Extraits

— Je t’intimide toujours ?

— Non…

— Si, susurre Jaylen d’une voix amusée.

— Engy, s’il te plaît, m’implore-t-il.

En glissant sa veste sur son épaule, je fais le tour pour regarder derrière et découvre que Joshua a été touché derrière l’épaule.

— Merde ! Josh ! Pourquoi tu n’as rien dit ! m’écrié-je.

Jaylen se retourne.

— Ils lui ont tiré dessus !

— Putain, magne-toi, Jonas, Josh est blessé, dit rapidement Jaylen avant de raccrocher.

— Regarde dans la poche avant de mon jean, bébé. Prends le poignard dans son étui.

Les hanches de Jaylen sont collées à mon visage. Les mains tremblantes, je faufile ma main dans la poche de son jean et en ressors un étui noir. Je l’ouvre difficilement avec les doigts qui ne cessent de trembler et finis par sortir le petit couteau.

Je sursaute quand j’entends les tirs d’une mitraillette cribler de balles le restaurant. Les victimes doivent être en train de fuir de tous les côtés.

— Ils tirent sur eux ! m’écrié-je. Ils tuent ces gens ! Joshua ! Joshua est à l’intérieur, Jaylen !

— Je ne veux pas mourir ! Je ne veux pas mourir ! répété-je.

— Engy… Je sais que les mots de Joshua te redonnent espoir, que la peur que la police remonte chez moi t’incite à croire que c’est le bon moment pour repartir à zéro ensemble. Tu espères également que j’épargne Zach, pour Dieu sait quelle raison, et je préfère ne pas la connaître, mais je dois, je dis bien, je dois revenir à la maison et m’assurer que ceux qui s’en sont pris à toi et à moi reçoivent ma visite. C’est une question de respect, c’est fondamental. Et je ne peux pas lâcher le réseau. C’est ma vie. Je ne veux plus jamais qu’on reparle de tout ça…

On s’arrête près d’une petite chute d’eau, et sans que j’m’y attende, Jaylen pose sa main sur mon torse et me fait reculer jusqu’à ce que mon dos soit appuyé contre un arbre. Il se rapproche de moi et dépose un baiser sur mon front, laissant son souffle chaud caresser ma figure. Les reflets de la lune donnent à son visage des traits magnifiques. L’ombre de ce corps qui se tient face à moi semble plus dominante qu’à l’habitude. Une petite nervosité s’empare de mon être, mais cette fois, elle est positive. Ce genre de nervosité qui forme un nœud dans mon ventre pour me prouver que sa présence ne me laisse pas indifférente. En échappant le souffle que je retenais, une buée s’échappe d’entre mes lèvres. Jaylen plaque son corps contre le mien pour me réchauffer. De toute évidence, il m’aime toujours, et j’espère qu’il fera des efforts pour que notre couple tienne

Comme le calmant n’a pas été entièrement injecté, la petite dose administrée à Jaylen se dissipe rapidement. Il reprend vite ses esprits et ne met pas une seconde avant d’agripper le pull de Jonas pour lui enrouler son bras autour du cou.

— Eh ! C’était l’idée de ta meuf, pas la mienne !

— Tu m’as frappé, petit morveux ! s’amuse Jaylen en resserrant sa prise.

Mon cœur bat à cent à l’heure. Je n’imaginais pas qu’un jour je porterais une cagoule sur la tête et m’habillerais tout en noir, pour procéder à un kidnapping. Mes mains tremblent, et je le sens mal. Tout ça va nous retomber en pleine figure. Je ne suis pas experte comme les Somber Jann ! Je fais trop de bruit dans la maison. Je ne sais même pas qui aura le plus peur : notre victime ou moi ? Je suis là, comme une débile, à quatre pattes sur le sol, alors que Jonas me suit de près avec sa seringue tranquillisante. On est tous les deux vêtus comme des voleurs. Notre victime dort à poings fermés, affalée sur le sofa. Un seul et unique son pourrait la réveiller. Et si cela arrive, je crains de m’échapper en m’urinant dessus. J’aimerais impressionner, mais je ne sais pas si j’ai l’étoffe d’une kidnappeuse. Et si on fait tout foirer...

— Essaie de ne pas faire de bruit !

— Mais j’essaie ! Tu penses que je fais quoi, là ? Que je rampe au sol pour nettoyer le plancher ?

— Et si tu la fermais, plutôt ?

Pour lui montrer que je joue plus dur que lui ; avec le couteau, je détache avec soin la tête du corps de la fille et, en serrant bien ses cheveux dans ma main, je me dirige vers une armoire pour y prendre un manche à balai. Je le brise en deux avec un coup de pied, pour venir ensuite enfourcher la tête de la fille sur le bâton de bois. Je me dirige vers l’extérieur, là où je plante le bâton en plein milieu du chemin de terre. De cette façon, quand Navide arrivera avec les phares allumés de sa voiture, il aura droit à un bel accueil. J’ai mis un terme à cet endroit et je lui montre que je n’ai pas peur de jouer avec lui. Avec le sourire, je place les cheveux de la fille pour qu’il voie bien son visage sanglant. Il y a longtemps que je n’avais pas pris plaisir à faire une blague comme celle-ci. En reculant de quelques pas, j’enlève mes gants et admire mon œuvre.