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"Ses yeux étaient comme ta voix:les clés d'un lieu niché au fond de moi et dont le verrou peut sauter à tout instant."
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Afficher en entier« Si la beauté est vérité et si la vérité est beauté, elles se définissent l'une l'autre. Comment savoir alors ce que l'une et l'autre signifient ? Je pense que chacun s'en fait sa propre définition, en y mettant ce qu'il porte en lui. Spoiler(cliquez pour révéler)Moi, dans l'idée de beauté, je mets la lune au-dessus du réverbère, et je mets le coeur de Sky sous ma main,ses battements de papillon, je mets la voix d'Hannah qui chante, et je mets le bruit de mes pas courant après May sur le sentier qui longe la rivière, à la poursuite du ciel. Et me voici revenue à l'idée de vérité. J'y mets le premier souvenir que disait avoir May, celui de m'avoir tenue dans ses bras à ma naissance, de sa fierté que maman m'ait confiée à elle. Je mets le son de la voix de Sky quand il m'a dit vouloir être écrivain et qu'il ne l'avait encore jamais avoué à personne. Je mets Natalie serrant contre elle Hannah la nuit où nous avons dormi dans la grange. Et encore May qui susurre à mon oreille : " L'univers est plus grand que l'idée que tu peux t'en faire". »
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Afficher en entierJ’ai roulé à temps sur le côté, puis j’ai couru, couru… Et je me suis souvenue du soir où j’étais devenue forte à ce jeu. May avait toujours été la meilleure, la plus téméraire. Carl était presque aussi bon qu’elle, mais pas tout à fait. Et Mark venait juste après. Moi, j’étais bonne dernière. Dès que j’entendais une voiture tourner au coin de la rue, j’avais envie de me sauver. J’essayais de rester une seconde de plus, mais quand je me relevais et que j’enlevais le bandeau, je m’apercevais qu’entre elle et moi il y avait encore tout un tas de maisons et je me sentais bête d’avoir cru qu’elle allait m’écraser. Je savais que Mark ne m’aimerait jamais parce que j’étais une peureuse, et ça sautait aux yeux de tout le monde. J’aurais bien aimé ne pas avoir peur, comme May. Avoir ses joues rouges, son audace, sa beauté dans le crépuscule. Je me disais que si je n’étais pas aussi dégonflée, tout serait différent. Et que Mark m’aimerait autant que je l’aimais.
Et puis, quelque chose a changé. Au moment où May a commencé à m’emmener avec elle au cinéma. On a joué à ce jeu, et mon tour est venu de m’allonger. Un calme inconnu m’a envahie. Comme si rien ne pouvait m’atteindre. Attendre, juste attendre que la voiture arrive. Et quand je l’ai entendue s’engager dans la rue, je n’ai eu peur de rien. Je savais, à l’oreille, exactement où elle se trouvait. Je n’avais pas besoin de mes yeux. Je voyais la rue, la voiture qui progressait. Elle arrivait devant chez les Ferguson. Les Padilla, les Blair, les Wunder… Je savais précisément le chemin qu’elle avait parcouru et ce qui lui restait pour arriver à moi. Elle est passée à hauteur de chez Carl et Mark. J’ai entendu May crier : « Laurel ! Bouge ! » Mais rien ne pressait. J’ai attendu une ultime seconde. Alors j’ai roulé sur le côté et, en détalant, j’ai vu la voiture me frôler dans un souffle. Quand je suis remontée sur le trottoir, May m’a demandé : « Laurel ! Qu’est-ce qui t’a pris ? » Elle avait vraiment l’air d’avoir eu peur. Comme moi j’avais peur pour elle. Je me disais que Mark allait être fier de moi. Qu’on allait se taper dans les mains. Mais il était blanc comme un linge. May m’a prise dans ses bras.
– Ne fais plus jamais ça ! m’a-t-elle ordonné.
– Mais j’ai gagné, non ?
– Oui, t’as gagné… m’a répondu May, le souffle court.
Après ça, je ne pense pas qu’on y ait rejoué. Et après ça, j’ai su que jamais Mark ne m’aimerait. J’avais changé.
J’entendais la voix de Sky me poursuivre comme un écho – Mais putain qu’est-ce que tu fous ?! Je courais tête baissée. Jamais je ne me serais crue capable d’aller aussi vite, je sentais l’air froid me descendre dans les poumons. J’ai dévalé les rues du quartier, traversé les ombres que dessinaient sur le sol les branches crochues, longé des rangées de maisons où il semblait faire bon vivre. Jusqu’à ce que je n’entende plus que mon propre souffle, aussi puissant, m’a-t-il semblé, que celui de l’océan.
Afficher en entier"Les gens peuvent partir, mais ils peuvent aussi revenir."
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Afficher en entierD'un seul coup tous les merles se sont envolés. Comme s'ils avaient répondu à un signal. Envolés vers un signal secret du ciel, avant de devoir revenir et trouver de nouveaux perchoirs.
Je crois être partie avec eux, sans savoir si je redescendrai sur terre un jour.
Afficher en entierOn peut être noble, courageux et beau, et continuer à sombrer.
Afficher en entierC'est du moins ce que je me disais, car je sais qu'on peut avoir du mal à croire que quelqu'un vous aime si on n'ose pas être soi-même ou si on n'est tout à fait pas sûr de soi. Qu'on a du mal à croire que l'autre ne va pas partir.
Afficher en entierJ'espère que l'un de vous m'entend. Car ce monde ressemble à un tunnel de silence.
Afficher en entierUn fantôme, ça ne sait pas ouvrir une enveloppe.
Je t'envoie quand même celle-ci, je conserve ce monde pour toi regarde.
Le courant d'une rivière. Des champs emplis d'or. Des pommes entamées.
Un fantôme, ça ne sait pas ouvrir
Une evneloppe. Un fantôme, ça ne sait pas courir.
La route déroule son infini parcours.
Deux filles font halte près d'un pont, observent.
Douce est la pluie des feuilles mortes.
Passé l'orage, le printemps s'éternise.
Cette enveloppe, je l'ouvre pour toi, regarde.
Une fleur bleue éclose. Un sac en papier, une bougie dedans.
Je laisse le monde m'éclore.
Une feuille tombe.
Une trace de crayon mène à une fille en robe rouge.
Je lis les lettres que tu voulais que je voie.
J'espère que tu ouvriras les enveloppes
Pour que je fasse éclore le monde qui est en moi.
Mes lettres, je les envoie, à toi.
La rivière va à la mer.
La mer, son bruit sans fin.
Nous sommes assez grandes pour l'entendre.
Nous deux.
Afficher en entierCher Jim Morrison,
Tu as dit un jour : "Un ami, c’est celui qui t’accorde la totale liberté d’être toi-même - en particulier de réagir comme bon te semble. Que tu réagisses comme ci ou comme ça, ça lui est égal. C’est ça, le vrai amour : c’est permettre à quelqu’un d’être ce qu’il est vraiment »
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