Extraits

Ma meilleure amie plisse les paupières, l’air suspicieux. Tout est calme dans l’appartement, mis à part les petits pas de Mistinguette qui vagabonde sur le plancher. À elle aussi, Loan manque. Si elle le détestait au début, elle est désormais complètement sous le charme.

— Vous avez parlé de quoi ?

— De tout et de rien. On a rigolé, on a écouté de la musique, on a grignoté des trucs qui traînaient dans sa boîte à gants… Comme d’hab.

Un grand silence se fait. Puis Zoé finit par soupirer.

— Bon, bah rappelle-le. On ne sait jamais.

J’ai déjà envahi sa boîte vocale une bonne dizaine de fois, allant d’un simple « Coucou Loan, ça fait un bout de temps qu’on s’est pas vus… J’espère que tout va bien. Rappelle-moi, bisous » à un enragé « Tu te fous de ma gueule ou quoi ?! Ça fait plus d’une semaine que j’essaie de t’appeler mais tu ne me réponds pas, tu sais ce que ça fait, Loan ? Ça fait que je m’imagine qu’un type totalement louche au tee-shirt bleu t’a drogué et kidnappé pour te violer dans une cave, car oui ça arrive aussi aux hommes de ton âge, ne te crois pas à l’abri, puis surtout aux gars beaux comme des dieux, alors tu ferais mieux de faire attention ! D’ailleurs, il pourrait aussi avoir un tee-shirt rouge, mais je sais que tu détestes le bleu, alors rien que pour ça j’espère qu’il en porte un bleu et que tu es bien triste de ne pas avoir fait gaffe ! Bon… bah… rappelle-moi, OK ? Bisous »

— D’accord ?

Cela sonne plus comme une question qu’autre chose. Elle se calme aussitôt, croisant les bras sur sa poitrine. Ses yeux ont une lueur de suspicion qui m’empêche de jouer au malin.

— Pourquoi est-ce que tu ne dis rien ? D’habitude, c’est la Quatrième Guerre mondiale, quand on se dispute.

Je plisse le front.

— La Quatrième ?

Elle balaie ma question idiote d’un geste flou de la main, l’air de dire « Mais oui, enfin ! ».

— Oui, la Troisième c’est la mort de Jon Snow, tu le sais bien.

Je hoche la tête. Comment ai-je pu l’oublier ?

— Ah oui, exact. Eh bien non, je n’argumente pas aujourd’hui.

Loan:

-Je sort courir. En pleine nuit. Et tout ce à quoi je peux penser, c'est: putain, depuis quand est-ce que Violette est si canon ? Mais surtout : depuis quand est-ce qu'elle l'est sans que je sois au courant ? Cette fille est dangereuse, me souffle ma conscience. Ho oui tu parles qu'elle l'est ! Elle l'est parce que, sous son évidente maladresse, il suffit qu'elle enfouisse son visage dans mon cou pour m'électriser. Parce que sous ses tenues parfois peuvent se cacher des putains de porte-jarretelles qui me supplient de les arracher.

"...Oh je déteste Loan, je me demande où je vais pouvoir dormir" et là BIM ! je l'héberge et on fait plein de...

- Je t'en prie, tais toi.

- ... Muffins à la myrtille ! termine-t-il en secouant la tête, l'air scandalisé. Bordel, t'es un obsédé, toi."

« Je suis rarement surpris par le comportement des gens. En général, je sais les cerner dès la première rencontre, ou en quelques jours. Ma mère disait souvent que j’étais fort à ce jeu. Je l’ai cru aussi. Jusqu’à ce que je rencontre Violette. Violette… Violette est un ovni. C’est peut-être pour cette raison qu’elle m’a tant intrigué. Parce qu’elle représentait le mystère à l’état pur. »

Extrait de: Morgane Moncomble. « Viens, on s’aime. »

Moi, je te connais. Je te connais peut-être mieux que tu ne te connais toi-même. Et j'accepte tout ce que tu es, sans concession, parce que j'adore le fait que tu ne te réprimes pas à mes côtés, parce que j'adore le fait que tu me jettes tes défauts en pleine face, sans aucune retenue.

Je le prends d’une main et plaque ma chemise à croquis sous mon autre bras. Jason me sourit avec arrogance.

— Rends-moi fier, gamine.

— Arrête ça.

— OK, OK. Bon bah… nique tout le monde, compris ? Au sens métaphorique du terme, je veux dire. Que je n’aie pas acheté du champagne pour rien.

Et c’est ce même homme qui a passé des partiels de sciences politiques ? Seigneur, venez-nous en aide.

— Je ferai de mon mieux, je promets.

Oui, c'est une vraie question. Pourquoi tu veux devenir normale quand tu es unique ? Moi je ne veux pas que tu sois normale, je veux que tu continues d'être toi, Violette ; bizarre, spontanée, drôle et maladroite, du genre à faire des blagues sur les handicapés. C'est tellement pas marrant d'être normal, soupiré-je en secouant la tête. Crois-moi.

- Ca marche; Une dernière blague avant que je parte ? propose Clément.

Je tends l'oreille, l'air de rien. Violette est la reine des blagues.

- D'accord, dit Violette, dont la voix recèle un large sourire. Alors attends...ça y est ! C'est l'histoire de deux prêtres, commence Violette. L'un deux dit à l'autre: " Tu n'aurais pas un peu grossi ?", et l'autre lui répond: " Pas du tout, je rentre encore dans du douze ans" !

Je laisse échapper un rire irrépressible, avant de me reprendre en me raclant la gorge. Violette glousse à sa propre blague, mais je n'entends aucune autre réaction . Je redresse la tête pour constater les faits.

Clément sourit d'un air crispé. Il n'a pas l'air à l'aise, le petit. Quand à Violette, son rire s'estompe peu à peu.

- J'ai mal compris ou c'est vraiment une blague sur la pédophilie ? grimace Clément.

- Oui ! C'est justement ça qui est drôle.

Enfin, je ne me moque pas de ce genre de choses, hein, je ne suis pas un monstre, c'est juste de l'humour noir, tu sais, pour dédramatiser.

" - OK, ça cache quelque chose...Attends. Ne me dis pas que tu es enceinte.

Enceinte ? Faudrait déjà s'entraîner, pour tomber enceinte ! "