Star Wars : Force Rebelle, Tome 3 : Renégat

Le faisceau bleu éclairait la nuit, tranchant l’obscurité et diffusant une lueur surnaturelle. Il peignait des cercles de lumière à travers l’air immobile, qui dansaient aux sons du pépiement des chucklucks et du gazouillis des oiseaux bellys. Puis, soudain, le faisceau s’éteignit.

L’obscurité fut totale.

Luke Skywalker se tenait figé dans l’ombre des arbres massassi gigantesques, la main étroitement serrée sur le manche de son sabre laser. Il attendait.

Mais il ne savait pas ce qu’il attendait.

Il y avait des moments où le sabre laser semblait illuminer le monde. Lorsqu’il maniait l’arme Jedi, il se sentait protégé et puissant, comme si sa lueur chaude et bleue allumait quelque chose en lui. Le sabre laser avait appartenu à son père, et c’était le seul véritable lien qu’il avait avec cet homme qui était mort depuis aussi longtemps que Luke se souvienne.

Dans ces moments-là, il avait le sentiment d’être un authentique Jedi. Comme si la Force dont Obi-Wan lui avait parlé l’accompagnait, l’entourait, le pénétrait. Il était envahi d’une certitude qui l’assurait que la Force lui montrerait le chemin. Que le sabre laser était plus qu’une simple connexion avec son père. C’était une connexion avec son destin.

Et puis il y avait les autres moments. Ceux où l’obscurité prenait le dessus sur la lumière.

Luke avait passé les dernières heures au cœur de la jungle à s’entraîner avec son sabre laser et à essayer d’ignorer ce sentiment d’effroi grandissant. Il n’y avait rien à craindre d’une nuit comme celle-ci. L’humidité tropicale de Yavin IV avait fait place à une inhabituelle et douce soirée. Les feuilles des massassi bruissaient dans le vent frais et Luke percevait les cris étouffés d’une partie amicale de zone-ball qui se tenait au loin. Enthousiasmés par la météo, les Rebelles reprenaient vie. Ils se lançaient dans des courses de landspeeders, jouaient au grav-ball et faisaient la fête. Comme si personne ne voyait les nuages sombres à l’horizon, ni ne ressentait l’air mortifère.

Luke était le seul à éprouver cela. Il se demanda s’il n’était pas en train d’imaginer des choses et de chercher des problèmes là où il n’y en avait pas. De ce fait, incapable d’évacuer ses tensions indésirables en s’entraînant au sabre laser, il laissa tomber la gymnastique. Par une nuit comme celle-là, il n’y avait qu’un seul moyen d’échapper à tous ses problèmes, réels ou imaginaires : s’abandonner à la joie simple de la vitesse.

Les motos speeders étaient garées près des quartiers résidentiels. La Princesse Leia Organa lui fit un signe par la fenêtre en le voyant passer, avant de reprendre sa conversation avec Han Solo. Luke ne pouvait pas les entendre à travers le transparacier, mais il devina facilement qu’ils étaient en train de se disputer.

Ils ne faisaient quasiment que ça.