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Je suis un homme calme, posé, qui a toujours condamné la violence. Ce petit bout de femme me fait oublier toutes mes bonnes manières, mes convictions. Surtout depuis notre réveillon de Noël en tête à tête. Je m’efforce de respirer lentement. J’inspire profondément en fermant un instant mes paupières. Lorsque je retrouve un rythme cardiaque un peu plus régulier, je tente de maîtriser mes émotions. J’entends des pas derrière moi, c’est sûrement Sébastien qui attend des explications. Mais à l’instant où je me retourne, je la vois. Audrey. Elle me contemple calmement, droit dans les yeux, comme pour être certaine que je ne vais pas lui faire de mal. Cette image me brise, mais me permet de réaliser que je serais incapable de la blesser. Au contraire, je ne souhaite qu’une chose : la protéger.

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Le grand blond se tourne ensuite vers moi et m’adresse la parole contre son gré : — Ça va être beaucoup de boulot et un rythme difficile à tenir, les prochaines semaines. Inès n’a pas tort, tu devras, tout comme elle, jongler entre ton poste et mes demandes. Le mieux est que, tous les après-midi, tu me réserves un créneau de minimum deux heures. Il faut absolument que tu suives les règles et que tu m’écoutes. Si tu es là pour m’aider, je dois avoir ton entière attention. On commence demain, 13 heures. Ne sois pas en retard. Inès et Gabriel s’échangent, encore une fois, un regard amusé, et je réponds ce qu’il me passe par la tête : — J’essayerai d’être à l’heure, mais je ne te promets rien. Il est vrai que la circulation entre la salle de repos et votre cuisine est parfois difficile après le déjeuner ! Le couple s’esclaffe cette fois-ci, tandis que Max me dévisage, sans aucune réaction. Il met ensuite un terme à notre discussion en me tournant le dos. — Tout est dit. J’ai du boulot. Est-ce que tous les Suédois sont insensibles à l’ironie ou uniquement Maximilian Johan ?

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Nous rentrons à cet instant dans le hall de notre résidence et empruntons, sans même nous concerter, les escaliers. — Reste bien derrière moi, me dit-elle d’un air moqueur. On ne sait jamais si une valise décide de croiser ton chemin. — Très drôle, mais tu ne vas pas t’en sortir comme ça. Alors, Sébastien ? Nous nous arrêtons au premier étage, devant son appartement. Audrey trouve aussitôt les clés dans son sac à main puis ouvre la porte. Lorsqu’elle entre chez elle, son regard s’accroche au mien et je ne veux pas briser ce contact. Audrey est petite, je remarque que sa tête arrive au niveau de mon torse. Ses yeux noisette sont… intrigants. Ses longs cheveux noirs de jais parfaitement lisses. Nous nous contemplons en silence, à la recherche de quelque chose que nous ignorons tous les deux, j’en suis certain. Puis, ma voisine redescend sur terre, alors que je comptais bien demeurer encore un moment sur les nuages, et me répond d’un ton sec : — Tu veux vraiment savoir ? Eh bien, lui, au moins, il est gentil, agréable et ne me parle pas comme à un chien. Bonne nuit, Maximilian Johan. Audrey force un sourire en insistant sur mon prénom, avant de me claquer la porte au nez ! Je reste sans voix, seul sur le palier. Que vient-il de se passer, au juste ?

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Je fixe Maximilian qui enroule son écharpe autour de son cou. Je ne me retiens pas et lui demande : — C’est quoi ton problème ? Il hausse les épaules comme s’il n’avait rien fait de mal. Tout chez lui devrait me braquer : il est hargneux, sans-gêne et insolent. Mais son regard bleu glacier m’intrigue et, malheureusement, ne me laisse pas indifférente.

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— Hey, Max the swedish ! Il cogne son poing contre celui de Gabriel puis salue Inès en lui envoyant un baiser. Le jeune homme blond me regarde à peine en déboutonnant son manteau parsemé de petits flocons de neige et, sans surprise, décide de s’installer à côté de son ami. Juste en face de moi. Je tente d’engager la conversation : — Ça ne fait pas très suédois comme prénom, Max. — C’est tout simplement parce que ce n’est pas mon prénom, grogne-t-il sans prendre la peine de me dévisager. « Max », c’est que pour les intimes. Je m’appelle Maximilian Johan. Je réalise que je viens de mettre les pieds dans le plat et que la courtoisie n’est pas son point fort. — Oh, je vois… Et comment dois-je t’appeler ? — On n’est pas intimes, donc tu as la réponse. — D’accord. À chaque répartie de sa part, un nœud se serre de plus en plus dans ma gorge. Pourquoi est-il si désagréable ? Hargneux ? Est-ce qu’il m’en veut à cause de sa chute dans les escaliers lors de notre première rencontre ? Je croise le regard d’Inès qui fronce les sourcils. Elle s’apprête à intervenir, mais je remarque que Gabriel se retient de rire tout en lui faisant un geste de la main pour qu’elle ne perde pas de temps à réagir. Elle me fixe, déconcertée, et je lui réponds d’un signe de tête indiquant que c’est sans importance. Le serveur arrive au bon moment avec nos quatre Snow Ball.

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J’attrape mes deux bagages et profite du fait qu’un voisin sort pour rentrer dans le hall. Je regarde autour de moi et constate qu’il n’y a pas d’ascenseur. — Allez, tu n’as qu’un étage à monter. J’essaye de me motiver comme je peux. Je prends une valise, laissant l’autre sur le côté, puis grimpe difficilement les marches une à une. Tout à coup, un homme sorti de nulle part dévale l’escalier ! Au téléphone, il ne me voit pas et fonce droit sur moi ! J’ai à peine le temps de m’écarter, mais lorsqu’il me frôle, il trébuche sur mon bagage. Surprise, je lâche la poignée. Ma valise dégringole les marches que j’ai eu tant de mal à gravir. L’homme perd l’équilibre et atterrit sur l’autre restée en bas. — Vous allez bien ? Je redescends, complètement paniquée. L’individu, sonné, marmonne quelque chose dans une langue étrangère, ramasse son téléphone tombé au sol et me jette un rapide coup d’œil. Je suis aussitôt frappée par son regard bleu glacier. Je n’ai jamais vu une telle nuance. — Je suis désolée, je… L’homme en question me tourne le dos et reprend sa conversation incompréhensible pour mes oreilles tout en quittant les lieux. — Eh bien, ça commence mal avec les touristes.

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