes ennemis, répondit calmement le comte. Nous camperons en dehors des murailles et partirons à l’aube. J’espère pour vous que votre fille sera prête.

Sur cette mise en garde énigmatique, il fit faire demi-tour à son impressionnant destrier et repartit avec ses hommes, laissant derrière lui deux messagers royaux et les trois chevaliers de son père.

Théodore s’excusa et s’éloigna vers les écuries en laissant une traînée d’eau dans son sillage.

Perplexe, Emily regarda son père.

— Père ?

Il poussa un long soupir et passa un bras las autour de ses épaules.

— Viens, ma chérie. Je dois te parler en tête à tête.

 

Non loin des portes du château, Draven et ses hommes trouvèrent une petite clairière bordée par un ruisseau. Préférant rester seul, Draven bouchonna son cheval pendant que ses hommes montaient les tentes et que son frère Simon préparait un feu.

Il ne pouvait chasser la fille de Hugh de ses pensées. Il lui suffisait de fermer les yeux pour la voir aussi clairement que lorsqu’elle s’était tenue devant lui, avec son visage lumineux, son sourire espiègle et ses yeux vert sombre pétillants d’humour.

Quant à la poule…

Il fut pris d’une envie de rire qui cessa aussitôt lorsque le visage souriant réapparut dans son esprit pour le tourmenter.

Il serra les dents, et ses doigts se crispèrent autour de la brosse.

Lady Emily n’était pas le genre de beauté à la mode qui plaisait aux chiffes molles, mais elle possédait quelque chose d’exotique, un je-ne-sais-quoi diablement charmeur.

Ce qui avait le plus retenu son attention, c’étaient ses grands yeux de chatte qui contemplaient le monde avec une incroyable audace.

Elle était élancée, avec une opulente chevelure blonde et bouclée qui lui retombait jusque dans le creux des reins. Les anges eux-mêmes ne pouvaient avoir des traits aussi doux et enchanteurs. Il comprenait pourquoi Hugh rechignait à la laisser partir. Un tel trésor méritait d’être gardé avec soin. Malgré lui, il ressentit une petite pointe de respect pour ce père qui protégeait son enfant.

Goliath redressa la tête en renâclant.

Draven se rendit compte qu’il brossait vigoureusement le même endroit depuis plusieurs minutes.

— Pardon, mon vieux.

Il donna une petite tape sur le flanc de son cheval pour l’apaiser. Cela ne lui ressemblait pas d’être dans la lune, lui qui était d’ordinaire si méticuleux avec ses animaux.

Chassant la fille de Warwick de ses pensées, il se remit au travail.

Il ajoutait de l’avoine dans la musette de Goliath lorsque Simon s’approcha.

— Alors, ce n’est pas ce à quoi tu t’attendais ? demanda-t-il.

Draven savait déjà où son frère voulait en venir et ne tenait pas à aborder le sujet.

— Quoi, la musette ? dit-il, feignant de ne pas comprendre. J’utilise toujours la même.

Simon leva les yeux au ciel.

— Je me fiche de ta musette, et tu le sais très bien. Je te parle de la demoiselle. Qui aurait cru que le Lord au Grand Nez avait une fille aussi jolie ? Je n’ai jamais vu lady plus avenante.

— C’est la fille de mon ennemi.

— Et la femme que tu as juré de protéger.

Draven glissa la lanière de la musette sur la tête de son cheval.

— Pourquoi viens-tu m’embêter avec des détails triviaux que je connais déjà ? ronchonna-t-il.

Simon avait un côté diabolique. Si un autre que lui s’était amusé à le titiller ainsi, Draven aurait rapidement mis un terme à la plaisanterie. Toutefois, en dépit de son agacement, il aimait profondément son jeune frère.

Simon eut un sourire malicieux.

— Tu sais, j’ai rarement l’occasion de te voir mal à l’aise. Cela me plaît assez. Pour un peu, tu aurais presque l’air humain.

Draven caressa le front de Goliath, puis ramassa sa selle et ses sacoches sur le sol et s’apprêta à rejoindre ses hommes.

Il s’arrêta à la hauteur de Simon.

— Si jamais j’ai eu un jour des qualités humaines, je t’assure qu’elles ont disparu depuis longtemps. Tu es bien placé pour le savoir. Je la protégerai parce que le roi me l’a ordonné. Pour le reste, elle n’existera pas à mes yeux.

— Si tu le dis.

— Je le dis, grogna Draven en se dirigeant vers le feu.

— Un jour, j’espère que tu découvriras que tu n’es pas un monstre né en enfer, mon frère, lança Simon derrière lui.

Draven fit la sourde oreille. En vérité, il enviait à Simon son optimisme. C’était un don rare que leur mère avait légué à son fils benjamin. Lui n’avait pas eu cette chance, et le sort n’avait jamais été tendre avec lui. S’accrocher à des rêves et à des espoirs ne servait qu’à accroître le vide dans sa vie.

Il en avait toujours été ainsi et il en irait toujours ainsi. Tel était son destin, et il y survivrait comme il avait survécu à tous les coups qu’il avait reçus au cours de son existence.

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** Extrait offert par Kinley MacGregor **

Prologue

— Cet homme est le diable incarné !

Devant le ton convaincu de Hugh de Warwick, Draven de Montague, quatrième comte de Ravenswood, s’esclaffa. Il avait déjà entendu cette insulte d’innombrables fois. Hugh et lui se tenaient tous les deux devant le trône du roi Henry II, son frère Simon et l’un des hommes de Hugh attendant quelques pas derrière eux.

— En effet, j’ai été engendré en enfer et nourri au sein d’un démon femelle, confirma-t-il avec un sourire narquois. Je n’ai jamais prétendu le contraire.

Après tout, il avait une réputation à maintenir. Or, dans ce monde en proie au chaos, il était le maître incontesté des ténèbres.

Figés telles des statues, deux gardes encadraient le siège du souverain. Celui-ci, drapé dans un manteau violet et coiffé d’une couronne en or qui réfléchissait la lueur des torches, posait sur les deux nobles devant lui un regard exaspéré. Draven avait versé son sang et celui de bien d’autres pour asseoir Henry sur le trône. Toutefois, il connaissait assez son souverain pour savoir que sa patience avait ses limites.

Oubliant la prudence, Hugh fit un pas en avant.

— J’exige qu’il laisse mes terres tranquilles, Votre Majesté. Il en possède déjà suffisamment pour ne pas chercher à s’emparer de Warwick.

Henry Plantagenêt n’était pas un homme que l’on approchait impunément. Il s’était fait seul, à force de détermination et de courage. En ce sens, il ressemblait à Draven, auquel, en outre, il était redevable.

L’expression sur son visage laissait craindre le pire.

Comprenant son erreur, Hugh recula précipitamment d’un pas, les yeux baissés vers le sol dallé.

Henry lança un regard vers Draven et soupira :

— Nous ne comprenons pas comment cette querelle a débuté. Vous vous accusez mutuellement d’avoir été attaqué par l’autre, et chacun nie avoir commencé. Vous me rappelez deux morveux qui se disputent un jouet en criant à l’injustice. Nous attendions mieux de vous. Surtout de toi, Draven.

Draven s’efforça de refouler la colère qui montait en lui. Il avait servi fidèlement Henry pendant plus de la moitié de sa vie. Cela étant, il n’était le pion ni la dupe de personne. Il était son propre maître. Henry l’avait compris depuis longtemps, et c’était la raison pour laquelle Draven était pour lui un allié si précieux. Leur alliance avait été forgée dans le sang sur le champ de bataille.

Réprimant sa colère, Draven osa soutenir le regard du roi.

— Comme vous le savez, Sire, je n’ai pas pour habitude de me laisser faire. Je ne m’inclinerai pas devant cet homme qui attaque mes paysans et pille mes champs. Si Hugh veut la guerre, par Dieu, il l’aura !

Henry leva les yeux au ciel comme s’il implorait les saints de lui venir en aide.

— Nous sommes las de ces querelles incessantes entre seigneurs. Certes, nous savons que, sous Étienne, les règles étaient plus lâches. Toutefois, cette époque est révolue. C’est désormais nous, Henry, qui régnons sur ce pays, et nous exigeons la paix.

Il regarda Draven droit dans les yeux.

— Nous sommes-nous bien fait comprendre ?

— Oui, Sire.

Les traits de Henry se détendirent légèrement.

— Fort bien. Sachant que, quand le chat n’est pas là, les souris dansent, nous ne pouvons vous laisser le champ libre. Nous scellerons donc cet accord d’une manière plus pérenne.

Draven se tendit. Il connaissait suffisamment Henry pour savoir que sa solution n’allait pas lui plaire.

— Puisque aucun de vous n’admet avoir attaqué le premier, poursuivit le roi, nous nous inspirerons du jugement de Salomon. Si chacun détient un bien cher à l’autre, vous hésiterez peut-être avant de vous lancer dans de nouvelles hostilités.

— Mais… Votre Majesté ? balbutia Hugh d’une voix inquiète.

Henry caressa sa barbe auburn.

— Tu as bien une fille, n’est-ce pas, Hugh ?

— Oui, Sire. J’en ai trois.

Henry hocha la tête, puis se tourna vers Draven, qui soutint son regard avec insolence.

— Et toi, Draven, qu’as-tu à offrir ?

— J’ai un frère bon à rien dont je cherche à me débarrasser depuis des années.

Quelques pas derrière lui, le frère en question piaffa d’indignation. Il eut néanmoins la sagesse de garder le silence devant le roi.

Perplexe, Henry réfléchit un instant. Puis il se tourna vers le jeune frère de Draven.

— Dis-nous, Simon, qu’a ton frère de plus cher au monde ?

Draven se tourna légèrement vers Simon, qui se tortillait sur place. La tête respectueusement baissée, ce dernier répondit :

— En vérité, Votre Majesté, rien n’est plus important à ses yeux que son honneur. Il mourrait pour le protéger.

— En effet, convint Henry. Nous avons déjà vu jusqu’où il était prêt à aller pour le défendre. Fort bien, voici ma décision : nous exigeons que Draven jure sur son honneur qu’il ne harcèlera pas Hugh et n’effectuera pas de raids sur ses terres. De son côté, Hugh lui confiera une de ses filles en gage de sa bonne conduite.

— Quoi ? Vous n’êtes pas sérieux !

Le rugissement de Hugh avait retenti avec une telle force que Draven crut que le plafond allait s’écrouler sur eux.

Henry dévisagea Hugh d’un œil noir.

— Tu oublies ta place, le réprimanda-t-il. Tu t’adresses à ton roi et t’aventures en terrain dangereux.

Le visage de Hugh était plus rouge que le surcot cramoisi que Draven portait par-dessus son armure.

— Votre Majesté, je vous en supplie, ne me demandez pas un tel sacrifice. Mes filles sont de douces créatures qui ne sont habituées ni aux épreuves ni à la compagnie des hommes. Mon aînée doit se marier dans quelques semaines, et la cadette a pris le voile au couvent de Sainte-Anne. Vous ne pouvez exiger d’elles qu’elles renoncent à leurs vœux pour devenir otages pendant une durée indéterminée.

— N’as-tu pas dit que tu avais trois filles ?

Le long visage buriné de Hugh se figea dans une expression d’horreur.

— Sire, Emily est la plus délicate des trois. Elle tremble au moindre bruit. Elle ne survivrait pas une heure en compagnie de Ravenswood ; elle mourrait de peur. Je vous en prie, ne lui faites pas ça.

Henry plissa les yeux.

— Nous aurions préféré ne pas y être contraint, mais vous ne nous laissez guère le choix. Nous n’en pouvons plus des plaintes et des accusations constantes de nos vassaux. De fait, nous devons nous rendre demain à Hexham pour régler une autre querelle entre deux barons qui semblent incapables de se contenter de leurs terres. Nous voulons la paix !

Le ton du roi n’avait cessé de monter. Le regard brillant de colère, il hurlait presque.

— Hugh, reprit-il, c’est toi qui as réclamé l’intervention de la Couronne. Nous t’avons donné notre solution et nous te conseillons de la respecter. Que Dieu ait pitié de celui qui contreviendra à nos ordres !

Il se calma légèrement et conclut :

— Lady Emily sera confiée aux bons soins de Draven.

Draven se retint de faire la grimace. Une femme chez lui ! Et une noble, de surcroît ! Il était sur le point de demander à Henry d’oublier toute l’affaire quand le regard du monarque l’arrêta. Ce n’était pas le moment de contrarier Sa Majesté.

Puis il se produisit un événement extraordinaire : Hugh s’agenouilla devant le trône. Son surcot jaune et blanc bouffa autour de lui comme une fleur tandis qu’il posait le front sur le sol en pierre.

— Je vous en supplie, Votre Majesté, implora-t-il d’une voix chevrotante. Vous ne pouvez me prendre ma fille alors que vous ne demandez à Ravenswood que son serment. Emily est… ma vie. Prenez mes terres mais, je vous en conjure, épargnez ma fille.

L’espace d’un instant, Draven eut presque pitié de lui, puis il se souvint du village qu’il avait mis à sac en pleine nuit, des femmes violées et égorgées dans leur lit.

Si Henry ne l’avait pas arrêté, il aurait assiégé le château de Hugh et l’aurait détruit jusqu’à ne laisser qu’un amoncellement de débris.

Cependant, Henry avait une dette de sang envers le père de Hugh et, en tant que champion du roi, Draven ne pouvait s’en prendre à Warwick sans un décret royal l’y autorisant.

Que cela lui plaise ou non, seule la présence de la fille de Hugh chez lui éviterait que ce dernier harcèle ses gens. Comme toujours, Draven les protégerait et obéirait à son roi.

Henry continua de caresser sa barbe d’un air songeur tout en écoutant la supplique de Hugh.

— Relève-toi, ordonna-t-il enfin.

Hugh obtempéra, les yeux humides.

— Nous t’avons entendu et nous pouvons t’assurer que Draven prend ses serments très au sérieux. Il a toujours accompli son devoir envers nous avec une loyauté indiscutable. En revanche, tu es connu pour renier ta parole. Nous devons donc nous assurer que, cette fois, la paix sera maintenue.

Il faisait allusion à la versatilité de Hugh, qui avait autrefois juré de soutenir les efforts de Henry pour accéder au trône, pour, deux mois plus tard, s’allier aux forces de son rival, le roi Étienne.

Hugh n’était pas digne de confiance et ne le serait jamais.

— Si Votre Majesté doute de ma loyauté, pourquoi n’a-t-elle pas confisqué mes terres ? demanda Hugh.

Les narines de Henry se dilatèrent.

— Tu peux en remercier ton père. Plutôt que d’interroger nos motivations, sois reconnaissant envers notre clémence et montre ta gratitude. Draven gardera ta fille chez lui durant un an. Si, au terme de cette période, tu t’es montré honorable, elle te sera rendue.

Les traits de Hugh se durcirent.

— À vous entendre, on croirait que c’est moi qui suis à l’origine de cette querelle, marmonna-t-il. Pourquoi dois-je être puni alors que lui…

— Silence ! rugit Henry. Une autre insolence de ta part, et nous te dépouillerons de tout ce qui t’est cher !

Hugh eut la sagesse de se taire, même si ses yeux lançaient des flèches.

Henry fit signe à son scribe d’approcher pour écrire son décret.

— Si tu attaques Draven, ses gens ou ses terres au cours de l’année à venir, il pourra faire de ta fille ce qu’il voudra.

Hugh lança un regard mauvais à Draven.

— Et s’il lui fait du mal ou la déshonore, Sire ?

— En tant que bras droit de la Couronne, Draven sait fort bien le sort que nous réservons aux traîtres. Il a toute notre confiance, et nous lui ferons jurer de ne pas la toucher sur les os de saint Pierre. Pour apaiser tes craintes, Hugh, nous enverrons notre propre médecin examiner ta fille dans un an pour nous assurer qu’elle te sera rendue dans l’état où elle aura quitté ta protection.

Le roi se tourna vers Draven.

— Lady Emily sera considérée comme notre pupille. Tout dommage qu’elle subirait serait un dommage envers nous. T’engages-tu à veiller sur elle comme il convient ?

— Je la protégerai envers et contre tout, Votre Majesté, répondit Draven.

— Parfait. Prends les dispositions nécessaires, Draven, et va trouver notre prêtre afin de jurer devant Dieu.

Henry se tourna de nouveau vers Hugh et déclara d’un ton péremptoire :

— Draven t’accompagnera chez toi pour prendre la tutelle de ta fille. Si mes messagers royaux reviennent de Ravenswood en nous annonçant qu’elle n’y est pas, nous serons très fâchés.

Les quatre hommes s’inclinèrent dans un même mouvement et sortirent de la salle du trône à reculons.

Dès que les lourdes portes se furent refermées, Hugh fondit sur Draven.

— D’une manière ou d’une autre, tu me le paieras de ta vie !

— C’est une menace ? répondit Draven d’un ton amusé.

S’il y avait bien une chose qu’il ne craignait pas, c’était la mort. En fait, il l’aurait même accueillie avec soulagement.

Simon attrapa Draven par le bras et l’écarta de Hugh.

— Le roi est encore à portée de voix, chuchota-t-il. Vous tenez vraiment à avoir une autre audience avec lui ?

Frémissant de rage, Hugh tourna les talons et s’éloigna.

— Ne crains rien ! lui lança Draven. Ta fille sera chaleureusement accueillie.

Un juron lui répondit plus loin dans le couloir. Ce ne fut qu’une fois Hugh disparu que Draven laissa enfin son malaise transparaître sur son visage.

Aucune lady n’était entrée à Ravenswood depuis près de vingt ans. Il ferma les yeux, essayant de chasser ce souvenir, les cris de terreur et les implorations qui résonnaient dans sa tête.

Et aujourd’hui, une autre lady allait s’installer au château.

— Ce n’est que pour un an, chuchota Simon.

— Ai-je besoin de te rappeler la malédiction, mon frère ? marmonna Draven.

— Tu n’es pas ton père.

Draven haussa les sourcils.

— Tu le crois vraiment ? Ne suis-je pas son égal en rapidité et au combat ? Ne répète-t-on pas sans cesse que je suis son portrait craché ?

— Tu n’es pas ton père, répéta Simon.

Draven ne l’écoutait pas. Il connaissait la vérité. Il était bien le fils de son père, contrairement à Simon, et le sang maudit de son géniteur coulait dans ses veines.

Amener une lady à Ravenswood revenait à signer son arrêt de mort. Or, Draven s’apprêtait à jurer sur son honneur qu’il ne lui arriverait rien.

Le destin était une garce cruelle, qui aujourd’hui lui riait au nez.

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** Extrait offert par Kinley MacGregor **

Emily met Draven’s gaze. “And what of you?”

“Me?”

“Do you not crave a family?”

“I have my sword, my shield and my horse. ‘Tis all the family I require.”

She frowned. “What of Simon?”

“Unlike your father, milady, I don’ cling to people. For the most part, I enjoy my brother’s company. But I know the time will come when he will leave. ‘Tis expected.”

“Are you not afraid of being alone?”

“I came into the world that way, and ’tis the way I shall surely leave it. Why should I expect the years in between to be anything else?”

Emily just stared at him as she digested his words. The calm acceptance amazed her. “Do you not wish it otherwise?”

“If you don’ wish for something, then you can’ be disappointed.”

His words sent a shiver over her. How could he live with such a reality?

“‘Tis a cold place where you live, milord. And the fact that you seem to like it so well makes me pity you.”

“You pity me?” he asked incredulously.

“‘Deed I do.”

Emily sighed. There was no need to further this discussion. He was a stubborn man and it would take some thinking to get past those prickly defenses of his. But she would succeed.

One way or another.

“Come, milord,” she said, taking his hand again. “Let us not dwell on such serious matters while we are in the midst of merriment. I can see them getting ready for a wrestling match and something tells me that you would much rather watch that than hear another minstrel’s tale.”

Draven nodded.

And so the rest of the afternoon went. Though Lord Draven never really took part in any of it, he seemed content enough to watch her as she enjoyed herself fully.

Emily tried time and again to get him to loosen up a bit, but it was futile.

“Come, Lord Draven,” she chided at the maypole. “Would you not like to kick up your heels and dance?”

“Should I do that, milady, the world would surely know just how uncoordinated I am, and being a knight of the crown and not a fool, I would shudder to make them laugh at me.” He gently urged her toward the pole with a light nudge. “Go participate if you must.”

“Very well,” she said as she left his side and went to take one of the red ribbons.

Draven crossed his arms over his chest as he watched Emily dance around the pole. She was truly breathtaking. Her hair and skirt flared around her as she turned in circles, laughing.

How he wished he could live up to the words he had given her about his life. But in truth he did wish for something.

That something was her.

And there was nothing more than mere words standing between them.

And a curse.

Aye, the curse. Grinding his teeth, he tried to blot the image of his mother’s pale face from his mind. The blankness of her lifeless stare.

No matter his feelings, he would never forsake his word to Henry. Emily’s safety would take precedence over his needs. His wants.

After the dance, she returned to his side, her eyes sparkling. “You should have joined us,” she said breathlessly. “‘Twas most marvelously fun.”

Impulsively, Draven brushed a stray piece of hair from her cheek. He lingered his fingertips over the softness of her skin before he trailed them just a bit through her hair.

So subtle a gesture and yet it sent heated waves of desire through his entire body, rocking his equilibrium. He dropped his hand back to his side, but still the warmth of her skin clung to him.

“I hate to take you away from the fun, milady. But ’twill be dark within the hour and I fear we must be getting back.”

“Very well.” She reached out and tucked her arm into the crook of his elbow.

Draven stiffened, knowing he should withdraw and yet he liked the feeling of her by his side.

Relaxing, he led her back through the merchants and their wares.

As they passed a goldsmith’s booth, he noted the way Emily slowed down, her gaze drawn by it. Draven stopped and reluctantly withdrew his arm from her.

“Here,” he said, pulling a gold mark from his purse. “Go buy yourself a trinket to remember the day.”

“I can’ take this,” she said, handing it back to him. “‘Tis too much to spend.”

“Go ahead,” he said gently as he pressed it into her hand. “I assure you there is nothing at this fair that would bankrupt me.”

She looked at him skeptically as she rubbed the coin between her thumb and forefinger. “Are you sure?”

“It would please me for you to spend it.”

He watched as she crossed the way to look over the bracelets scattered about the top of the table.

“Here, milady,” the merchant said, holding up an intricately set emerald necklace. “This necklace would be a perfect match for your eyes.” The merchant’s female assistant draped the piece around Emily’s throat.

Her long graceful fingers stroked the gold braid as she lifted up the large tear-shaped emerald to study it. “‘Tis very beautiful,” she breathed.

“Aye, milady does it justice,” the girl said.

Draven agreed.

Taking a deep breath, he looked away. He knew it did no good to lust after that which he couldn’ have. He’d learned long ago not to stare at the sun lest it blind him.

And so he forced himself to watch the people around him as they moved through the crowd.

Several minutes later, Emily was back at his side.

“Did you get the necklace?” he asked.

She shook her head and before he could move, she seized his cloak. Draven frowned as he watched her hands gather the black fabric under his plain brooch, then unpin it. She placed his brooch between her teeth and in its place, she pinned an elaborate gold piece inlaid with a black enameled raven that was surrounded by dark red rubies.

She pulled his old brooch out of her mouth and smiled. “It reminded me of your emblem,” she said, smoothing his cloak. “And I thought you might have more need of a happy memory than me.” Her hands lingered on his chest as she tilted her head to look up at him.

Overwhelmed, he didn’ know what pleased him most. Her smile, the feel of her hands against his chest, or the fact that she had thought of him.

“Thank you, Emily, I will treasure it always.”

Her smile widened. “Do you realize that is the first time you have used my name while addressing me? I had begun to wonder if you even remembered it.”

She took his arm again and started back to where they’d left the horses.

“Thank you for the day,” she said. “It was one of the best ones I’ve ever had.”

He swallowed. It was without a doubt the best day of his life. He covered her hand with his and reveled at the feel of her fingers beneath his own. He gave a gentle squeeze and led her to their mounts.

She wasn’ nearly as talkative on the way back and about half way there, Draven turned to see why. She had her eyes closed and looked as if she were trying to sleep. She jumped as if startled and then blinked her eyes as if to clear them. And then she covered her mouth with her hand and gave a wide yawn.

Draven reined his horse to a stop and caught her reins. She looked at him with a puzzled frown.

“You’d best ride with me before you fall from your horse and break your neck.”

Before she could protest, he lifted her from her saddle and set her down across his lap. Heat seared him as her hips contacted with his loins.

She said nothing as she wrapped her arms about his waist and settled herself against his chest like a small child. The top of her head brushed his chin and he could feel her heat the length of his entire body. Her breath fell softly against his throat raising chills all over him.

For a moment he couldn’ move as he fought against the urge to kick his horse into the woods and lay her down upon the grass and take her. Over and over, he could imagine her sighs of pleasure in his ear as he rocked himself between her milky thighs as he took possession of her both body and soul.

He tightened his grip on the reins. He would not touch her. By all that was holy, he would not!

Forcing himself, he tied the reins of her horse to his saddle and continued on toward Orrick’s home. His horse had barely gone three yards before he felt her body relax as she drifted off to sleep. It was only then he allowed himself to relax.

Impulsively, he tilted his head down to rest his cheek against the top of her head where he could inhale the sweet honeysuckle scent of her and feel the soft strands on his skin, his lips.

“Ogres can be fun,” she mumbled under her breath, never waking from her sleep.

“Even in slumber you speak,” he said, amused by the knowledge, and even more by the fact that no other man knew that about her.

Only him.

Draven tilted her head and stared into her face. He rested her cheek against his shoulder and gently cupped her chin in his hand. Her lips were parted ever so lightly and it would be so easy to lean forward and take possession of them.

If only he hadn’ given his word.

All his life, his word had been his bond. He’d never once broken it. But never before had keeping it been so torturous.

“Lilacs,” she whispered. “There are lilacs afoot.”

Whatever was she dreaming of? He couldn’ imagine.

Tenderly, he ran the pad of his thumb over her bottom lip, remembering the sugar that had been there earlier. She poked her tongue back out, touching it lightly to his thumb.

Draven drew his hand back as if she had scalded him, and indeed it felt as if she had.

Upbraiding himself for his foolishness, he spurred the horse to get them back before he yielded to his lust.

Once he was within sight of Orrick’s walls, he gently shook her awake. She stretched languidly against him like a soft kitten. When she opened her eyes and saw his face, she jumped ever so slightly.

“My goodness,” she breathed, “I forgot you were holding me.”

If only he could have forgotten. “I thought it best you be back on your own horse before we entered the outer bailey.

Stifling yawn, she nodded.

Draven dismounted with her, then placed her on her own horse. Her warmth clung to him for a full minute before it evaporated and left him longing for it again.

Mounting his horse, he led her into the castle.

When they entered the hall, there was a banquet fare spread out that would rival one of the king’s feasts. Servants bustled about in haste as they brought food from the kitchens and decorated the tables.

“At last you return,” Orrick said in greeting as he approached them.

“What is all this?” Draven asked.

“Simon said you would leave in the morning, so I thought we’d have a farewell for your journey.”

“It smells wonderful,” Emily said, crossing the few feet that separated her from Christina.

Draven eyed the dias draped with red cloth and filled to overflowing with hatred. In truth, he preferred his meals in private. But there was no way to decline the offer lest he offend his host.

“I tried to tell him not to,” Simon said in a low voice as he came up behind him. “He wouldn’ listen.”

Draven noted Simon’s obvious limp as he paused next to him. “How’s your ankle this evening?”

“Better.”

“So I see.”

“What do you mean?”

“This afternoon when I left, ’twas the other foot you favored. Perhaps it wasn’ your feet you injured, but rather your head.”

A wide smile split Simon’s face. “You caught me. “Well, at least I no longer have to worry about hobbling about.” His gaze dropped to Draven’s chest. “Nice cloak pin. Did some demon possess you that you would buy it?”

Draven glanced to where Emily talked with Christina. Pain stabbed his heart and he sighed. “‘Twas but a bit of foolishness. If you’ll excuse me, I need to speak with my squire.”

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