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— Charmant ! lui dit Kell. À propos, il va falloir que tu te surveilles, ici. L’anglais n’est pas une langue courante.
— J’avais remarqué. Merci de m’avoir prévenue.
— Je t’ai dit que tout serait différent. Mais tu as raison, j’aurais dû t’en avertir. Ici, l’anglais est la langue de l’élite, et de ceux qui désirent la côtoyer. En la parlant aussi bien, tu te démarques nettement.
— Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Que je me taise ?
— L’idée m’a effleuré… gloussa-t-il tandis qu’elle se renfrognait. Mais comme ça m’étonnerait que tu y parviennes, je te demanderai juste de baisser d’un ton.
Elle résista à la tentation de lui mettre son poing dans la figure et lui sourit à son tour, d’un air mielleux.
— Voilà au moins une question de réglée… dit-il.
Il se remit en marche, suivi de Lila, qui grommela « pilse » en espérant que ce soit une insulte.
Afficher en entierLila se laissa tomber à côté pour ôter ses bottes, usées jusqu’à la corde, et grimaça à la pensée du coût d’une nouvelle paire. Ce n’était pas le genre d’objet qui se dérobait facilement. Soulager un homme de sa montre à gousset était une chose. De ses chaussures, en revanche…
Afficher en entier_ Comment as-tu deviné? Comment as-tu su que ce n'était pas moi?
_ Elle as dit "s'il te plait".
Afficher en entierQue serait devenu Rhy Maresh s'il n'était pas né prince? OÙ serait-il? Mais bien-sûr, il se serait probablement sorti de n'importe quelle situation à grand renfort de charme et de sourires. Il savait y faire, le bougre.
Afficher en entierL’odeur de la magie. Kell ne distinguait jamais les senteurs subtiles du Londres rouge qui imprégnaient ses propres habits, mais dès qu’il changeait de monde, on lui faisait souvent remarquer qu’il émanait de lui une fragrance de fleurs fraîchement coupées. Tulipes, assuraient certains. Lis, chrysanthèmes ou pivoines, insistaient d’autres. Mais pour le roi d’Angleterre, c’étaient des roses, toujours des roses. Kell était content de savoir qu’il s’agissait au moins d’un parfum agréable, même si lui-même ne pouvait pas le sentir. Il parvenait bien sûr à discerner les effluves du Londres gris (des relents de fumée) comme ceux du Londres blanc (une odeur de sang) mais, pour lui, le Londres rouge n’avait pas d’arôme particulier. C’était juste chez lui.
Afficher en entier- C'était mon frère tout craché. Il est têtu comme une mule et n'utilise pas assez sa tête, mais c'est un bon prince. Il possède une qualité rare : l'empathie. Il a pardonné à ses ravisseurs, car il comprenait les raisons de leur acte, s'imaginait leur souffrance. Et puis...Il était persuadé qu'ils ne récidiveraient pas. (Kell baissa les yeux.) Je m'en suis assuré, ajouta-t-il.
Le sens de cette phrase ne laissait pas de place au doute. La jeune fille fronça les sourcils.
- Mais tu as dit...
L'Antari se leva.
- J'ai dit que Rhy leur avait pardonné. Pas moi.
Afficher en entier- A force de chercher les ennuis, tu vas finir par les trouver, disait-il.
- Ce sont les ennuis qui me cherchent, alors autant prendre les devants.
- Tu as donc tellement envie de mourir, Lila ?
- Pas de mourir, non. Juste de vivre.
Afficher en entier- Et alors ? Je vois bien comment les filles, et les garçons, s’extasient sur ton bel œil noir. (Le prince se leva d’un bond.) Bon, tant pis pour la leçon, je ne suis pas d’humeur. Viens, sortons !
- Pourquoi ? Pour que tu puisses utiliser ma magie pour séduire des innocents ?
- Bonne idée, mais non. Nous sommes en mission, vois-tu…
- Ah oui ?
- Mais bien sûr ! Parce que, à part si tu comptes m’épouser toi-même, je dois me trouver une future femme. Et ne te méprends pas, je tiens à dire qu’on formerait un couple superbe, toi et moi.
Afficher en entierLe manteau de Kell était absolument unique en son genre.
Ce vêtement n'avait pas un seul côté (pour le coup, il n'y aurait pas eu de quoi fouetter un chat), ni même deux (ce qui aurait déjà semblait plus surprenant), non.. son pardessus avait tout plusieurs faces - concept, il faut bien l'avouer, complètement invraisemblable.
Afficher en entierCertains pensaient que la magie provenait de l'esprit, d'autres de l'âme, du cœur ou même de la volonté. Mais Kell savait qu'elle naissait du sang des Hommes.
Le sang était l'incarnation, la manifestation de la magie. Voilà où elle s'épanouissait, voilà où, parfois, elle faisait poison. Le jeune homme avait vu ce qui ce passait quand elle livrait bataille contre le corps : elle assombrissait les veines des Hommes qu'elle corrompait. Le sang, autrefois cramoisi, se drapait de ténèbres. Si rouge était la couleur de l'équilibre, de l'harmonie entre pouvoir et humanité, le noir était celle de l’instabilité, du désordre et de la démesure.
Chez Kell, l'Attarie, se mêlaient équilibre et chaos : le sang qui coulait dans ses veines était d'un pourpre chatoyant, débordant de vie, tout comme l'île qui traversait Londres, mais son oeil droit, couleur d'encre, brillait d'un noir de jais.
Il aurait aimé croire qu'il tenait sa puissance de son sang . Mais comment ignorer le stigmate de la magie noir sur son visage ?
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