Extraits

Tout dans cette pièce était vieux et décoloré, et c'était justement ce qui me plaisait. On aurait dit que les murs, le lit à baldaquin et surtout la boîte à musique recelaient des secrets.

Rien n'avait changé et pourtant c'était différent. Ils m'avaient regardée comme si j'étais une vraie fille, pas seulement une petite sœur .

Elle avait raison,cette fois.C'était un été que je n’oublierais jamais,jamais.L'été où tout a commencé.L'été où je suis devenue jolie.Pour la première fois,je l'ai senti.Enfin,plutôt,je me suis sentie jolie.Les années précédentes,j'avais toujours cru que chaque été serait différent,que la vie serait différente.Et les choses avaient enfin changé.J'avais changé.

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Belly et Jeremiah Chapitre 43 (16 ans)

La nuit de leur bagarre, j'ai frappé à la porte de Jeremiah.

- Oui, a-t-il répondu.

Il était allongé sur son lit, les mains croisées sous la nuque, et il fixait le plafond.Ses joues étaient humides, ses yeux rouges et gonflés.En prime, le droit était d'une couleur grise qui tirait sur le violet et avait commencé à enfler. Dès que Jeremiah m'a aperçue, il s'est essuyé les yeux du revers de la main.

- Salut,je peut entrer ?

- Ouais, bien sûr, a-t-il dit en se redressant.

Je me suis assise au bout du lit, le dos appuyé contre le mur.

- Je suis désolée...

J'avais préparé un discours, j'avais soigneusement choisi les mots pour lui dire combien j'étais désolée. Pour tout. Mais j'ai fondu en larmes et ça a tout gâché.

Il s'est approché et a placé maladroitement son bras autour de mes épaules. Il était incapable de soutenir mon regard, ce qui, d'une certaine façon, me facilitait la tâche.

- C'est injuste, ai-je dit avant de me remettre à sangloter.

- Tout l'été, j'ai pensé que ce serait sans doute le dernier. C'est son endroit préféré, tu sais. Je voulais qu'il soit parfait, pour elle, mais Conrad a tout gâché. Je ne connais personne de plus égoïste que lui. À part mon père.

Il a du chagrin, également, ai-je pensé. Mais j'ai gardé mes réflexions pour moi, parce que je savais que ça ne servirait à rien de les partager.

J'aurais aimé être au courant. Si j'avais été plus attentive, les choses auraient été différentes.

Jeremiah a secoué la tête.

- C'était ce qu'elle voulait. Elle aurait préféré qu'aucun d'entre nous ne soit au courant. C'est pour cette raison qu'on a fait semblant, Conrad et moi. Pour elle. Mais j'aurais dû t'en parler... les choses auraient peut-être plus simples, d'une certaine façon.

Il s'est essuyé les yeux avec le col de son tee-shirt. Je voyait bien qu'il s'efforçais de tenir le coup, d'être fort, alors je l'ai serré dans mes bras. Un frisson l'a parcouru et quelque chose s'est brisé en lui. Il s'est mis à pleurer, silencieusement. On a sangloté ensemble, les épaules tremblantes, accablés par ce pois immense. Ça a duré longtemps. Lorsque nos larmes se sont taries, im m'a lâchée pour s'essuyer le nez.

- Pousse-toi, lui ai-je lancé.

Il s'et rapproché du mur et j'ai étendu mes jambes le long des siennes.

- Je dors ici, d'accord.

Ce n'était pas une question.

Il a acquiescé et on s'est endormis tout habillés, sur le dessus-de-lit, pourtant c'était comme autrefois...

J'étais occupée à lire un magazine dans un fauteuil en teck en mangeant une tartine quand ma mère m'à rejointe . Elle avait cette expression sérieuse et décidée , celle qu'elle adopte lorsqu'elle a l'intention d'avoir une conversation mère-fille sérieuse . Je redouter autant ces conversations que mes règles .

Je me suis demandée si les amours d'enfance mouraient toujours ainsi, lentement d'abord, dans un sanglot, avant de s'évanouir comme ça, d'un coup.

- Il ne réussiras qu'à te blesser...

Sa voix s'est brisée.

- Je suis désolée, Jeremiah, si tu savais à quel point. Ne m'en veux pas, s'il te plaît, je ne pourrai pas le supporter.

Il a soupiré.

- Je ne t'en veux pas... Mais pourquoi faut-il toujours que ce soit Conrad ?

Il s'est levé et m'a abandonné sur le canapé.

- Je sais que tu as toujours eu un faible pour Conrad, mais c'est fini maintenant, non ?

Il y avait une telle lueur d'espoir dans ses yeux que ça me tuait, ça me tuait de ne pas pouvoir lui donner la réponse qu'il souhaitait.

- Je... je ne suis plus sûre, ai-je chuchoté.

Il a fait claquer sa langue, comme toujours lorsqu'il n'obtenait pas ce qu'il voulait.

- Mais pourquoi ? Il ne te voit pas comme ça. Alors que moi, oui.

Je sentais les larmes me monter aux yeux. C'était injuste, je ne devais pas pleurer. Simplement, il avait raison : Conrad ne me considérait pas comme ça. Si seulement j'avais pu partager les sentiments de Jeremiah...

- Je sais, j'aimerais changer. Mais c'est ce que je ressens. C'est ce que je continue à ressentir.

Il s'est écarté de moi. Il n'arrivait plus à me regarder, ses yeux se posaient partout dans la pièce sauf sur les miens.

-Belly...

Il a pris une profonde inspiration puis a gonflé les joues avant de relâcher son souffle, si brusquement que les mèches sur son front se sont soulevées. Les battements de mon cœur se sont accélérés - il allait se passer quelque chose. Il allait dire quelque chose que je n'avais pas envie d'entendre. Il s'apprêtais à foncer tête baissée, et tout changerait à jamais.

J'ai ouvert la bouche pour l'arrêter avant qu'il ne soit trop tard, mais il a secoué la tête.

- J'ai besoin que ça sorte.

Il a inspiré profondément avant de se lancer :

- Tu as toujours été ma meilleure amie, Belly... Mais tu es plus que ça maintenant, a-t-il continué en se rapprochant sur le canapé. Tu es plus chouette que les autres filles que j'ai rencontrées et tu es là pour moi. Tu as toujours été là pour moi. Je... je peux compter sur toi. Et tu peux compter sur moi aussi, tu le sais.

-Je sais que tu as toujours eu un faible pour Conrad, mais c'est fini maintenant, non ?

Il y avait une telle lueur d'espoir dans ses yeux que ça me tuait, ça me tuait de ne pas pouvoir lui donner la réponse qu'il souhaitait.

-Je...je ne suis plus sûre, ai-je chuchoté.

Il a fait claquer sa langue, comme toujours lorsqu'il n'obtenait pas ce qu'il voulait.

-Mais pourquoi? Il ne te voit pas comme ça. Alors que moi, oui.

Je sentais les larmes me monter aux yeux. C'était injuste, ne ne devais pas pleurer. Simplement, il avait raison: Conrad ne me considérait pas comme ça. Si seulement j'avais pu partager les sentiments de Jeremiah...

-Je sais, j'aimerais changer. Mais c'est ce que je ressens. C'est ce que je continue à ressentir.

Il s'est écarté de moi. Il n'arrivait plus à me regarder, ses yeux se posaient partout dans la pièce sauf sur les miens.

-Il ne réussira qu'à te blesser...

Sa voix s'est brisée.

-Je suis désolée, Jeremiah, si tu savais à quel point. Ne m'en veut pas, s'il te plaît, je ne pourrais pas le supporter.

Il a soupiré.

-Je ne t'en veux pas... Mais pourquoi faut-il toujours que ce soit Conrad ?

Il s'est levé et m'a abandonnée sur le canapé.