Extraits

Il lança son pouvoir de toutes ses forces. Lorsque sa magie frappa Maître Chem, celle-ci opéra avec une puissance inattendue. En quelques secondes, les os brisés, les chairs déchiquetées furent reformés, les écailles bleues repoussèrent et mieux encore resplendirent.

Et Maître Chem rapetissa.

L’instant d’après, un dragonneau d’un étonnant bleu clair luisant de santé dévisageait, l’air absolument ébahi, le pauvre Sylver qui lui rendait son regard avec le même égarement.

- Sylver ? flûta le très jeune dragon d’un air très mécontent. Mais qu’est-ce que tu as fait encore ?

- Par la hache de ma mère ! s’écria le pauvre dragon blanc. Pourquoi vous êtes tout petit ?

- Mais je n’en sais rien, moi ! s’écria le jeune dragon de sa voix flûtée en agitant ses toutes petites ailes. Regarde-moi ! Je suis un bébé !

Il fixa Sylver de ses yeux jaunes furieux.

- Qu’est-ce que tu as pensé lorsque tu as envoyé le sort ?

- Que je voulais que vous soyez comme neuf.

- Pas uniquement que je sois guéri ?

- Non.

- Ta magie est guidée par ta volonté. Si tu penses que tu veux que je sois « comme neuf », alors la magie obéira, me rendant à l’état où je me trouvais au meilleur de ma forme, c’est-à-dire lorsque j’étais très, très jeune.

- C’est pour ça que vous êtes plus clair ? C’est joli, cette couleur, essaya péniblement Sylver.

Ils se regardèrent.

Le dragon blanc déglutit.

- Euh, je… je peux peut-être vous viei…

- Non ! s’écria Chem. Surtout pas. Ne fais rien du tout.

Soudain, alors qu’ils étaient encore en train d’analyser ce que leur ancien ennemi, ancien allié et apparemment de nouveau ennemi allait faire, l’image d’Archange apparut dans le coin supérieur droit de l’écran.

— Mais que se passe-t-il ? maugréa le roi des démons. Pourquoi les vaisseaux humains de Magister braquent-ils leurs canons sur nous ?

Ah ! Lui avait reconnu les vaisseaux.

— Magister veut que Mourmur fasse fonctionner les armes de ton peuple afin probablement d’asservir le reste de l’univers, répondit Tara d’un ton léger. Tu sais, le truc classique : « Je vais dominer l’univers, mouuuuaaaahhh ! »

Archange la regarda, ses yeux verts légèrement écarquillés.

— « Mouuuaahhhhh ? »

— Oui, c’est le rire cynique et terrible que les méchants ont en magasin. Et qu’ils ressortent pour un oui ou pour un non. « Enfin, j’ai écrasé ce moustique qui me tournait autour, mouuuuaaaahh ! », ou : « Meurs, ennemi ! Mouuuuaaaahh ! » Ils le mettent à toutes les sauces, c’est d’un banal !

Archange avait l’air de se demander si Tara avait totalement perdu l’esprit, mais le masque de Magister vira de nouveau au noir, signe qu’il n’était pas très content.

— Très drôle, fit-il d’une voix glaciale. Transportez Mourmur jusqu’à mes vaisseaux ou je vous réduis en purée d’atomes.

Et le chef des Sangraves ajouta d’une voix sépulcrale :

— Mouuuaaaaaaah !

— Vous êtes vraiment un peuple bizarre, fit remarquer Archange, quelque peu perdu.

- Très bien, fit Fabrice en se détendant, je suis super content que tu aies trouvé une femme aussi charmante que Camille. Vous allez vous marier ?

Le comte, qui était en train d’avaler une gorgée de café pour se donner une contenance, faillit s’étouffer. En riant, Camille lui tapa dans le dos.

- Hou, Auguste, respire ! Tout va bien se passer.

Les regards pétillaient. Ils s’amusaient beaucoup du malaise du pauvre homme. Lequel aurait préféré se retrouver dans un enfer brûlant plutôt que là, à cet instant.

- Nous n’y avons pas encore réfléchi, répondit Camille pour épargner le comte. Auguste et moi, nous ne nous connaissons vraiment que depuis deux ans. Nous avons envie de prendre notre temps. Nous verrons bien. Enfin, si personne ne me balance de nouveau un fichu Mintus, vu que la dernière fois, j’ai oublié Auguste et je l’ai giflé lorsqu’il a débarqué chez moi et m’a embrassée !

Fabrice éclata de rire.

- Nooooon ? Trop drôle, ça a dû être premier chiffre après zéro, surface herbeuse, cinquième note, exclamation de surprise, non avec un a, un-pré-si-oh-nan, impressionnant !

Moineau sourit, tout attendrie.

- Fabrice, c’est génial ! Ça fait une éternité que tu ne faisais plus de charades !

- Je suis heureux. Grâce à toi, j’ai trouvé le bonheur et l’équilibre. Et lorsque je suis heureux, je fais des charades.

Cal grimaça.

- Fabrice ?

- Oui ?

- Je préfère quand tu es malheureux.

Pour l’instant, la planète Terre était sauve. La comète des âmes damnées était en orbite autour du soleil d’AutreMonde et traquait les planètes démons. Mais il savait que ce n’était qu’un répit. Dès qu’elle aurait avalé les démons, elle se tournerait vers AutreMonde. Les AutreMondiens n’allaient pas pouvoir résister très longtemps au pouvoir brûlant de la comète.

Puis elle viendrait ici. Attirée par les humains comme un crok-requin par le sang.

Alors, il allait devoir trouver une solution. Pas question que cette saleté dévore tout sur son passage. Être le maître de l’univers ne servait à quelque chose que si l’univers était habité, sinon, se glorifier tout seul n’avait pas un grand intérêt.

Il avait hésité, parce qu’il n’aimait pas partager ses informations, mais seul un génie pouvait comprendre les étranges machines qu’il avait capturées.

Et ce génie s’appelait Mourmur Duncan.

Magister activa la console de communication. Une voix alerte lui répondit, prête à exécuter ses ordres. Voix qui vacilla lorsque Magister les lui donna.

Magister sourit sous son masque miroitant.

Il venait de lancer quelques invitations.

Les invités n’allaient pas pouvoir refuser. Pas s’ils voulaient rester vivants.

Betty, elle, trouvait les créations du savant absolument fascinantes. Au point qu'elle était entrain de suivre avec lui une formation magico-scientifique. Enfin plutôt scientifique que magique, vu qu'elle était absolument dépourvue du plus petit gramme de magie.

[...]

Ce que Jar trouvait fascinant lui, c'était Betty.

Et il ne comprenait absolument pas pourquoi.