Je sentis sa présence une seconde avant de voir Jordan rougir en baissant les
yeux sur son assiette, avec une timidité que je ne lui connaissais pas. J’eus à
peine le temps de remarquer que la salle à manger était devenue étonnamment
silencieuse lorsque la chaise à côté de moi se déplaça. Nikolas posa son plateau sur la table.
— Ça ne vous dérange pas si je me joins à vous ? demanda-t-il en s’asseyant
sans nous laisser répondre.
Je me tournai pour le fusiller du regard, et je fus surprise par la proximité de
ses yeux gris.
— Tu… bredouillai-je en m’écartant de lui, provoquant ce léger sourire en
coin que je connaissais si bien. Laisse-moi deviner, personne d’autre ne veut
manger avec toi.
Il sourit lentement et mon ventre se contracta d’une manière inhabituelle.
— Il me semble que tu étais beaucoup plus gentille la dernière fois que nous
avons dîné ensemble.
— Comme si j’avais le choix, répliquai-je en me remémorant ma dernière
soirée à New Hastings. Vous ne me lâchiez pas d’une semelle.
— En fait, je voulais parler du soir de la coupure de courant.
Des images de cette soirée – lui et moi en train de discuter et de manger des
sandwichs à la lueur des bougies, assis devant la cheminée – me revinrent en
mémoire et la salle me parut brusquement trop chaude. Je détournai le regard.
— Les gens changent.
Ce fut tout ce que je parvins à lui dire. Je sentais les yeux de Jordan rivés
sur nous. Elle ne ratait pas une bribe de notre conversation, et je n’avais aucune
envie de me disputer avec Nikolas en public. Je récupérai mon plateau.
— Il paraît que tu rencontres des difficultés à l’entraînement.
Mes mains s’immobilisèrent.
— Je me suis dit que tu aimerais peut-être en parler, ajouta-t-il.
Il me connaissait mieux que quiconque, mais c’était la dernière personne
avec laquelle j’avais envie d’une discussion à cœur ouvert.
— Non merci.
Nikolas ne se laissa pas décontenancer par mon rejet. Il sourit à Jordan.
— Jordan, c’est bien ça ?
Elle hocha la tête sans dire un mot.
— J’ai entendu dire que tu étais redoutable avec une épée.
Je la vis rougir. La future guerrière audacieuse et extravertie venait de se
changer en adolescente aux joues rouges devant son idole qu’elle rencontrait
enfin.
— C’est vrai, intervins-je, tout en me demandant pourquoi j’éprouvais le
besoin de voler à son secours. Si tu l’avais vue hier soir, contre ces démons lamproies. Sans elle, nous aurions sans doute fini en pâtée pour démons. Elle…
Je m’interrompis en sentant la tension qui émanait de Nikolas et je me
rappelai l’état dans lequel il se mettait chaque fois que j’étais en situation de
danger. De toute façon, je n’étais plus sous sa responsabilité, il allait devoir s’y
faire.
Les yeux de Jordan se remplirent d’appréhension devant la raideur de
Nikolas. Manifestement, elle ne l’avait encore jamais vu de mauvaise humeur.
J’avais envie de lui lancer : « Je te l’avais bien dit », mais je me contentai de
décocher à Nikolas un coup de coude dans les côtes, plus fort que nécessaire.
— Arrête de faire cette tête, tu vas faire peur à ma nouvelle amie.
Il me regarda un moment en plissant les paupières, puis son visage se
radoucit et la tension retomba lorsqu’il prit son hamburger entre ses mains.
— Loin de moi cette intention. Au moins, elle ne se défile pas.
J’allais répliquer quand je perçus un léger sourire au coin de ses lèvres et
compris qu’il se payait ma tête. C’était un aspect de sa personnalité qu’il ne
montrait pas souvent – en tout cas, pas à moi – et j’ignorais comment réagir. Il
mordit dans son sandwich, manifestement content de lui.
— Ne fais pas attention à lui, dis-je à Jordan, même si je savais que c’était
peine perdue, car elle considérait Nikolas avec une vénération mêlée de crainte.
Il veut juste me gâcher mon repas avant de disparaître pour une autre mission.
— Tu n’es pas au courant ? demanda-t-il.
Devant son sourire insolent, un mauvais pressentiment me noua l’estomac.
— Tu le saurais peut-être si tu n’avais pas disparu tout l’après-midi.
— Savoir quoi ?
— Je n’irai nulle part pendant au moins plusieurs mois.
— Quoi ? Déjà lassé de la chasse ?
— Non, mais j’ai un autre boulot pour l’instant.

Spoiler(cliquez pour révéler)

Je suis ton nouvel entraîneur.

Je serrai les poings, frustrée. Où était ce pouvoir qui s’était enflammé contre
les autres démons ? Les vampires aussi étaient des démons – ou du moins, ils
avaient un démon logé en eux. Je ne voyais aucune raison de ne pas me servir de
mon pouvoir comme je l’avais fait avec Nikolas. Les démons Vamhir étaient
bien plus proches de la surface que les Mori. Mon pouvoir devrait déjà s’affoler
en présence de ces deux vampires. Peut-être avait-il simplement besoin d’un
petit coup de pouce.
Sans quitter le vampire des yeux, je repoussai mon Mori et dressai un mur
pour le protéger avant de m’ouvrir à mon pouvoir. Sa chaleur réconfortante me
parcourut et je l’invoquai tout en essayant de mobiliser la même énergie que
j’avais utilisée contre Nikolas à l’entraînement, et avant ça contre les autres
démons. Rien. Que se passait-il ?
J’entendis un cri sur ma droite et Brent se retourna pour voir Jordan porter
le coup fatal à son amie. Il ouvrit de grands yeux apeurés en voyant l’autre
vampire s’effondrer. C’était l’intermède dont j’avais besoin. Avec ce qu’il me
restait de force, je me ruai sur son dos et refermai les mains autour de son cou et
de son visage. Il me fallait juste tenir assez longtemps pour permettre à Jordan
d’achever la femme.
Dès que ma peau nue entra en contact avec la sienne, une décharge
électrique me traversa et tous les poils de mon corps se dressèrent. Elle crépita le
long de mes bras et des étincelles fusèrent au bout de mes doigts. Le vampire se
contorsionna puis se raidit brutalement, comme électrocuté, avant de s’affaisser.
Je restai immobile sur son corps, atterrée, les narines assaillies par une
odeur de chair carbonisée. Était-il mort ? J’obtins ma réponse lorsqu’il gémit en
essayant de se redresser, mais il s’effondra à nouveau. J’ignorais ce que je lui
avais infligé, mais s’il était à terre pour le moment, je savais que les vampires
guérissaient vite. Cherchant ma dague du regard, je l’aperçus de l’autre côté du
grenier.
— Tiens.
Jordan me lançait l’un de ses poignards. Sans hésiter, je m’en saisis et enfonçai la lame dans le cœur du vampire. LE VAMPIRE FUT SAISI D’UN spasme violent avant de s’immobiliser.
Pendant plusieurs secondes, je restai assise en silence, les yeux rivés sur la scène
macabre.
— Oh, bon sang !
La voix de Jordan me tira de ma transe et je me rendis compte que j’étais
assise sur un cadavre de vampire. J’en descendis et atterris à quatre pattes, le
souffle court. J’essayais de ne pas vomir.
— Ça va ? demanda-t-elle.
Je hochai lentement la tête. Pour le lui prouver, je me levai en tremblant.
Jordan me fixait du regard.
— Que lui as-tu fait ?
Je jetai un œil sur le cadavre à plat ventre contre le plancher, les brûlures de
son visage dissimulées à notre vue.
— Je…
— Sara ? Jordan ?
En claudiquant, je m’approchai de la fenêtre et aperçus une demi-douzaine
de personnes en contrebas.
— Tristan ?
— Jordan est avec toi ? Est-ce que tout va bien ?
Je regardai derrière moi en direction de Jordan, des trois vampires morts et
de Derek, toujours évanoui.
— Ça va, mais nous aurions besoin d’aide. Nous avons… euh, un petit
problème, et il y a un homme inconscient ici qui devrait consulter un médecin.
— Nous arrivons, répondit-il.
— Mais ne panique pas, d’accord ? dis-je alors qu’il montait déjà l’échelle.
Je reculai et me tournai une fois de plus vers la scène sanglante.
Heureusement que Nikolas n’était pas là pour voir ça !
Super, nous sommes venues à bout de trois vampires, et la première chose à laquelle je pense, c’est lui.

Je crois que je sais qui c'est !
Une sueur froide s'abatit sur Sophie.
-c'est une vraie hypothèse ?insista biana. Parce que le moment est plutôt mal choisi pour plaisanter.
-sans blague... Il suffit de voir la Petite Miss Cœur au bord des lèvres pour s'en compte. Sans parler de son équipe d'armoire à glace. Mais pour répondre à ta question, oui, j'ai ma théorie. Et une plutôt sérieuse figure toi.
Les yeux plissées elle observa la télépathe comme pour la comparer à la personne qu'elle avait en tête, avant de souffler:
- est ce que tu veux l'entendre ?
Sophie se recroquevilla de plus belle. Elle allait le regretter elle le savait.
-qui donc ?
Un large sourire sur les lèvres, Stina fit durer le suspence au point même Wylie finit par gromeller un "laissé tomber".
- LADY CADENCE TALLE !!! proclama telle au bout d'un moment.