Les Révélations des dryades, Tome 3 : Colas

La magie noire qu’elle tentait de canaliser explosa en elle. Elle refusait de mourir de sa main. Dans un hurlement guttural, Gaïa se laissa engloutir et perdit son âme. Le feu de l’enfer embrasa son corps, brûlant vif les Huldrefolk qui se tenaient à proximité et bloquant toute retraite à ceux qui se trouvaient en contrebas. Ils étaient perdus.

Colas se tenait non loin d’elle et pourtant elle ne le voyait plus, elle ne voyait plus que des ombres. Elle devait les détruire. Elle pouvait anéantir les forces démoniaques. Le mal allait vaincre le mal, il ne pouvait y avoir qu’un seul maître.

Gaïa brûlait littéralement devant leurs yeux. Ses prunelles habituellement vertes pâles étaient devenues obscures, vides. C’était irréel et effrayant. Sous le feu de son regard, les Huldrefolk paniquèrent alors qu’ils étaient prisonniers. Ils ne pouvaient rien contre la sorcière et ils en avaient conscience. Son corps brûlait d’un feu ardent, rendant l’atmosphère de la pièce étouffante. Un instant, le regard de la sorcière se posa dans le sien, et Colas comprit qu’elle n’était plus là. Elle s’était perdue. C’était son corps, son visage, et pourtant, c’était Fylgjur qui possédait maintenant ce corps qu’il vénérait.

Indifférent au danger, Colas se tenait fermement sur ses jambes et soutenait son regard sans faiblir. Dans ses prunelles, il percevait une faille. La haine et la destruction dominaient, mais il y percevait aussi de la peur et de la douleur. Son corps était prisonnier des flammes, tandis que son âme s’était perdue. Elle était puissante, et personne ne pourrait plus la neutraliser.

Dans ses narines, Gaïa percevait l’odeur de la peur. Elle respira avec délectation ce parfum. C’était enivrant, euphorisant, et son âme semblait se nourrir de cette odeur âcre. Elle observa les ombres, et un sourire aux lèvres, elle fit monter la chaleur dans la pièce. Les ombres chutaient au sol, les unes après les autres, en suffoquant.