Extraits

" Avec lui, c'est comme mordre dans une pastèque après une traversée du désert. C'est comme prendre une grande inspiration après avoir passé des années sous l'eau"

– Je vois. Et est-ce qu’elle disait autre chose ? Tu te souviens ?

Je ricane. Bien sûr que je me souviens. C’est ancré profondément dans ma tête.

– Elle disait « Respire, Kacey. Dix petites inspirations. Saisis-les. Sens-les. Aime-les. »

Il y a un long silence, puis il dit :

– Et à ton avis, qu’est-ce qu’elle voulait dire ?

Je fronce les sourcils, irritée.

– Elle me disait de respirer.

– Hmmm…

Il fait rouler un stylo sur son bureau, comme s’il était perdu dans ses pensées.

– … Et comment dix petites inspirations pourraient-elles aider ? Pourquoi petites ? Pourquoi pas grandes ?

Je frappe mes mains sur son bureau.

– C’est ce que je me suis toujours demandé. Vous comprenez, maintenant ?

Mais il ne comprend pas. Étant donné le petit sourire en coin qui se dessine sur ses lèvres, il semble comprendre autre chose. Quelque chose que je ne saisis pas.

– Tu crois que le fait qu’elles soient petites plutôt que grandes change quelque chose ?

Je grimace. Je n’aime pas ce genre de jeu.

– À votre avis, qu’est-ce qu’elle voulait dire ?

– Et toi, à ton avis, qu’est-ce qu’elle voulait dire ?

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Ses yeux ne me quittent jamais les miens. Pas même une seconde. Si c'était le cas, ils verraient que la serviette est tombée et que je suis complètement nue sous lui. Nue, corps et âme.

-C'est pas pour ça que j'ai sortie de la douche, murmure-t-il.

Je déglutis avec difficulté, cherchant ma voix. celle que je trouve est sèche.

-non, mais au final tu t'en sors pas mal, non?

Sa bouche esquisse ce sourire en coin qui me fait fondre.

Mais son regard froid inspecte mon visage.

-Tu ne trouves pas ça épuisant? Il caresse doucement mon cou avec son pouce.

-Quoi?

De ne laisser personne t'approcher?

-C'est pas le cas, je réponds rapidement, mais ma voix tremblante trahit mes mots alors que les siens que font l'effet d'une douche froide.

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-Ça n’arrivera pas. C’est moi ton responsable légal maintenant, et je me fous de toute leur paperasse juridique. Tu restes avec moi. De toute façon, Tante Darla déteste Miami, tu te souviens ?

Et encore, détester est probablement trop faible. Tante Darla est une chrétienne régénérée qui passe son temps libre à prier et à s’assurer que tous ceux qui l’entourent prient également, ou qu’ils savent qu’ils devraient prier pour éviter l’enfer, la syphilis et les grossesses imprévues. Elle est persuadée que les grandes villes sont le terrain de jeu de tout ce qui va mal dans le monde. Dire qu’elle est fanatique est un euphémisme. Elle ne viendra à Miami que si Jésus lui-même y tient une conférence.

Notre passé ne nous définit pas. Je suis moi, tu es toi, et c'est ça qu'on doit être.

– Tu as à peine touché tes pâtes, remarque Ben.

On est dans un restaurant italien à cinq minutes de chez Penny’s.

– J’ai pas arrêté de les toucher, je marmonne en plantant ma fourchette dans l’assiette. Je les ai tellement touchées que tes pâtes sont jalouses. Je crois que tes fusillis sont sur le point de se rebeller.

" Respire, me disait ma mère. Dix petites inspirations... Saisis-les. Aime-les. "

"-C'est drôle, on m'a aussi prévenue que des êtres bizarres à deux pattes ont tendance à traîner dans ce genre d'endroit. On les appelle des pervers, en général. Certains les fuient comme la peste.

Il doit avoir une belle vue sur mes fesses pendant que je parle, à quatre pattes, penchée en avant dans mon mini-shot. Vas-y espèce de pervers. Profites-en parce que c'est tout ce que t'auras. Et si je sens ne serait-ce qu'un effleurement contre ma peau, je te casse les genoux.

Il me répond par un rire.

-Bien joué. Et si tu te relevais au lieu de rester à genoux?

Les poils de mon cou se hérissent. Il y a quelque chose de très sexuel dans sa voix. J'entends un bruit de métal contre du métal quand il ajoute :

-Ce pervers peut te dépanner de vingt-cinq cents, si tu veux.

-Eh bien, dans ce cas, t'es mon pervers préféré, dis-je en m'appuyant sur le haut de la machine pour me relever et regarder ce connard dans les yeux."

- Regarde-moi, Kacey.

Je lève les yeux. Je lève les yeux et me noie dans ses yeux bleus, remplis de tristesse, de souffrance et de désir.

- Je vais t'aider, Kacey. Je te le promets. Je vais recoller les morceaux, murmure-t-il.

Puis il m'embrasse.

Je suis vaguement consciente d'être appuyée contre le mur, de son boxer tombant au sol, de ses bras musclés qui me soulèvent, de mes jambes qui entourent ses hanches, de le sentir contre moi.

De le sentir en moi.

Que les morceaux commencent à se recoller.

Ouaip. À nous regarder, n’importe qui en possession d’un demi-cerveau peut comprendre qu’on est sœurs. Toutefois, c’est là que s’arrête notre ressemblance. Livie est un ange. Elle pleure dès qu’elle voit un enfant pleurer, elle s’excuse quand quelqu’un lui rentre dedans, elle est bénévole auprès de banques alimentaires et de bibliothèques. Elle cherche systématiquement à justifier les bêtises des gens. Si elle avait son permis, elle pilerait chaque fois qu’elle croiserait un grillon sur la route. Et moi… moi, je ne suis pas Livie. Peut-être étais-je un peu comme elle, avant. Mais… plus maintenant. Si je suis le nuage noir qui apporte la pluie, Livie est le rayon de soleil frayant son chemin pour dissiper l’orage.